Les PME manufacturières sont peut-être de moins en moins nombreuses au Québec, mais celles qui restent ont la couenne dure.

Les PME manufacturières sont peut-être de moins en moins nombreuses au Québec, mais celles qui restent ont la couenne dure.

Prenez par exemple Jacques Mombleau, président et chef de la direction de Spectra Premium, un fabricant de pièces d'automobiles. Il compte parmi ses clients les trois géants américains de l'industrie, Ford, Chrysler et GM, qui sont fort mal en point, et il dort quand même la nuit. «Le marché est peut-être difficile, mais on a une technologie qui nous permet de nous démarquer», assure-t-il, très calme dans la tempête.

Spectra Premium a 1200 employés et des revenus annuels de 250 millions, dont 70% viennent des États-Unis. En 2007, l'entreprise a survécu à une hausse rapide du dollar et des prix des matières premières. Actuellement, au moins, «le dollar est de notre bord», apprécie-t-il.

Parlons-en, du dollar canadien. Pendant notre entrevue avec Jacques Côté, président du Groupe Solmax, le dollar a gagné trois cents. Comment ce fabricant de géomembranes qui vend ses produits dans 55 pays peut-il faire sa planification correctement avec une monnaie aussi volatile? «On est exposés au dollar américain, à l'euro, à la livre anglaise, explique-t-il. Le taux de change, c'est quelque chose que je ne peux pas prévoir et je ne suis pas un gambler.»

Solmax utilise donc le hedging pour se protéger des risques de change. «On a une stratégie (de hedging) qu'on raffine d'année en année», dit-il.

Jacques Côté dirige une entreprise de 160 employés, dont le chiffre d'affaires est de 90 millions. Environ 30% de ces revenus proviennent de l'industrie minière, un secteur gravement atteint par le ralentissement actuel. Le président reste tout de même résolument optimiste. «Le marché est bon dans nos autres secteurs d'activités, l'environnement, le génie civil et les infrastructures», dit-il.

Boa Franc, à Saint-Georges de Beauce, exporte 50% de ses lattes pour plancher aux États-Unis. Cette année, à cause de l'effondrement du marché immobilier américain, il n'y aura pas de croissance des ventes. «C'est la première fois que ça arrive depuis 25 ans», dit son président, Pierre Thabet.

L'entreprise a 375 employés et un chiffre d'affaires de 100 millions. La hausse du dollar lui a nui, mais elle recourt aussi au hedging, une police d'assurance qui l'a bien servie, selon son président.

Pour compenser la faiblesse du marché américain, Boa Franc Mirage vend davantage sur le marché canadien, qui n'est pas encore affecté par le ralentissement, et un peu aussi en Europe. Son président prévoit que 2009 sera encore difficile, mais il n'a aucun doute sur l'avenir à long terme de son entreprise.

Pierre Thabet en a vu d'autres. En 1984, un incendie a complètement ravagé l'entreprise. Le 11 septembre 2001, il commençait la construction d'une nouvelle usine. «On sera encore là dans 25 ans», assure-t-il.

Bombardés d'information et de prévisions de toutes sortes, les dirigeants d'entreprise sont de plus en plus obligés de confronter leurs opinions avec leurs gestionnaires ou les autres membres de la direction.

«Les one man shows, il y en a de moins en moins», dit Jacques Mombleau, de Spectra Premium.

Pierre Thabet, pour sa part, réunit toutes les semaines les sept membres de la direction de son entreprise. Et il lit beaucoup. «Je lis ce que tout le monde prévoit et je fais la moyenne», dit-il.