Faut-il que les employeurs engagent des personnes plus âgées, qui ont plus d'expérience?

Oui, répond Julye Vézina, présidente du site internet 45plusjob.com. «Il y a un manque de main-d'oeuvre, la population active n'est pas assez importante pour combler tous les postes, dit-elle. Et souvent, la génération Y ne répond pas toujours aux critères. C'est pourquoi certaines entreprises, dont Rona, embauchent des personnes de plus de 45 ans.»

Jean-François Rougès consultant au Groupe Forest observe aussi une augmentation de l'embauche des baby-boomers en entreprise.

«Les responsables de ressources humaines redécouvrent la pertinence des baby-boomers, constate-t-il. Ce sont des personnes expérimentées, capables d'assumer des responsabilités très vite, plus stables (leurs choix de vie sont déjà faits) et reconnaissante. Elle est très utile pour stabiliser une équipe plus jeune.»

Expérience du marché

Les personnes plus expérimentées sont aussi considérées comme étant plus fiables, en plus d'avoir l'expérience du marché du travail.

«Sans vouloir faire de généralisations, les employeurs ne voient pas les employés issus de la génération Y comme des gens loyaux envers une entreprise ou qui vont y rester pour longtemps, dit Julye Vézina. Ils sont plutôt perçus comme volages, allant d'un job à un autre.»

Selon elle, les employés de plus de 45 ans recherchent la stabilité et la satisfaction au travail, mais pas nécessairement le changement ou la nouveauté. Et ils sont jeunes plus longtemps.

«Avoir 60 ans aujourd'hui, ce n'est plus comme au temps de nos grands-parents, dit-elle. À condition d'avoir un horaire allégé. Il faut que les sociétés s'adaptent elles aussi».

Jean-François Rougès est également d'accord pour dire qu'il faut un allègement des horaires des baby-boomers.

«L'expérience des pays scandinaves qui ont des taux d'emploi de travailleurs âgés parmi les plus élevés, montre qu'une adaptation est nécessaire pour assurer la satisfaction de tous, dit-il. Cela veut dire, plus de temps partiel. Les boomers sont prêts à travailler plus longtemps à condition de ne pas se brûler au travail.»

De plus, ajoute-t-il, ils ont quelques ressources financières, ils sont en santé et ils ont envie d'en profiter.

«Les travailleurs plus âgés sont à la recherche d'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, souligne M. Rougès. Pour une PME, cela peut permettre d'accéder à une ressource d'expérience sans avoir besoin de la payer à temps plein.»

Miser aussi sur les jeunes

Cela dit, les entreprises devront aussi miser de plus en plus sur les jeunes s'ils ne veulent pas être acculés au mur.

«Je pense que les entreprises reprochent surtout aux jeunes leur manque d'expérience, dit Jean-François Rougès. Dans un contexte de compétitivité exacerbée, elles cherchent des personnes immédiatement efficaces.»

En raison de l'évolution démographique, les entreprises n'ont pas le choix de préparer la relève et elles ont intérêt à anticiper. «On ne transmet pas ces connaissances en quelques jours, dit-il. Il faut identifier les postes critiques et accepter d'investir pour assurer la transition. Il faut voir cela comme un investissement et non comme un coût. À moyen terme, ça peut-être une question de survie.»

Mais pour l'instant, la solution idéale n'est-elle pas une cohabitation harmonieuse?

«Les jeunes ont un regard neuf, dit M. Rougès. Ils ne savent pas que certaines choses ne se font pas. Ce sont des dynamiteurs. Les boomers, en revanche, ont une grande expérience, ils savent faire les choses dans les règles de l'art et ils ont une vision souvent plus systémique. Les deux formes de créativité sont très complémentaires.»

Les PME ont donc un beau défi générationnel à relever.

Des emplois sur le web

Les sites web d'emplois ont créé une réelle révolution dans la façon de recruter des candidats et de poser sa candidature. Parmi les innovations, des sites spécialisés voient le jour, afin de cibler une clientèle bien particulière. C'est le cas du site 45plusjobs.com, qui cible la génération des baby-boomers.Mais quel est le but de créer un tel site? Selon la présidente de ce site, Julye Vézina, les gens qui ont plus de 45 ans ont davantage de difficultés à trouver un job.

«Cela leur prend une fois et demie plus de temps pour trouver un emploi, constate-t-elle. On a repris ce site il y a un an parce qu'on considère que les 45 ans et plus sont des laissés pour compte dans le milieu de l'emploi.» Il y a une quinzaine d'employeurs qui affichent des postes sur ce site. Ce sont surtout des emplois qui se situent dans la grande région de Montréal et parfois à Québec.

«On veut couvrir tout le Québec, dit-elle. Nous sommes présentement en projet avec la FADOQ pour étendre notre rayonnement». L'avantage de ce site? «Les employeurs s'attendent à obtenir des candidatures de gens qui ont obtenu leur bac en 1975», dit Julye Vézina.Compte tenu du nombre élevé de chômeurs de la génération Y, à quand un site d'emplois destiné uniquement à cette génération?