L'investissement à long terme permet de prendre des décisions réfléchies, basées sur la qualité des entreprises, plutôt que de se laisser porter par les aléas de l'instable marché financier, apanage des investisseurs à court terme.

Si l'attrait du court terme se comprend par la volonté de faire de l'argent rapidement, avec les risques que cela comporte, le long terme est plutôt basé sur des objectifs que l'investisseur se fixe dans un horizon plus lointain, qui va de cinq ans à dix, vingt ou même trente ans, qu'on pense à la retraite, à une année sabbatique ou encore aux études des enfants.

«La première chose à faire, explique Nathalie Godbout, directrice de gestion de produits pour le Groupe Investors, c'est déterminer ses objectifs: s'acheter une maison dans deux ans ou alors préparer sa retraite dans trente ans? Il faut aussi réfléchir sur les risques qu'on est prêt à prendre, qui vont déterminer les types d'investissements à faire.»

Un choix judicieux

Pour Angela Eaton, chef de l'investissement pour Seamark, une division de Matrix Asset Management située à Halifax et spécialisée dans les placements à long terme, il ne fait pas de doute que les investissements à long terme sont un choix judicieux:

«C'est un état d'esprit qui donne une vue d'ensemble et une discipline qui réduit les risques et garde loin des fluctuations du marché, qui est hors de contrôle et imprévisible, on l'a bien vu dernièrement, dit-elle. À court terme, on s'intéresse au comportement du marché tandis qu'à long terme, l'accent est plutôt mis la qualité des entreprises dans lesquelles on investit.»

De plus, ajoute-t-elle, plusieurs études montrent qu'il est très rare qu'un investissement à court terme profite des plus importantes hausses du marché. «Par exemple, sur une période de 20 ans aux États-Unis, de 1990 à 2010, il a été montré que de manquer les 40 meilleurs jours du marché, soit 1% de la période totale, offre un taux de rendement négatif! lance-t-elle.

«C'est pratiquement impossible d'entrer et de sortir du marché et d'arriver à profiter de ces 40 jours.»

Voilà pourquoi il ne faut pas paniquer lorsque les titres baissent! «Quand le marché ne va pas bien, souvent les gens ont peur, perdent de vue leurs objectifs et sortent du marché. Mais souvent, après une baisse importante, il y a aussi une hausse importante. Pour en profiter, il faut rester dans le marché», explique Mme Godbout.

Qualité et diversification

Cela dit, aucun investissement n'est à l'abri du risque.

Pour sécuriser les placements au maximum, la qualité des entreprises choisies et la diversification du portefeuille sont à prendre en compte.

Dominique Vincent, gestionnaire de portefeuille pour MacDougall, MacDougall&MacTier évoque le secteur d'activité, la qualité de l'équipe de gestion, une bonne santé financière, le leadership dans le secteur, la perspective de croissance et la fiabilité comme critères pour évaluer la qualité d'une entreprise. «L'évolution à la hausse du dividende est un autre élément important, ajoute-t-elle, car il est indicateur de rentabilité.»

La diversification est aussi un élément-clé qui réduit les risques. «C'est important de ne pas tout mettre ses oeufs dans le même panier et d'investir dans différents secteurs de l'économie. Le risque est très élevé lorsqu'on investit dans une seule entreprise, mais diminue considérablement en diversifiant le portefeuille», explique Mme Vincent, qui suggère d'investir dans 12 à 14 titres différents pour annihiler le risque d'une entreprise.

«Mais, conclut Mme Vincent, long terme ne veut pas dire suivre ces titres à tout prix. Il ne faut pas hésiter à vendre ou réduire une position si le titre fait l'objet d'une mauvaise nouvelle ou si le secteur semble temporairement surévalué.»

INVESTISSEMENTS ÉTHIQUES: UN CHOIX QUI SE DÉFEND

Nombreux sont les investisseurs de plus en plus concernés par les questions environnementales et de développement durable. Mais l'idée est encore généralement répandue que ces investissements qu'on dit «éthiques» seraient plus à risque ou moins rentables. Une perception qui est en train de changer, selon Marie-France Turcotte, professeure au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM. «Beaucoup d'études ont été faites sur le sujet et tentent d'établir un lien entre responsabilités sociales d'une entreprise et sa responsabilité financière, dit-elle. Ce qui ressort de toutes ces analyses, au bout du compte, c'est qu'il n'y a pas de risque supplémentaire et, dans certains cas, on note même une meilleure performance de ce type d'entreprise.» Si les institutions et groupes qui offrent aux particuliers des portefeuilles en investissement éthique existent depuis de nombreuses années, l'adoption en 2006 par l'ONU des principes d'investissements socialement responsables est en train de modifier lentement mais sûrement le comportement des investisseurs institutionnels, constate la professeure. «Ces principes ont eu des répercussions sur les réglementations et sur l'acceptation institutionnelle du fait qu'il peut être bon d'appliquer, en plus des critères financiers, des critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance pour choisir ses investissements», dit-elle. Pour des informations complètes sur la situation au Canada, consultez le site de l'Association investissement responsable (www.socialinvestment.ca/francais)