Aux entreprises québécoises de divertissement comme le Cirque du Soleil, les Sept doigts de la main et autres Cirque Éloize, il faut désormais ajouter le nom de Cirque Fantastic. Cette PME, fondée en 1998 par Marie-Josée Lévesque, est plus connue à l'étranger qu'au Québec. Rencontre avec une femme d'affaires qui gère son entreprise, joue encore les acrobates dans chacun de ses spectacles et trouve le temps d'élever ses quatre enfants.

Bien sûr, le chiffre d'affaires de Cirque Fantastic n'a rien à voir avec celui du Cirque du Soleil, lequel avoisine le milliard de dollars. Les revenus de la PME de Marie-Josée Lévesque, qu'elle préfère taire, ont été multipliés par 50 depuis 1998. Bref, la femme d'affaires a le vent dans les voiles.

 

Cirque Fantastic se spécialise dans l'organisation de spectacles événementiels. La PME travaille pour les grandes entreprises, les institutions, voire les gouvernements. Elle est embauchée pour mettre de la magie partout où on la réquisitionne: assemblées annuelles, partys de bureau, inaugurations, fêtes foraines, etc.

À ce jour, Cirque Fantastic a offert des centaines de performances aux quatre coins du monde, principalement en Asie, en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine. Marie-Josée Lévesque et une troupe de 35 artistes reviennent d'une série de spectacles au Mexique où un gouverneur a organisé une «feria» pour la population.

La PME est d'ailleurs de plus en plus connue au Mexique. La présidente de Cirque Fantastic se met à fantasmer de créer un spectacle sur le site archéologique de Chichén Itzá, dans la très touristique péninsule du Yucatán, désormais rebaptisée Riviera Maya.

«Nos spectacles sont très épurés. Nous ne misons pas sur les décors, mais plutôt sur les artistes, sur les performances physiques (...). Ce qui m'allume le plus, c'est d'aller dans des endroits où les gens - riches ou pauvres - voient un spectacle du cirque pour la première fois de leur vie», explique Marie-Josée Lévesque qui, à 38 ans, est sans doute en meilleure forme physique qu'une jeune de 20 ans.

La PME, qui ne travaille qu'avec des contractuels, se targue de posséder une banque de plus de 500 artistes à la pige. Acrobates, danseurs, scénographes, chorégraphes, costumières; Marie-Josée Lévesque ne manque pas de ressources quand vient le temps de monter un spectacle et de l'adapter aux besoins du client.

«C'est à Montréal qu'on retrouve l'un des plus importants bassins d'artistes du cirque au monde. Et j'ai accès à ces gens-là. Il y a des gens de partout sur la planète qui viennent ici avec le rêve de travailler pour le Cirque du Soleil ou bien qui y ont déjà travaillé et qui sont entre deux contrats», affirme Mme Lévesque, unique actionnaire de l'entreprise et entrepreneure polyvalente.

On se demande d'ailleurs où la femme d'affaires puise toute son énergie. Elle porte plusieurs casquettes. Elle se présente comme une «artiste-athlète-entrepreneure». Pour trouver de nouveaux clients, elle participe au moins deux fois par année à des foires commerciales (à New York, Miami, Los Angeles, etc.) où se réunissent les entreprises spécialisées dans l'organisation d'événements.

Elle conçoit de A à Z tous les spectacles que sa PME organise. Et elle se fait un malin plaisir à participer à chacun d'entre eux à titre d'acrobate, que ce soit sur un trapèze ou dans une roue allemande. Elle garde la main grâce à une immense salle d'entraînement qu'elle a aménagée chez elle à Saint-Adolphe-d'Howard.

Anecdote intéressante: cette «maison-cirque» a été conçue par Claude Dupras, le conjoint de Marie-Josée Lévesque. M. Dupras est président de la firme d'ingénieurs Dupras-Ledoux, qui a notamment travaillé sur la construction de l'amphithéâtre de l'hôtel Bellagio pour le Cirque du Soleil à Las Vegas. «Je me suis servi de cette expérience quand nous avons construit notre maison», dit-il.

Marie-Josée Lévesque se présente comme une «enfant» du Cirque du Soleil. Elle a été embauchée par la troupe de Guy Laliberté en 1990 alors qu'elle n'avait que 17 ans. Elle a également travaillé pour le cirque Éloize. En 1998, entre deux contrats et après la naissance de son premier bébé, la jeune femme a décidé de se lancer en affaires.

Douze ans et trois autres bébés plus tard (pour un total de quatre), la présidente de la PME n'a jamais été aussi occupée. Et elle en redemande. En amour avec le peuple sud-américain, elle apprend ces temps-ci la langue espagnole de façon intensive. Cirque Fantastic présente entre 50 et 75 spectacles par année. À court terme, elle vise deux spectacles par semaine, donc une centaine par année.