En affaires, l'argent est le nerf de la guerre. Mais dans le contexte actuel, les entreprises éprouvent parfois des difficultés à financer leurs projets. Et les nouveaux entrepreneurs ont souvent du mal à se retrouver dans le dédale des organismes et institutions.

Voici un petit guide pour démêler qui fait quoi.

> Parlez à votre banquier

Les banques sont devenues plus frileuses par rapport au prêt depuis la crise, dit-on. Est-ce vrai? «Les critères de crédit n'ont pas changé, dit Sylvain Corbeil, vice-président, Vente et Service-Entreprises, Montréal et Groupes spécialisés à la Banque Nationale. Par contre, ce qui a changé, c'est la façon dont les banques examinent les dossiers. L'évaluation et l'analyse sont plus poussées et on pose plus de questions.»

Votre banquier veut être certain de comprendre le niveau de risque de votre entreprise, et les demandes d'exceptions pour ceux à qui il manque quelques critères d'admissibilité sont plus souvent refusées, ajoute M. Cormier.

En tant qu'entrepreneur, vous devez donc, plus que jamais, faire vos devoirs avant de présenter une demande de prêt. Soyez prêt à répondre à toutes les questions, comprenez parfaitement vos chiffres, et faites vous-même l'analyse de votre situation avec différents scénarios.

> Frappez à la porte des CLD

Pour se retrouver dans le labyrinthe de l'aide gouvernementale et des fonds d'investissement, les Centres locaux de développement (CLD) sont la première porte où frapper.

«Notre mission de base est de recevoir un promoteur qui a une idée, de comprendre ses besoins et de faire le maximum pour le soutenir et favoriser sa réussite, explique Joffrey Bouchard, directeur général du CLD de la MRC de l'Assomption. On évite à l'entrepreneur de faire du porte à porte en le guidant vers les différents programmes d'aide financière. Il gagne énormément de temps.»

Mais l'aspect financier n'est qu'un élément dans l'intervention d'un CLD. On peut aussi vous aider en ce qui concerne votre plan d'affaires, la productivité, l'embauche, l'exportation et toutes les fonctions de l'entreprise.

> Investissement Québec

Investissement Québec a pour mission de soutenir financièrement les entreprises, qu'elles soient en démarrage ou à d'autres stades de leur croissance. Il peut s'agir de prêts ou de garanties de prêt, d'achat de parts privilégiées, ou d'une contribution non remboursable pour immigrants investisseurs dont le projet d'innovation est recommandé par un intermédiaire financier.

Dans le cadre de ralentissement économique actuel, on a mis sur pied le programme Renfort, qui vise à stabiliser ou à relancer des entreprises performantes éprouvant des difficultés temporaires, sous forme de prêts ou de garanties. Pour être admissibles, elles doivent notamment être en opération depuis au moins trois ans, démontrer que leurs problèmes de liquidités sont temporaires et avoir une structure financière saine. L'argent peut servir à acquérir de l'équipement, améliorer le fonds de roulement ou refinancer des dettes.

> La Banque de développement du Canada

Cette société de la couronne offre aux entreprises des prêts à terme, du financement subordonné et du capital de risque, pour des sommes commençant à 5000$ et pouvant aller jusqu'à 50 millions.

La BDC a également lancé un nouveau produit en juin dernier: la Garantie marge de crédit d'exploitation. Elle permet aux entreprises admissibles d'obtenir jusqu'à 40% d'augmentation sur leur marge de crédit d'opération actuelle, dans le but de résoudre des problèmes de trésorerie temporaires. Par ailleurs, la BDC offre des services de consultation, mais il n'est pas obligatoire d'y avoir recours pour obtenir de l'aide financière.

> Le Fonds de solidarité FTQ

L'an dernier, le Fonds de solidarité FTQ avait mis en place une enveloppe de récession de 40 millions pour permettre aux entreprises de passer la crise.

Cette année, cette enveloppe a été augmentée à 60 millions. Et l'une des caractéristiques intéressantes pour une entreprise, c'est que ces capitaux, sous forme de prêts non garantis ou d'équité, peuvent être qualifiés de «patients». «Le remboursement peut être modulé en fonction du retour sur l'investissement, dit Gaetan Morin, vice-président aux investissements du Fonds. On peut offrir un moratoire sur le remboursement du capital pour donner de l'oxygène aux entreprises et leur éviter de s'endetter trop lourdement.»

Selon la taille de l'entreprise, l'argent provient de différents fonds. Celles qui ont besoin de moins de 100 000$, il faut s'adresser aux fonds SOLIDE, au nombre de 87 au Québec. Les différents fonds régionaux, qui sont 16, vont jusqu'à deux millions. Au-delà de deux millions, c'est le Fonds de solidarité lui-même qui prend les choses en mains.

> Jeunes entrepreneurs

Si vous êtes un jeune entrepreneur (moins de 34 ans), différentes bourses, prêts et subventions sont disponibles pour vous aider à lancer votre PME, indique Marc Therrien, conseiller en gestion au Service d'aide aux jeunes entrepreneurs Montréal Métro.

La Fondation canadienne des jeunes entrepreneurs offre des prêts de 15 000$ à des conditions intéressantes. La première année, vous n'avez pas à rembourser le capital. En fonction d'une entente entre la BDC et cette fondation, la BDC peut également prêter 15 000$ aux entrepreneurs sélectionnés.

Des programmes de bourses pour jeunes promoteurs sont également disponibles dans les CLD, mais à Montréal, c'est le SAJE qui agit comme intermédiaire. Par ailleurs, dans la métropole, la Fondation du maire de Montréal pour la jeunesse offre également des bourses pour jeunes entrepreneurs, pouvant aller jusqu'à 20 000$.

> Filaction et les Fonds d'investissements dédiés

Le Fonds de développement de la CSN, Filaction, a mis sur pied plusieurs Fonds d'investissements dédiés. Par exemple, les Fonds de développement dédiés à l'entrepreneuriat féminin, sous forme de prêts allant de 5000$ à 25 000$. Pour les entrepreneurs québécois d'origine africaine, il y a également le Fonds Afro-Entrepreneurs, qui fonctionne sous forme de prêts et de garanties de prêts aux entreprises de moins de cinq ans. Par ailleurs, il faut noter que Filaction rend disponible du capital de développement dans l'économie sociale auprès des PME.

> La Société générale de financement

La SGF ne s'adresse pas aux petites entreprises, mais aux moyennes et aux grandes sociétés, avec des investissements qui commencent à 15 millions. «Nous prenons aussi des participations dans le capital action des entreprises, dit Christian Lessard, vice-président, communications et marketing, dont le plancher est de cinq à sept millions. Notre rôle en temps de crise est de fournir du capital de croissance pour les entreprises performantes et viables à long terme, qui ont des projets d'acquisition.»

> Le capital de risque

Le capital de risque, ou capital de développement, est complémentaire au financement traditionnel, explique Roger Durand, vice-président investissements, capital de développement chez Desjardins Capital de risque. Par exemple, si vous achetez de l'équipement, votre institution bancaire en financera seulement de 50% à 75%. Vous pouvez faire appel aux institutions fournissant du capital de risque pour la partie manquante. Il peut également être utilisé pour financer l'acquisition ou le transfert d'une entreprise.

Chez Desjardins Capital de risque, on achète des parts minoritaires d'entreprises pour leur permettre de croître ou de développer de nouveaux marchés. On offre aussi du financement sous forme de débentures. L'institution, qui compte environ 300 PME dans son portefeuille, participe à tous les secteurs de l'économie, et vise des entreprises en croissance, déjà rentables, et dont le chiffre d'affaires se situe de deux à cinquante millions.

Pour être admissibles, elles doivent démontrer qu'elles ont une gestion solide et un marché intéressant. Le financement consenti va de 500 000$ à 15 millions.