Les fidèles de la cathédrale Sacred Heart de Houston, au Texas, ne l'ont peut-être pas remarqué, mais l'orgue que le diocèse vient d'inaugurer est doté d'une technologie de pointe qui pourrait bientôt faire la fortune d'une petite entreprise québécoise. C'est en tout cas le rêve de Pierre Pelletier, fondateur de NovelOrg.

Au début du mois de novembre, l'entrepreneur de Longueuil s'est rendu à Houston pour assister au concert inaugural de l'orgue géant, qui compte pas moins de 5499 tuyaux dont certains mesurent 14 mètres. C'est le constructeur américain Martin Pasi qui a assemblé l'instrument. Mais la mécanique recèle un autre dispositif, beaucoup moins traditionnel, et entièrement fabriqué au Québec.

Pierre Pelletier a mis au point un système d'électroaimants qui permet de reproduire le doigté d'un organiste avec une précision inégalée. Le détail semble trivial pour le commun des mortels, mais pas pour des joueurs de haut niveau.

Un orgue est en effet une machine complexe. Le clavier active des soupapes qui permettent d'alimenter en air les tuyaux qui émettent le son. Un instrument peut compter jusqu'à sept claviers, et une même touche peut activer plusieurs soupapes à la fois.

Les orgues électriques ne rendent pas justice au doigté des bons organistes, parce que les soupapes sont ou bien activées, ou bien désactivées. Les orgues mécaniques traditionnels reproduisent ces subtilités, mais il est beaucoup plus difficile de jouer sur ces instruments, car si l'organiste souhaite activer plusieurs soupapes à la fois, il doit appuyer très fort.

«Les organistes jouent la console électrique, mais ils ragent parce qu'ils aimeraient avoir la subtilité de l'orgue mécanique, explique Pierre Pelletier. Nous, on offre le meilleur des deux mondes.»

Le système de NovelOrg offre un autre avantage: il permet de détacher le clavier du reste de l'instrument. Un organiste peut donc se produire n'importe où sur une scène et un fil transmet ses gestes au coeur de l'instrument.

NovelOrg ne fabrique pas le dispositif elle-même. Elle confie cette tâche à une dizaine de sous-traitants, en majorité établis sur la Rive-Sud.

Ingénieur de carrière, mordu de musique, Pierre Pelletier a marié ses deux passions en 2003. Après avoir pris sa retraite d'Hydro-Québec, il a entrepris d'accorder la techno et l'orgue.

Mais l'union a mis du temps avant de mûrir. L'entreprise vient tout juste d'obtenir un brevet américain pour son système. Et elle n'avait décroché qu'un contrat, à La Pocatière, avant d'obtenir celui de Houston en 2008. Pierre Pelletier refuse de dévoiler la valeur de ces ententes.

Mais l'homme d'affaires dispose maintenant d'une vitrine aux États-Unis, et il tourne les yeux vers l'Europe et l'Asie. Il affirme être en pourparlers avec trois entreprises sur le Vieux Continent.

«Le marché européen est sensible à ce qu'on fait, assure-t-il. Mais il nous faut une vitrine là-bas parce que les gens ne se déplacent pas facilement.»