Les PME n'ont pas toujours les ressources pour explorer elles-mêmes les marchés internationaux et prendre leur place dans la chaîne d'approvisionnement mondiale. Mais elles peuvent compter sur des acteurs de taille pour les aider à grandir: les transnationales.

«S'allier aux sociétés transnationales peut apporter beaucoup d'avantages aux PME, explique Jérôme Nycz, vice-président stratégies et gestion des risques d'entreprise à la BDC. Cela leur permet d'augmenter les ventes, d'avoir des revenus plus élevés, d'accéder à de nouveaux marchés, d'obtenir des économies d'échelle et d'acquérir une meilleure réputation corporative.»

De plus, la stabilité financière obtenue grâce à ces contrats à long terme les encourage à investir pour améliorer la capacité de production et l'efficacité opérationnelle. «Par ailleurs, le fait de se qualifier pour répondre aux exigences d'un grand client, comme Bombardier, apporte une certification, ajoute M. Nycz. Si on se qualifie comme fournisseur pour une grande entreprise, cela permet parfois de se qualifier automatiquement pour d'autres, entraînant la venue de nouveaux clients.»

De leur côté, les transnationales cherchent des solutions en s'appuyant sur la souplesse des PME. Celles-ci leur permettent d'augmenter leur productivité et leur efficacité, de maintenir un inventaire moins important et de réduire leurs coûts d'exploitation. Travailler avec les PME leur assure une plus grande capacité d'innovation et une adaptabilité supérieure aux fluctuations du marché, selon une étude publiée en septembre dernier par le Conference Board du Canada.

On leur délègue souvent la recherche et le développement, en s'appuyant sur leurs idées pour créer de nouveaux produits. En prime, le fait d'avoir recours à des fournisseurs locaux et respectueux de l'environnement aide les grandes entreprises à améliorer leur image dans la collectivité.

L'envers de la médaille

Bien qu'une alliance avec un acteur important apporte beaucoup d'avantages, elle vient aussi avec son lot de difficultés et de défis. «Ce n'est pas toujours facile pour un petit fournisseur de rencontrer les exigences d'un grand donneur d'ordres, dit Suzanne Benoît, directrice générale d'Aéro Montréal, la grappe industrielle de l'aérospatiale. Celui-ci veut réduire ses coûts au minimum, alors il refile certains risques au fournisseur, qui doit assumer les risques technologiques, engager des ingénieurs, faire de la recherche, et assumer les risques financiers qui l'accompagnent.»

D'autres difficultés pour les PME relevées par l'étude du Conference Board sont l'excès de bureaucratie des grandes entreprises, le risque de dépendance envers un petit nombre de grands clients, et les délais de paiement des factures.

Par exemple, si on demande à une PME de mettre au point un prototype, il peut s'écouler plus d'une année complète avant qu'il soit qualifié par l'acheteur... et payé! «Cela affecte le fonds de roulement des PME, qui ont parfois besoin d'obtenir un prêt pour continuer», dit M. Nicz.

Travailler avec une transnationale peut apporter beaucoup de stress financier à une PME, surtout pendant la première année, ajoute M. Nycz. «Il faut avoir les reins solides, car cela entraîne des frais élevés. Par exemple, quand la production augmente et qu'il faut payer des heures supplémentaires», dit-il.

De façon générale, les grandes entreprises recherchent des fournisseurs capables de livrer rapidement, donc étant proches géographiquement. Elles veulent qu'ils répondent aux normes de l'industrie, s'adaptent au volume changeant des commandes, et changent de spécification selon les modèles produits, entre autres.

Un enjeu pour le Québec

Si les défis sont nombreux, une meilleure collaboration entre PME et grandes entreprises constitue un enjeu économique important pour le Québec, selon Mme Benoît. C'est notamment le cas pour l'industrie aéronautique.

Aéro Montréal s'est attelée à la tâche d'aider les sous-traitants à devenir plus compétitifs en leur fournissant des outils pour mieux répondre aux exigences des Bombardier de ce monde, dont un guide des normes et exigences de l'industrie. «Au cours des dernières années, la chaîne d'approvisionnement a changé, et la mondialisation fait en sorte que l'on doit trouver de nouvelles façons de faire, parce qu'on est de plus en plus menacés par les pays en émergences, dit-elle. Si on est capable d'avoir une chaîne d'approvisionnement compétitive ici, elle va l'être sur les marchés internationaux. Les sous-traitants qui auront la capacité de faire affaire avec des clients de classe mondiale vont être capables de vendre aussi à l'étranger.»