Moribonde, l'industrie des bâtons de hockey en bois? Depuis l'avènement des bâtons en composite, utilisés dorénavant par tous les joueurs de la Ligue nationale de hockey, il est permis de le croire. André Baillargeon, président de Conimexx, un des derniers fabricants dans le domaine en Amérique du Nord, n'est cependant pas de cet avis.

L'entrepreneur vient d'emménager dans des locaux plus spacieux afin de centraliser sa production (autrefois répartie dans deux immeubles), réduire ses coûts et augmenter sa productivité. Dans la foulée, l'entrepreneur projette de percer de nouveaux marchés grâce à une gamme de produits en bois sur lesquels il planche actuellement, mais dont il préfère taire la nature pour le moment.

Conimexx tire le plus gros de ses revenus à titre de sous-traitant. La PME fabrique des bâtons de hockey en bois, de même que des lames de remplacement (les fameuses «palettes de hockey»). Elle travaille pour le compte de grandes entreprises, dont Sherwood, qui a délaissé la fabrication des bâtons en bois pour se concentrer uniquement sur les matériaux composites.

On trouve les produits de la PME québécoise, vendus notamment sous les marques Sherwood et Easton, partout au Canada de même qu'en Europe.

Les bâtons en matériaux composites offerts dans une grande surface comme Canadian Tire coûtent au minimum 100$, tandis qu'un bâton en bois se détaille environ 30$. Le père de famille qui veut jouer au hockey avec ses enfants dans la cour d'école optera bien souvent pour le bâton en bois, affirme André Baillargeon qui, à sa façon, occupe une niche.

«Ça ne reviendra sans doute jamais aussi fort qu'avant, mais j'ai l'impression que ça va toujours rester, que le bâton en bois a encore un avenir devant lui. Les ligues d'amateurs et les adeptes de hockey de rue sont de très grands consommateurs de nos produits», croit l'entrepreneur. Ironiquement, le chef d'entreprise ne joue pas au hockey.

La production de Conimexx avoisine les 5000 bâtons et les 500 lames de remplacement par semaine. Tout ou presque est fait à la main. Du travail artisanal haut de gamme, fait valoir André Baillargeon. La PME de 18 employés, dont le chiffre d'affaires demeure confidentiel, utilise deux essences de bois: le frêne (pour sa dureté et sa flexibilité) et le tremble (pour sa légèreté).

Conimexx est par ailleurs régulièrement sollicitée pour produire des bâtons de hockey destinés à être autographiés par des légendes. Les Jean Béliveau, Henri Richard et autres Guy Lafleur ont encore récemment apposé leur signature sur des bâtons fabriqués à Victoriaville par André Baillargeon et son équipe. Anecdote: les produits de la PME ont été utilisés dans le film de Charles Binamé sur la vie de Maurice Richard.

Le nom de Victoriaville a longtemps été associé à une marque de bâtons de hockey. Pendant près de 50 ans, l'entreprise Victoriaville a en effet fabriqué des bâtons dans ses usines d'Anjou et de Daveluyville, au Québec, de même qu'à London, en Ontario.

André Baillargeon a travaillé pour Victoriaville de 1994 à 2002, tout d'abord à titre de technicien en informatique. Durant cette période, l'entreprise a changé de main à quatre reprises. Et chaque fois, la nouvelle direction se référait à M. Baillargeon, qui connaissait tous les services. À tel point qu'il a rapidement gravi les échelons. Avant que Victoriaville ne cesse ses activités en 2002, André Baillargeon était responsable des trois usines du groupe.

Fort de son expertise, l'ancien informaticien a donc racheté en 2003 une partie des actifs de Victoriaville pour ensuite reprendre la production dans la ville du même nom. Il est passé de 3 à 18 employés.

Au Québec, il existe un autre fabricant de bâtons de hockey en bois dans la région de Drummondville. Il y en aurait un autre en Ontario. En comptant Conimexx, il ne resterait donc plus que trois fabricants dans le domaine pour l'ensemble du continent nord-américain.

Se faisant le chantre du bâton de hockey en bois, André Baillargeon est, en quelque sorte, le dernier des Mohicans.