Ceux qui se demandaient où étaient passés Alexandre Taillefer et Éric Boyko, vedettes du boom techno des années 90, ont leur réponse.

Les deux jeunes cracks et leurs associés, Télésystème et Novacap, viennent d'acheter des éléments d'actifs du service audio payant Max Trax, qui appartenait à Corus.

 

«On a acquis des actifs de ce réseau de musique numérique continue diffusant dans l'Ouest du pays pour 16 millions», souligne Éric Boyko, président du Groupe Digital Stingray.

Le jeune homme de 38 ans a fait fortune en créant, avec un partenaire, un site internet de collecte de fonds, eFundraising.com, alors qu'il était encore étudiant en commerce à l'université McGill.

Pour sa part, Alexandre Taillefer, 36 ans, a fait sa marque dans l'industrie des technologies de l'information, du jeu vidéo et du multimédia.

Il a fondé Intellia (devenue Nurun), un développeur de sites internet, et Hexacto, spécialisée dans les jeux mobiles. Il a revendu ces deux sociétés.

Mécène et grand collectionneur d'art contemporain québécois, M. Taillefer est aussi président du conseil d'administration de l'Opéra de Montréal.

Un grand groupe

Ensemble, les deux cofondateurs de Stingray, établi à Montréal mais positionné à l'international, veulent en faire un grand groupe en médias numériques.

Lancée il y a deux ans, la société a déjà des revenus d'environ 30 millions. D'ici cinq ans, les deux entrepreneurs visent des revenus de 100 millions.

Pour y arriver, Stingray est devenue, il y a un an, l'agent exclusif, avec options d'achat, de Galaxie, un important réseau de musique numérique continue appartenant à CBC/Radio-Canada.

Ce service, très populaire au pays, est inclus dans le forfait de base de la plupart des distributeurs de télévision numérique par câble, par satellite et par protocole internet.

Au Québec, il est notamment offert sur Illico numérique de Vidéotron. On y trouve 45 chaînes spécialisées dans la musique classique, le jazz, le pop, le country, les airs rétro, etc.

«Nous travaillons au développement et à la commercialisation de Galaxie au Canada et à l'international, conjointement avec CBC», précise M. Taillefer.

Les dirigeants ont l'intention d'investir pour faire évoluer ce réseau sur différentes plateformes, y compris les portables et l'internet.

Ils veulent aussi conclure des ententes avec différents câblodistributeurs internationaux afin d'y proposer leurs services de musique numérique continue et de karaoké.

«Nous voulons exporter le service de musique numérique aux États-Unis, en Europe et dans les Caraïbes», ajoute Éric Boyko.

Récemment, Stingray a signé une entente avec le câblodistributeur One Link, qui possède 80 000 abonnés à Porto Rico.

Elle est en discussion avec un câblo qui a 800 000 abonnés à Trinidad, à Sainte-Lucie, en Jamaïque et aux Bahamas.

La société est aussi en négociations avec la Turquie, le Portugal, la Pologne et l'Allemagne.

Spécialiste du karaoké

Stingray a lancé ses activités il y a deux ans en achetant Soundchoice, de Charlotte, en Louisiane.

Ce faisant, la firme montréalaise a mis la main sur The Karaoke Channel et sur un catalogue de 16 000 titres.

Aujourd'hui, le groupe possède un catalogue d'environ 20 000 chansons, dont 300 québécoises, 800 françaises et 1000 espagnoles.

Stingray souhaite faire d'autres achats en Allemagne, en Suède et aux Pays-Bas. « Nous voulons créer un catalogue international pour le karaoké «, explique Alexandre Taillefer.

Le marché de la musique est en profonde mutation et Stingray veut en profiter.

Lentement mais sûrement, le contenu musical se tourne vers le numérique.

« Pour les anciens acteurs, c'est une mauvaise nouvelle, constate Éric Boyko. Mais c'est quand il y a des bouleversements qu'il y a de l'argent à faire. Ça amène de nouvelles idées, de nouveaux concepts et de nouveaux joueurs. «

Pour aller de l'avant, les quatre associés, dont Télésystème et Novacap, et des institutions financières ont avancé 80 millions depuis la fin de 2007.

Dans ces conditions, l'histoire de Stingray est loin d'être terminée.

 

L'ENTREPRISE

Stingray est une société privée montréalaise. Elle se spécialise dans le contenu musical numérique, notamment sur la télé et sur l'internet (Karaoke Channel, qui a 35 millions d'abonnés).

Elle emploie 65 personnes. Ses actionnaires sont Alexandre Taillefer, Eric Boyko, Télésystème

et Novacap.

 

DÉFI

Grandir à l'international, tant dans les services de musique numérique à la télé que pour ses produits

karaoké.

 

STRATÉGIES

Faire des acquisitions ciblées, investir en R&D et créer de nouveaux concept.