Aux entreprises québécoises qui connaissent énormément de succès à l'international, il faut désormais ajouter le nom de Triotech.

La PME fondée à Joliette à la fin des années 90 est maintenant connue par des millions de gens dans une trentaine de pays sur les cinq continents. Et ce ne serait là qu'un début. D'ici cinq ans, les ventes de l'entreprise devraient tripler, si l'on en croit Ernest Yale, président et chef de la direction de cette PME, qui enregistre à peine 1% de son chiffre d'affaires au Canada.

Triotech tire près de 70% de ses revenus, d'environ 12 millions de dollars, de la fabrication et la vente de minisalles de cinéma baptisées XD Theater. Ces salles, de 12 à 40 places, sont munies de sièges qui bougent (vibrations, secousses, etc.) en fonction de ce qui se passe à l'écran. Ce concept est une vraie poule aux oeufs d'or, pour paraphraser Ernest Yale, 39 ans.

«Il faut encore travailler très fort pour convaincre les gens d'acheter notre concept, où le spectateur paie 6$ pour une expérience d'environ quatre minutes. Mais ceux qui font affaires avec nous ne le regrettent pas. Le rendement de l'investissement est très rapide, souvent moins d'un an. Nous avons beaucoup de clients qui ont acheté une deuxième salle», dit M. Yale, surdoué qui fait de la programmation depuis l'âge de 12 ans.

Il existe actuellement près de 75 salles de XD Theater en activité dans le monde, principalement dans les centres commerciaux, les parcs d'attractions, les bateaux de croisière, etc. L'objectif de la PME québécoise est maintenant d'ouvrir le plus de salles possible partout sur la planète, mais dans le cadre de partenariats. «Il y a un potentiel de 1000 salles», croit le président de l'entreprise.

Triotech vient d'ailleurs de signer une entente en ce sens pour exploiter un XD Theater de 40 places (sa plus grande salle à ce jour) dans le plus important centre commercial de Bangkok. Elle souhaite conclure 10 ententes en 2011, puis 20 en 2012, et ainsi de suite. D'ici cinq ans, la PME vise des revenus de 35 millions.

Pour rendre son offre de partenariat plus attrayante, Triotech compte concevoir non plus seulement ses salles de XD Theater, mais aussi les films qu'on y projette. La PME a déjà deux films à son actif, dont Canyon Coaster, un court métrage 3D d'à peine trois minutes qui a été vu à ce jour par des dizaines de millions de personnes.

Triotech vient d'ailleurs d'emménager dans de nouveaux locaux sur le boulevard Pie-IX à Montréal. Une équipe enrichie et dirigée par le Français d'origine Éric Marradi (anciennement directeur artistique chez Gameloft) devra produire trois films par année afin d'étoffer le catalogue de Triotech.

Outre ses studios montréalais, où une salle XD Theater est installée en permanence, la PME de 60 employés compte également de nouvelles installations à Joliette. On y fabrique, en collaboration avec plusieurs sous-traitants québécois, les jeux vidéo pour arcades (la première raison d'être de Triotech, qui ne représente plus que 30% de ses activités) et les composants pour les salles de XD Theater.

La PME vient de mettre au point la XD Darkride, expérience interactive où le spectateur est muni d'un pistolet en plastique afin d'éliminer des méchants. «Mais ça demeure quelque chose de rigolo. Nous nous adressons à tous les âges. Pas question qu'il y ait de la violence dans nos films», tient à souligner Ernest Yale.

N'eût été le flair de M. Yale, Triotech n'existerait probablement plus aujourd'hui. «Avant la récession, on vendait 80% de nos produits aux États-Unis. Depuis, le marché s'est effondré. Heureusement, depuis trois ou quatre ans, on investit 10% de notre chiffre d'affaires pour participer à des foires commerciales. Dubaï, Orlando, Rome et bientôt Singapour. Ça coûte au moins 100 000$ par exposition, mais ça nous a permis de percer de nouveaux marchés», dit-il.

Triotech a énormément changé depuis quelques années. Les frères Lachance, qui ont cofondé la PME avec Ernest Yale, ont vendu leurs parts à l'actuel président. Et en 2007, l'entreprise a racheté les parts du Fonds de la FTQ. «Nous l'avons payé 10 fois ce qu'il avait investi dans notre entreprise. Le Fonds a fait une très bonne affaire», dit Ernest Yale.

Depuis 2009, Jacques Drouin, ancien de la Banque Laurentienne qui habite maintenant à Londres, est coactionnaire de Triotech. Ernest Yale, qui a fait le tour du monde au cours des 12 derniers mois, se félicite de cette nouvelle alliance. «Jacques a sûrement 30 ans de plus que moi, mais c'est quelqu'un de très branché. Surtout, il a une connaissance des marchés internationaux que je n'ai pas», note Ernest Yale.