Une PME montréalaise croît à une vitesse fulgurante à l'ombre de PayPal, le leader mondial des transactions en ligne propriété de eBay.

AlertPay, société dont le siège social -et l'unique bureau- est situé à Montréal, compte 3,1 millions de membres qui virent de l'argent par l'internet. Rien à voir avec les 65 millions de comptes de PayPal, mais l'entreprise montréalaise a vu son chiffre d'affaires passer de 2,3 à 6,6 millions US de 2006 à 2008. Et cette année? Pas moins de 8,4 millions pour les six premiers mois seulement.

Cette réussite québécoise a commencé en 2004 alors que Firoz Patel, jeune entrepreneur montréalais, utilisait PayPal afin de vendre ses logiciels sur l'internet. «PayPal fermait souvent notre compte parce qu'il n'avait pas confiance dans les entreprises de multimédia, se rappelle-t-il. Nous avons perdu trois contrats à cause de PayPal.»

Firoz Patel a décidé qu'il en avait assez. Si PayPal ne voulait pas lui fournir une plateforme de transactions en ligne, il allait s'en créer une. Cinq ans plus tard, il fait maintenant des affaires à l'ombre de PayPal dans 21 devises et 190 pays. Sa stratégie?

Prendre note des lacunes de PayPal. Et en tirer profit. «Nous ne voulons pas nous attaquer à PayPal, nous essayons de faire autre chose», dit Firoz Patel, propriétaire et chef de la direction d'AlertPay, qui compte actuellement une soixantaine d'employés.

Des failles

Parmi les failles trouvées par AlertPay, l'incapacité de PayPal à desservir les PME qui veulent faire une transaction en ligne. «Nous offrons davantage de types de transactions, dit Firoz Patel. Nous avons aussi une plateforme intéressante pour payer des employés ou faire des virements avec une carte de crédit ou une carte de débit.»

Afin que ses clients puissent virer de l'argent à partir d'institutions financières par l'intermédiaire d'un compte AlertPay, la PME québécoise a conclu des ententes avec une soixantaine de banques en Amérique du Nord, en Europe, à Hong Kong, à Singapour, en Malaisie, en Australie et en Afrique du Sud. Cet été, Firoz Patel veut implanter son réseau financier en Angleterre et en Suède. «Les pays nordiques comme la Suède utilisent beaucoup l'internet et font des transactions en ligne», dit l'entrepreneur de 35 ans.

AlertPay a maintenant 3,1 millions de comptes, deux millions de plus qu'en janvier 2008. «Nous avons accueilli beaucoup de nouveaux clients grâce à des changements effectués par PayPal à sa plateforme qui ont fait des mécontents», dit Firoz Patel. PayPal n'a pas voulu répondre aux questions de La Presse Affaires.

La croissance d'AlertPay est loin d'être terminée puisque la PME montréalaise doit gérer l'inscription de 3000 à 5000 nouveaux clients chaque jour. Son plus célèbre client: Microsoft, qui se sert de son compte AlertPay afin d'acquitter les factures de certains de ses projets de moindre envergure. «Nos frais sont beaucoup moins élevés que ceux qu'exige une banque traditionnelle pour une transaction du même genre», dit Firoz Patel. Les frais exigés par AlertPay varient de 2,5% à 6,9% de la valeur de la transaction.

Malgré ses succès, AlertPay (www.alertpay.com) n'a pas l'ambition de supplanter un jour PayPal comme numéro 1 mondial des transactions en ligne. L'an dernier, PayPal, qui estime détenir 9% du marché des transactions en ligne, a généré des revenus de 2,4 milliards US sur des transactions d'une valeur totale de 60 milliards. À titre de comparaison, AlertPay a généré des revenus de 6,6 millions US sur des transactions de 112 millions. «Nous ne voulons pas nous battre contre PayPal», répétera Firoz Patel plusieurs fois au cours de l'entrevue. Heureusement, car la barre serait un peu haute.