Di-Ann Provencher n'est pas à la tête d'une multinationale. Elle dirige plutôt une microentreprise spécialisée dans la fabrication de couvre-bottes en néoprène. Mais sa ténacité et sa détermination ont de quoi inspirer plusieurs entrepreneurs québécois.

Mme Provencher est styliste de mode. Son entreprise, Di-Ann Design, confectionne des habits de ski sur mesure valant au minimum 2000$. Mais son produit vedette, ce sont des couvre-bottes pour les chaussures de ski alpin. Agissant comme une couverture, ils permettent de conserver les pieds au chaud.

Les accessoires de la quinquagénaire sont vendus aux quatre coins du Québec dans des boutiques de sport (notamment les Sports Experts) et les stations de ski. Elle compte quelques clients dans l'État du Vermont et réussit même à vendre, bon an mal an, quelques douzaines de paires de ses couvre-bottes dans les Alpes françaises.

Di-Ann Provencher est seule à bord de sa PME. En excluant les quatre ou cinq couturières qu'elle embauche en sous-traitance, c'est elle qui voit à tout: achat des tissus, conception des produits, confection des patrons, découpe, rencontres avec les clients, administration, etc.

Elle est l'exemple parfait de l'entrepreneure qui ne plie pas facilement l'échine devant l'adversité. Et elle sait de quoi elle parle.

Ses couvre-bottes en néoprène ont été copiés, dit-elle. On retrouve un peu partout sur le marché des modèles «Made in China». Et ils sont offerts à un prix moins élevé. Mais au lieu de déposer les armes devant le géant chinois, Di-Ann Provencher a choisi la voie de l'innovation. Et on ne parle pas ici de révolution technologique.

«Les produits chinois sont de simple épaisseur; les miens sont doublés. C'est rudimentaire, mais ça fait en sorte que mon produit est plus chaud, donc plus performant. C'est ma façon à moi d'offrir un produit distinct. Je n'ai augmenté le prix de mes couvre-bottes que de 0,40$. Ma marge bénéficiaire n'est plus la même, mais au moins, je reste dans le coup», dit la femme d'affaires.

Son but ultime est de vendre son produit dans les stations de ski de la planète. Elle est d'ailleurs à la recherche d'un agent de vente, voire d'un représentant à l'étranger.

Di-Ann Provencher fabrique des couvre-bottes depuis 20 ans. À l'origine, c'était pour sa propre utilisation. Mais un nombre grandissant de skieurs qu'elle croisait au bas des pentes lui en ont commandé. La femme d'affaires est sur le point de signer un contrat de vente avec un important propriétaire de stations de ski d'Amérique du Nord. Cela lui permettra de doubler son chiffre d'affaires, qu'elle préfère taire. Elle dit toutefois vendre quelques milliers de paires de couvre-bottes annuellement. Prix de détail: près de 40$.

À la croisée des chemins

Avec ce nouveau contrat en poche, Mme Provencher se retrouvera à la croisée des chemins. Elle ne pourra plus faire affaire avec ses quatre ou cinq couturières en sous-traitance, mais devra donner à contrat sa production à une usine de couture. Elle se doute qu'on risque de lui demander de déménager sa production à l'étranger pour abaisser ses coûts et donc augmenter sa marge de profit et, par conséquent, celle du détaillant. Mais elle refuse de jouer cette carte, arguant qu'il faut encourager les travailleurs d'ici.

Être à la tête d'une micro-entreprise ne comporte pas toujours que des bons côtés. L'avantage c'est qu'on peut habituellement se «retourner sur un 10 cents», comme le veut une expression populaire. Par contre, ne pas disposer d'une équipe permanente et encore moins d'une infrastructure adéquate peut parfois jouer de vilains tours.

N'eût été une erreur de communication, mais surtout de logistique, Di-Ann Provencher aurait pu profiter d'une tribune incroyable pour faire connaître son produit: les Jeux olympiques d'hiver de Vancouver. «On m'a commandé 1000 paires de couvre-bottes, mais la commande est entrée au milieu du mois de décembre. C'était beaucoup trop tard», dit-elle.

Mme Provencher est consciente qu'une occasion en or comme celle-là ne reviendra pas de sitôt. Mais elle saura s'en remettre.