«Oui, j'ai eu des craintes. Quand les médias n'arrêtaient pas de parler de la crise, au printemps, c'était tranquille. Mais aussitôt qu'on a arrêté d'en parler, on s'est remis à vendre des maisons comme les autres années.»

François Bourboin est propriétaire de la PME Les constructions de bois rond La Cime, entreprise de Stoneham qui fabrique des maisons de bois traditionnelles. L'entrepreneur est catégorique: les nuages de la récession sont derrière. Et il voit l'avenir avec confiance.

Il n'est pas seul. En fait, la confiance des PME québécoises n'a jamais été aussi élevée depuis un an, révèle un sondage Léger marketing commandé par le Fonds de solidarité FTQ et dont La Presse Affaires a obtenu les résultats.

Les sondeurs ont pris le pouls de 200 chefs de petites et moyennes entreprises du Québec. Verdict: leur niveau de confiance atteint actuellement à 58%, soit deux points de plus qu'en septembre et neuf de plus qu'en avril.

«Le moment important, dans une récession, c'est quand l'entrepreneur voit la lumière au bout du tunnel. On est rendu là», dit Gaétan Morin, premier vice-président aux investissements du Fonds de solidarité FTQ, qui rappelle que les PME sont le moteur de l'économie québécoise.

Plusieurs indices permettent de dire que l'entrepreneur de PME typique se lève aujourd'hui de meilleurs pieds qu'il y a deux mois. D'abord, une majorité d'entre eux prévoient maintenant embaucher (52%, comparativement à 45% en septembre) et ils sont moins nombreux à songer aux mises à pied (8%, comparativement à 12% en septembre).

Les craintes de trouver du financement s'estompent aussi. Il y a maintenant 29% des entrepreneurs qui estiment que l'accès au capital se détériorera l'année prochaine, comparativement à 38% en septembre.

Quant aux projets d'investissement, ils demeurent stables, 58% des entrepreneurs ayant des choses en tête à ce sujet comparativement à 57% il y a deux mois. Qu'est-ce qui fait grincer des dents nos entrepreneurs par les temps qui courent? En tête de liste arrive la rareté de la main-d'oeuvre spécialisée, suivie de près par la «compétitivité accrue», la perte de clients et ces sacrés comptes clients qui ne rentrent pas. Surprise: la montée du dollar canadien n'arrive qu'au cinquième rang de leurs soucis.

«Notre échantillon comprend toutes sortes d'entreprises, dont plusieurs de services. C'est clair que la préoccupation aurait été plus grande si on avait seulement sondé les manufacturières», explique M. Morin.

M. Morin admet que les récentes difficultés du secteur aéronautique risquent de «créer des défis dans la région de Montréal» pour les PME. «On a tout de même un signal très positif», dit-il, affirmant que de plus en plus d'entreprises dans lesquelles le Fonds a investi planifient actuellement des acquisitions.