Un an est devenu une éternité.

Comment les marchés se comporteront-ils en 2011? Bien malin qui pourrait le prédire avec assurance.

Se projeter 12 mois dans l'avenir sans risquer le ridicule est un exercice d'une autre époque - une époque où les marchés ont aligné des décennies de tendance haussière.

«Cette façon de voir une année à l'avance est basée sur un modèle qui n'existe plus, fait observer Vincent Delisle, stratège financier chez Scotia Capitaux. Cette année, donne-t-il en exemple, on a changé notre stratégie trois fois.»

Car l'année 2010, contrariante, a connu une déprime au printemps et une renaissance à l'automne.

Les quatre premiers mois ont poursuivi la lancée positive amorcée en 2009. Puis, au printemps, la crainte d'une déflation et la crise de la dette souveraine en Europe ont ébranlé la confiance flageolante des investisseurs.

Enfin, spectaculaire montée de sève boursière à la fin août, alors que l'indice S&P 500 a connu son meilleur mois de septembre depuis la Seconde Guerre mondiale.

«Ça bouge plus vite que la normale, plus vite que ce à quoi tout le monde a été habitué depuis 30 ans, et c'est là le défi, actuellement», indique Vincent Delisle.

Un exemple: le secteur des mines et métaux a grimpé de 20% au premier trimestre, puis a chuté de 30% au second, avant de rebondir de 40% au troisième.

Pierre Lapointe, stratège global-macro chez Brockhouse Cooper, et Vincent Delisle sont d'accord: cette volatilité est installée à demeure. «Si on n'a pas un horizon de placement supérieur à trois ans, il faut rester aux aguets», prévient ce dernier.

Un petit survol

En septembre, les actifs sous gestion ont atteint 630 milliards, en progrès de 35 milliards sur les actifs de 595 milliards affichés au début de l'année.

Depuis janvier, les rachats nets des fonds de marché monétaire ont atteint 13,7 milliards - une saignée.

Cependant, «il y a eu trop d'attention sur les rachats du marché monétaire», a observé à la mi-octobre Jon Cockerline, directeur, Politiques relatives aux courtiers, à l'Institut des fonds d'investissement du Canada.

«Nous avons démontré ce mois-ci que l'argent demeure dans le système (dans des comptes d'épargne à taux supérieurs) et reste souvent à l'intérieur de la même institution», dit-il.

Ce n'est pas le seul phénomène de migration.

«Il y a une dynamique depuis quelques années, qui va en s'accélérant: l'investisseur moyen sort des fonds d'actions et achète des fonds d'obligations», souligne Vincent Delisle.

Les fonds d'actions affichent en effet depuis le début de l'année un rachat net de 6,9 milliards de dollars, au contraire des fonds d'obligations qui montrent un bilan positif de 7 milliards.

Pour 2011...

Sur ce terrain instable, Vincent Delisle se refuse à risquer des prospectives par secteur, pour se prononcer plutôt sur les grands principes.

«Ce qui est important, comme ligne directrice dans l'époque qu'on traverse, c'est d'avoir un peu plus d'encaisse qu'à l'habitude dans les portefeuilles, conseille-t-il. Il faut miser sur des secteurs qui versent des dividendes attrayants et appelés à croître. Ça permet d'ajouter du rendement pendant que le marché reste plus volatil, tout en restant proactif.»

Les fonds obligataires demeureront-ils populaires? Plusieurs banques centrales, notamment la Réserve fédérale américaine, ont indiqué vouloir maintenir leur taux directeur à des niveaux minimaux.

«Selon nous, le potentiel de hausse va demeurer très limité dans ce type de fonds communs, constate Pierre Lapointe. Le gros de l'appréciation est derrière nous. Dans un tel contexte, nous préférons de beaucoup les fonds d'actions.»

Le récent regain d'activités sur les marchés devrait se perpétuer au cours de la prochaine année, croit-il.

Plusieurs marchés sont en phase de reprise, certains sont même en expansion, et «dans un tel contexte, les actions font habituellement très bien».

Autre point positif, les dirigeants d'entreprise recommencent eux aussi à sourire. «Le nombre d'avis de profits plus faibles qu'anticipé est tombé à son plus bas niveau depuis 10 ans», soulève-t-il. Les entreprises qui figurent au S&P 500 conservent 10% de leurs actifs en liquidités, prêtes à investir au moment opportun - ce moment opportun pouvant fort bien se présenter en 2011.