La chaîne québécoise de restaurants Normandin connaît une croissance ininterrompue depuis 41 ans. Dans son actuel plan quinquennal, le restaurateur - dont les ventes atteignent les 100 millions - misera évidemment sur l'ouverture de nouveaux établissements. Mais il concentrera surtout ses efforts à bonifier son offre dans les succursales déjà existantes. Portrait d'une entreprise intégrée qui tarde à venir s'établir dans l'île de Montréal.

Le Québécois moyen qui est un tant soit peu sorti de la région montréalaise connaît les restaurants Normandin, réputés notamment pour leurs déjeuners et leurs pizzas. La chaîne vient d'ouvrir son 39e restaurant en nom propre à Granby. Elle ouvrira sa 40e salle à manger à Saint-Hyacinthe à l'été 2011.

L'objectif de Normandin, qui se définit comme la plus grande chaîne de restaurants en nom propre au Québec, est d'ouvrir un à deux établissements par année. À cet égard, les gens de Montréal devront prendre leur mal en patience. L'entreprise, déjà présente dans les régions de Québec, du Bas-Saint-Laurent, de la Mauricie, de l'Estrie, du Centre-du-Québec et de la Montérégie, prévoit croître au sud et au nord de Montréal avant de tenter une percée dans l'île.

À court terme, la chaîne de restos misera sur l'amélioration des services dans ses restaurants existants, explique Jean Julien, vice-président ventes et marketing. Normandin investit annuellement de 5 à 8 millions dans sa croissance.

Premier objectif: augmenter les ventes de produits maison Normandin (pâtés à l'oie, sauce à spaghetti, tartinades, etc.) que les clients achètent au restaurant. «Dans certains restaurants, nous avons dû installer de gros congélateurs avec des portes vitrées, tellement la demande est forte», dit M. Julien.

Ces plats maison sont tous préparés à Québec, dans des locaux adjacents au siège social de l'entreprise. Il s'agit de la division Alimaison, sorte de cuisine centrale où sont préparés près de 100 produits allant de la soupe aux sauces, en passant par les plats cuisinés et les pâtes à pizza. Alimaison fournit en mets et en ingrédients de base les 39 succursales de la chaîne.

Parmi les autres projets dans les cartons de Normandin: miser sur le concept des Nbar, ces bars sportifs attenants à ses salles à manger. L'entreprise compte actuellement 11 Nbar qui, avec ses nombreux écrans géants, fait office de Mecque pour les amateurs de sports. D'ici cinq ans, Normandin souhaite doubler le nombre de ses bars sportifs.

Les 8,5 millions de clients que Normandin sert tous les ans ne le savent sûrement pas, mais leur hôte est une entreprise extrêmement bien structurée. Outre la division Alimaison et sa cuisine centrale, Normandin compte trois autres divisions. La division Restogain possède un entrepôt de 21 000 pieds carrés et un parc de camions qui approvisionne tous les restaurants du groupe.

La division Resto construction participe à la construction de chaque nouvelle succursale - avec le concours d'entrepreneurs locaux - et s'occupe ensuite de l'entretien de chaque établissement. La division Unilogik est quant à elle responsable des programmes informatiques. Elle a conçu ses propres infrastructures permettant entre autres une gestion des stocks en temps réel.

Enfin, Normandin compte un établissement hôtelier depuis 1989. Baptisé Hôtel et Suites Normandin, le complexe de 136 chambres est situé sur le boulevard Pierre-Bertrand, à Québec. Depuis 2008, l'endroit a fait l'objet d'un agrandissement et de travaux de rénovation dont la valeur avoisine les 6,7 millions. Il n'est pas exclu, affirme le vice-président ventes et marketing Jean Julien, que l'entreprise se dote d'un deuxième hôtel dans un avenir rapproché.

C'est en 1969 que Normand Brie a ouvert son premier restaurant à Neufchâtel, en banlieue de Québec. Près de 41 ans plus tard, M. Brie, qui demeure à ce jour le principal actionnaire de l'entreprise, compte près de 2500 employés. Il est suivi dans l'actionnariat par Denis Pigeon, président et chef de la direction depuis près de 15 ans. Une vingtaine d'autres cadres et de gestionnaires de l'entreprise se partagent les autres actions.

«Nous ne sommes plus une entreprise familiale à proprement parler, mais nous continuons à la gérer comme si c'était une entreprise familiale. Nous sommes accueillants et authentiques. Notre croissance est soutenue. Le fait d'être intégré nous aide beaucoup», dit M. Julien.

L'un des secrets de Normandin serait d'ailleurs la patience. L'entreprise aurait la possibilité et la structure pour multiplier son nombre de restaurants. «Nous y allons une étape à la fois. Nous voulons garder le contrôle sur le produit. On prend notre temps, si on n'a pas le sentiment de pouvoir garder le contrôle, on va attendre. Et ça nous réussit bien», dit le VP.