Yasmée Faucher et Josée Noël étaient des pigistes qui butinaient d'un contrat à l'autre. En 2004, elles ont eu envie de passer à autre chose. C'est pourquoi elles ont fondé Cartgo, une PME spécialisée dans les services muséologiques. Les affaires vont tellement bien que les deux jeunes femmes rayonnent non seulement au Québec, mais aussi à l'étranger. Et elles s'apprêtent à mettre sur pied un service d'entreposage pour les oeuvres d'art.

On dit que l'art est intrinsèquement lié à nos vies. C'est particulièrement le cas pour Yasmée Faucher, 32 ans, et Josée Noël, 40 ans. Ces deux entrepreneures prennent sous leur aile les oeuvres d'art et les pièces qui appartiennent à des musées, mais aussi, de façon plus récurrente, à des collectionneurs privés.

Leur PME s'occupe de toutes les étapes allant de la simple manipulation à la présentation au grand public de peintures, de sculptures et d'autres artefacts relatant notre histoire, mais aussi celle d'autres cultures. Dans le secteur, les mots sécurité, discrétion et, surtout, délicatesse d'exécution sont rois et maîtres.

Autrement dit, Cartgo peut réaliser un rapport de condition d'une pièce, la restaurer, fabriquer la caisse qui servira à son transport ici ou à l'étranger, mais aussi monter ou démonter l'exposition où la pièce sera présentée. L'entreprise peut même planifier des expositions itinérantes.

En six ans d'existence, Cartgo est devenue une référence au Québec, affirment à l'unisson Yasmée Faucher et Josée Noël. Les deux associées ont leurs entrées dans la plupart des musées et des galeries haut de gamme de la Belle Province. Ses clients s'appellent le Musée des beaux-arts de Montréal, le Club de hockey Canadien de Montréal, le Cirque du Soleil, etc.

Et la PME a tellement bonne réputation que son nom circule désormais à l'étranger. «Notre objectif est de créer des liens avec les musées ailleurs dans le monde, ce qui va favoriser les échanges et donc contribuer à amener de nouvelles expositions au Québec», explique Yasmée Faucher.

Active dans plusieurs pays

L'entreprise de cinq employés permanents, qui fait néanmoins appel à plusieurs sous-traitants, a notamment travaillé (surtout en emballage et en transport) avec des clients du Costa Rica, des États-Unis, de Hong Kong, du Mexique, de la Suède, etc. La PME tire 85% de ses revenus au Québec et 15% à l'étranger.

Selon le service demandé, faire affaire avec Cartgo coûte de quelques centaines à quelques dizaines de milliers de dollars. Yasmée Faucher préfère par ailleurs ne pas dévoiler le chiffre d'affaires de la PME à capital fermé dont Josée Noël et elle sont les principales actionnaires. La PME connaît une croissance d'environ 25% par année. Le ralentissement économique n'a pas encore rattrapé les deux femmes d'affaires.

Comme la société québécoise compte de plus en plus de gens fortunés et, par conséquent, de collectionneurs d'art, les fondatrices de Cartgo veulent courtiser cette nouvelle clientèle. C'est pourquoi elles travaillent actuellement à créer un lieu d'entreposage pour les oeuvres.

«Ça existe déjà à Montréal, mais l'espace commence à manquer. Et, par endroits, ça coûte assez cher. Il y a donc là de belles possibilités pour nous. Mais c'est un processus assez long. L'entreposage est quelque chose de très encadré où il y a des normes très strictes à respecter», explique Josée Noël, qui a notamment fait des études en anthropologie et en muséologie.

Les deux femmes d'affaires ont travaillé 10 ans comme pigistes dans l'univers des musées avant d'en venir à la conclusion qu'elles auraient avantage à fonder leur propre entreprise dans ce créneau hyper spécialisé. Ce qui distingue la PME: pouvoir offrir un service clés en main, ce que ses concurrents, surtout spécialisés dans le transport d'oeuvres, ne peuvent fournir.

Contrairement à la plupart des gens d'affaires de leur génération, Yasmée Faucher et Josée Noël ont fait les choses à l'envers. Elles ont fait le saut avant de suivre une formation en entrepreneuriat. Mais elles se sont ultérieurement inscrites à une formation et ont été suivies par un mentor. Résultat: les dirigeantes de Cartgo ont été finalistes dans plusieurs concours en entrepreneuriat.

Et en janvier dernier, sous la houlette de la Société des musées québécois, elles ont présenté leurs services à Paris dans le cadre du Salon des techniques muséographiques.