Au même titre que les vignobles et les fromageries, le nombre de microbrasseries a explosé au Québec ces dernières années. On en compte près de 80 aux quatre coins de la province. La PME Brasseurs de Montréal, en exploitation depuis un peu plus d'un an, entend faire les choses autrement. L'entreprise croit tellement en sa bonne étoile qu'elle veut exporter ses produits dans le reste du Canada, aux États-Unis et même en Europe. Du coup, elle souhaite devenir la microbrasserie la plus populaire au Québec d'ici cinq ans.

Denise Mérineau et Marc-André Gauvreau, propriétaires de la PME Brasseurs de Montréal et amoureux, dans la vie de tous les jours, affirment miser sur des produits populaires, qui s'apparentent davantage, disent-ils, à ce qu'offrent les grands brasseurs de bières de ce monde.

«Toutes les microbrasseries ou presque visent le marché de la bière forte et amère. Nous voulons faire le pont entre les amateurs de bières commerciales (Budweiser, Molson, etc.) et les bières de microbrasseries», explique Marc-André Gauvreau, vice-président de la PME de 20 employés.

L'entreprise montréalaise, établie dans un vieux garage d'autobus du quartier industriel de Griffintown, embouteille six bières différentes. De la blonde à la brune, en passant par l'ambrée, la rubis et la blanche. Elle produit également des brassins associés à des manifestations spéciales (pour Noël, par exemple).

L'entreprise est également propriétaire d'un resto adjacent à ses installations brassicoles de la rue Ottawa. Et elle a par ailleurs mis sur pied la micro-entreprise Sodas de Montréal, laquelle fabrique un cola, de même que deux boissons gazeuses à base de gingembre et d'orange. Le chiffre d'affaires de la PME est, toutes activités confondues, d'environ 1,5 million de dollars.

Après un an d'existence, la microbrasserie compte déjà quelque 200 clients, dont des dépanneurs, des restaurants, des bars, de même que des supermarchés IGA et Metro. À cela, il faudra ajouter d'ici Noël une trentaine de succursales de Provigo et de Loblaws, avec qui Brasseurs de Montréal vient de signer une entente.

Actuellement, la PME produit à 80% de sa capacité, soit près de 250 000 litres de bière par année. Elle vient d'acquérir de nouvelles cuves, ce qui porte sa capacité à 750 000 litres. Cet ajout permettra à Brasseurs de Montréal de produire, à titre de sous-traitant, une bière pour le compte de l'entreprise MTL Brand Managements. Celle-ci compte prendre d'assaut le marché de l'Alberta.

«Avec l'aide de MTL, nous allons avoir accès au marché de l'Alberta avec nos propres produits», espère Denise Mérineau, 53 ans et présidente de Brasseurs de Montréal. Cette ancienne spécialiste en immobilier a bossé 15 ans chez Desjardins avant de se faire remercier il y a quelques années. Le hasard lui a fait rencontrer Marc-André Gauvreau, un féru de bière qui a travaillé dans la vente de broue (tour à tour pour le compte de Guinness, Boréal et Unibroue) au cours des 25 dernières années.

Brasseurs de Montréal souhaite également marquer un grand coup le printemps prochain. L'entreprise est actuellement en pourparlers avec la SAQ, où elle souhaite y offrir sa Ghost Town, une bière noire (une stout dans le jargon) à l'absinthe. Quant au marché américain, la PME se dit très bien positionnée. «Les installateurs de cuves qui étaient ici la semaine dernière, de vieux routiers de Chicago - l'une des capitales américaines de la bière -, sont tombés en amour avec nos produits. Ils nous ont promis de nous aider quand nous serions prêts à vendre chez eux», s'enthousiasme Marc-André Gauvreau, 48 ans.

Brasseurs de Montréal se félicite par ailleurs de compter parmi son équipe deux joueurs de marque: le Néo-Écossais Jonathan Morse, un maître brasseur diplômé du Royaume-Uni, de même que Thibaut Huchet, un ingénieur brassicole d'origine française qui a été formé en Belgique, l'un des fiefs mondiaux de la bière.

Denise Mérineau et Marc-André Gauvreau semblent avoir la chance de leur côté. En s'installant dans Griffintown, ils auraient pu être expropriés dans la foulée du mégaprojet immobilier du promoteur Devimco. Or, le projet, s'il voit le jour, s'arrête à quelques coins de rues de leur PME. En revanche, un important projet de logements en copropriétés baptisé «Le Nouveau Havre» verra bientôt le jour juste en face de la microbrasserie.