Ma petite entreprise ne connaît pas la crise, chantait avec conviction le regretté Alain Bashung.

Il n'avait pas tort.

L'an dernier, elles ont créé 70 000 emplois, soit environ sept nouveaux emplois sur dix au Canada.

Au chapitre de l'emploi, 2008 a toutefois été stérile au Québec et la PME y est peut-être pour quelque chose.

 

«Il existe une très forte corrélation positive entre la croissance démographique et la croissance de la petite entreprise dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) depuis cinq ans», selon une étude spéciale du service de recherches économiques de BMO Marchés des capitaux.

Dans Canada's Small Business Juggernaut (Le pouvoir irrésistible de la petite entreprise canadienne), les auteurs font ressortir que c'est surtout en Colombie-Britannique, en Alberta et en Ontario que se sont multipliées les petites entreprises, entre 2003 et 2008.

Ils reprennent la définition d'Industrie Canada selon qui une entreprise est petite si elle compte de 5 à 100 employés. Les travailleurs autonomes sont donc exclus de l'étude même s'ils représentaient l'an dernier 15% de la population active.

Aucune RMR (50 000 personnes et plus) du Québec ne figure dans le Top 10 de la concentration de petite entreprise. La Colombie-Britannique en quatrième place, avec Kelowna en tête, avec 39,7 petites entreprises par 1000 habitants. Toronto ferme la cohorte au 10e rang avec 30.

Faible croissance

«Les communautés du Québec ont été éjectées du palmarès en raison de la faible croissance de leur population, notent les auteurs. Sherbrooke, Montréal, Trois-Rivières, Québec et Saguenay arrivent respectivement aux 12e, 15e, 16e, 20e et 21e rangs. Le ratio de petite entreprise par 1000 habitants s'élève à 28,5 à Montréal et à 27 à Québec, selon les données fournies à La Presse par Earl Sweet, coauteur de l'étude.

Peu de nouvelles entreprises signifie donc peu de nouveaux emplois, surtout quand l'économie stagne ou recule.

Dans les plus petites agglomérations de recensement (de 10 000 à 50 000 personnes), tout se joue à l'ouest du Manitoba, l'Alberta plaçant six agglomérations dans le palmarès. La palme d'or revient toutefois à Fort St. John, en Colombie-Britannique, avec un ratio de 71,2 par 1000 habitants, la 10e place revenant à Estevan en Saskatchewan avec un ratio de 50,2.

«Rivière-du-Loup a maintenu son ratio de 40,3, mais est passée du septième rang en 2005 au 22e sur 111 en raison de la rapide croissance de la population dans les communautés de Colombie-Britannique et d'Alberta», notent les auteurs.

La croissance démographique canadienne est désormais assurée par l'immigration. Sans leur apport, la population canadienne arriverait tout juste à se maintenir, les naissances égalant le nombre des décès.

Or, les immigrants ont privilégié ces provinces, de même que l'Ontario au cours des récentes années.

Un rôle incontournable

Cela dit, une étude réalisée l'an dernier par Victoria fait ressortir que la petite entreprise représentait en 200 726% du produit intérieur brut canadien. En Colombie-Britannique, c'était 33%, au Québec, 28%. Terre-Neuve-et-Labrador ferme la marche avec 18%.

La place de la petite entreprise reste donc incontournable dans le paysage économique québécois. Comme au cours des débuts de cycles passés, elle saura tirer son épingle du jeu cette fois-ci.

Les survivants de la dernière récession disposent d'un avantage particulier à cause de la stabilité du système financier canadien, notent les auteurs. Plus tôt cette semaine, la Banque de Montréal s'engageait d'ailleurs à prêter un milliard de plus à la PME.

Cette fois-ci, la PME dispose d'un avantage inédit: l'internet. «Au lendemain de la crise globale du crédit, les entreprises apprennent les dangers de compter sur un seul client, écrivent les auteurs. L'internet rend le lancement d'une entreprise beaucoup plus facile grâce au marketing et au commerce en ligne.»