Le mot leadership est extrêmement populaire depuis quelques années. C'est pourquoi le nombre d'ateliers, de séminaires et de livres nous promettant une formule gagnante sur les façons de développer son leadership n'ont jamais été aussi nombreux. Question: le leadership s'enseigne-t-il?

«Non, ça ne s'enseigne pas. Le leadership vient de la profondeur d'une personne. C'est un concept qu'on essaie de vendre et c'est très regrettable», lance d'emblée Laurent Lapierre, professeur au service de l'enseignement du management et titulaire de la chaire de leadership Pierre-Péladeau à HEC Montréal, où on offre pourtant des séminaires sur le leadership.

Selon M. Lapierre, trop de gens mélangent leadership et autorité. Bref, ce n'est pas parce qu'on est un patron qu'on est un leader. «Ce n'est pas une habileté, c'est quelque chose qu'on a en soi. Le leader est un rassembleur, quelqu'un qui inspire les autres», dit-il.

Le professeur en management est toutefois conscient que les dirigeants et les gestionnaires sont à la recherche de «recettes». «Il n'y en a pas! Mais on peut développer ses aptitudes en s'intéressant aux autres leaders; pas pour les imiter, mais pour s'en inspirer. Il faut aussi aller vers un mentor, une personne d'expérience qui peut répondre à nos questions, mais qui ne va pas nous dire quoi faire. Un vrai leader est quelqu'un qui se construit lui-même», explique M. Lapierre.

À l'Institut des cadres de l'Université McGill, on ne partage pas nécessairement cette vision. La maison d'enseignement montréalaise offre un programme de cinq jours en anglais sur les façons de devenir un «leader exceptionnel».

Ce tout nouveau programme promet notamment «d'apprendre à motiver les autres», mais aussi «à se surpasser et à développer ses aptitudes organisationnelles et personnelles pour rehausser son profil». Coût du programme: 9750$ par personne.

«On peut devenir un bon leader peu importe notre style de personnalité. Ce qu'on peut enseigner, c'est vous aider à développer vos points forts et surtout d'avoir de la souplesse pour vous adapter selon les situations», explique Eric Saine, directeur développement des affaires à l'Institut des cadres de McGill.

Diane Fellice, conseillère d'orientation spécialisée en psychologie du travail et en gestion de carrière, s'intéresse elle aussi au leadership. Elle préconise une approche mise de l'avant par Manfred F.R. Kets de Vries, professeur à l'INSEAD de Fontainebleau en France.

Cette approche se base sur les archétypes du leadership, c'est-à-dire qu'elle identifie huit types de leaders: le stratège, le catalyseur du changement, le négociateur, l'entrepreneur, l'innovateur, l'organisateur, l'entraîneur et le communicateur. Chaque archétype correspond en gros aux décisions qui doivent être prises dans une entreprise normalement constituée, ce qui en fait une approche intéressante, résume la présidente de Fellice Stratégies Humaines.

«La première erreur que les gens vont faire - surtout les jeunes de la relève -, c'est de croire qu'il n'y a qu'une forme de leadership. Un leader qui est bon dans un contexte peut ne plus l'être dans un autre. À chaque leader son contexte», croit Diane Fellice.