Après l'environnement, voilà qu'un nombre grandissant d'entreprises minières, gazières et pétrolières se préoccupent maintenant des impacts sociaux que peuvent avoir leurs projets sur les populations locales. Et cette nouvelle tendance, la PME Boréalis, de Magog, en profite pleinement.

Boréalis, diminutif de Boréal-Informations stratégiques, est une petite boîte de 32 employés qui a des ramifications dans les Amériques, en Europe et principalement en Afrique. Elle travaille avec les Barrick Gold, Rio Tinto Alcan et autres Shell de ce monde. La PME se présente comme un partenaire en matière de gestion et d'intégration d'information géographique pour les entreprises privées et pour les institutions gouvernementales.

 

En d'autres mots, Boréalis collige des données sur le terrain, puis, dans ses bureaux de Magog, crée des logiciels (à l'aide d'outils informatiques déjà existants) qui aideront ses clients à consulter ces données.

Par exemple, avec les outils mis à sa disposition par la PME des Cantons-de-l'Est, une entreprise minière saura exactement combien de personnes devront être indemnisées, combien de maisons devront être déplacées, quels seront les besoins en matière de développement communautaire, etc. Tout ça dans le but d'éviter à la fois les abus et les injustices, que ce soit du côté de l'entreprise minière ou des populations autochtones touchées par le projet minier.

«Les façons de faire ont beaucoup évolué dans les pays où les grandes entreprises font de la prospection. Avant, pour s'installer sur un territoire, il suffisait de demander au gouvernement et on passait le bulldozer sans se poser de question. Ce temps-là est fini. Avec l'internet et la diffusion rapide de l'information à l'échelle planétaire, tout le monde fait attention et prend ses responsabilités», explique Patrick Grégoire, vice-président de Boréalis.

C'est lors d'un stage au Cameroun, alors qu'il travaillait à un projet dans lequel les populations locales étaient respectées, que Patrick Grégoire a flairé la bonne affaire. Avec un collègue du cégep, Jules Paquette, il a fondé Boréalis en 2004. Les deux hommes demeurent aujourd'hui les deux seuls actionnaires de l'entreprise. Leur PME est située dans le centre-ville de Magog, en face de la plage municipale du majestueux lac Memphremagog.

Si les fondateurs de Boréalis ont choisi le secteur de la responsabilité sociale, c'est évidemment parce qu'ils adhèrent à ce type de valeur. D'ailleurs, pas question pour eux de faire croître leur entreprise à tout prix. Patrick Grégoire et Jules Paquette, la mi-trentaine, refusent de travailler avec ceux qui ne respectent pas les nouvelles règles.

Pour les guider dans le choix de leurs clients, les patrons de la PME s'en remettent notamment aux «principes de l'Équateur». Sorte de 10 commandements, les principes de l'Équateur sont un ensemble de lignes directrices et de critères pour la gestion des enjeux environnementaux et sociaux liés au financement de projets. Basés sur des normes reconnues par la Société financière internationale et la Banque mondiale, ces principes s'appliquent à l'échelle planétaire aux projets de tous les secteurs industriels dont les coûts en immobilisations se chiffrent à 50 millions de dollars américains ou plus. Plusieurs banques canadiennes ont adopté les principes de l'Équateur.

Autre facteur qui prouve que le mouvement entourant la responsabilité sociale est bien implanté: la norme ISO 26 000. Cette nouvelle norme, en cours d'élaboration, sera en quelque sorte une nouvelle forme de contrôle social. Elle servira à uniformiser la «responsabilité sociétale» des industries, des gouvernements, des organisations syndicales, etc.

L'actuel ralentissement économique ne semble pas toucher les dirigeants de Boréalis, qui s'attendent à franchir le cap des 50 employés en 2009 et prévoient doubler leur chiffre d'affaires, lequel demeure confidentiel. La PME n'a pas de dette et se félicite de sa frugalité. «Il n'y a pas eu de start up avec du gros financement. Notre croissance se fait tranquillement. Notre approche est prudente», explique Jules Paquette.

Boréalis continue d'investir 25% de ses revenus dans l'entreprise. Ses dirigeants voyagent à l'étranger près de 100 jours par année. Patrick Grégoire et Jules Paquette aimeraient diversifier leurs activités; ils s'intéressent grandement à l'empreinte carbone (carbon footprint). Voyons où cela les mènera...

 

Conseil PME de la semaine

«Dans le contexte économique actuel, prenez une pause et un certain recul. Entourez-vous de bons conseillers, réalisez une réflexion stratégique, ajustez votre plan d'action, mettez de l'ordre dans l'entreprise et soyez prêts à rebondir et à saisir les occasions.»

- Me Patrice Vachon, avocat d'affaires, associé Fasken Martineau, expert en transfert, relève, financement et mise en valeur d'entreprises.