Le Montréalais George Michael s'apprête à vendre des gâteaux aux Européens, reconnus mondialement pour leur savoir-faire pâtissier. Aussi bien dire que le président et fondateur de Sublime Desserts, une PME de l'arrondissement de Saint-Laurent, serait capable de vendre du sable aux Bédouins.

M. Michael est Égyptien d'origine. Il représente la troisième génération de pâtissiers dans sa famille. Il est établi au Québec depuis 20 ans et confectionne des gâteaux surgelés (gâteaux au fromage ou au chocolat, tiramisu, etc.) qu'il vend de 7$ à 25$ aux quatre coins du monde. Évidemment, ce n'est pas demain matin que George Michael envahira les supermarchés et le réseau des HRI (hôteliers, restaurateurs et institutions) de France et de Suisse. Il le fera une bouchée à la fois, comme il l'a toujours fait.

 

Grâce à l'abolition récente de tarifs douaniers dans une poignée de pays du Vieux Continent -principalement sur les produits contenant du sucre et des produits laitiers- l'entrepreneur québécois a déjà commencé à offrir ses desserts en Islande. Le Liechtenstein et deux pays scandinaves sont actuellement dans sa ligne de mire.

«Aussi surprenant que ça puisse paraître, il n'y a pas en Europe de produits comparables aux miens dans les magasins à grande surface», explique George Michael, 57 ans. Outre le marché européen, on se demande d'ailleurs comment l'homme d'affaires québécois s'y prend pour vendre ses gâteaux jusqu'au Japon. «Je fais beaucoup de prospection de marché, j'envoie des échantillons par avion partout dans le monde. Je dois dépenser 250 000$ et je suis en voyage d'affaires 100 jours par année. Un jour, ça va me rapporter», dit-il.

Les quelque 85 gâteaux haut de gamme de la PME de 35 employés sont évidemment à la base du succès de Sublime Desserts, dont les ventes frôlent les cinq millions. Mais la stratégie serait également d'ordre géographique. L'approvisionnement en matières premières et les faibles coûts de production permettent aux entreprises québécoises comme la sienne d'être très concurrentielles à l'échelle internationale, affirme George Michael.

D'ailleurs, malgré les coûts du transport en conteneurs réfrigérés, l'entreprise de Saint-Laurent exporte 70% de sa production à l'extérieur du Québec, dont 28% aux États-Unis. Ailleurs dans le monde, les gâteaux québécois trouvent preneurs notamment en Inde, au Mexique, au Liban et dans les Émirats arabes unis.

Huard, crise financière...

Tout n'est cependant pas rose pour George Michael. L'homme d'affaires a vu ses ventes chuter à partir du moment où le huard a atteint la parité avec le dollar américain l'an passé. Et la crise financière de cette année n'aide en rien. Au début de 2008, la PME comptait 52 employés et produisait 6000 gâteaux par jour; aujourd'hui, 33 employés fabriquent 4000 gâteaux quotidiennement.

Malgré ce ralentissement marqué, George Michael a investi en recherche et développement et vient de créer une nouvelle division: Sublime Gourmet, laquelle offre des petits pains fourrés tantôt au fromage à la crème, tantôt à l'omelette. Encore une fois, il s'agit de produits surgelés facilement exportables, croit l'homme d'affaires, qui parle cinq langues.

De père en fils

George Michael est pour ainsi dire né dans une pâtisserie. Dans les années 30, son grand-père exploitait une impressionnante pâtisserie au Caire. Puis, son père a pris la relève. Ce dernier s'est associé à des pâtissiers d'origine suisse. C'est d'ailleurs avec des Suisses et lors de stages chez les Helvètes que George Michael a fait ses classes.

En venant s'établir en Amérique du Nord pour y lancer sa propre entreprise, l'homme d'affaires voulait s'installer aux États-Unis. Mais lors d'une escale à Montréal, il est tombé amoureux de l'endroit.

D'ici cinq ans, le président de Sublime Desserts veut tripler son chiffre d'affaires et embaucher 50 nouveaux employés. S'il poursuit cet objectif avec la même énergie qu'il met à courtiser de nouveaux marchés, l'avenir de son entreprise s'annonce florissant. D'autant plus que ses deux enfants, fraîchement diplômés de HEC Montréal, s'apprêtent à se joindre à l'entreprise, où ils ont occupé divers emplois d'été.