(Montréal) Le chef conservateur Pierre Poilievre n’a pas caché sa joie alors qu’il partageait une capture d’écran sur Twitter montrant que le compte officiel de la CBC est désormais identifié comme un média « financé par le gouvernement ».

« Maintenant, les gens savent que c’est de la propagande de Trudeau, pas des nouvelles », a écrit dimanche M. Poilievre sur le réseau social.

Le compte du service français du diffuseur public, Radio-Canada, ne semble pas touché par cette identification pour l’instant.

M. Poilievre avait demandé à Twitter la semaine dernière d’étiqueter les comptes de la CBC avec la mention « financé par le gouvernement ». Il a fait cette requête dans une lettre adressée aux dirigeants de la plateforme de médias sociaux, à San Francisco, et il l’a partagée dans un gazouillis.

Il indiquait dans ce message que « nous devons protéger les Canadiens contre la désinformation et la manipulation de média d’État ».

Dimanche soir, M. Poilievre a partagé sur son compte Twitter une pétition qui a été approuvée par le Parti conservateur du Canada. Elle demande au gouvernement libéral de définancer la CBC, affirmant que cela ferait économiser 1 milliard de dollars aux contribuables.

La pétition mentionne que la CBC « mine le secteur privé et les médias indépendants et se dispute l’espace publicitaire tout en recevant plus d’un milliard de dollars en subventions directes des contribuables ». Le document allègue que la CBC fournit « surtout des opinions » et qu’elle offre une couverture médiatique qui serait déjà disponible dans un marché « libre et concurrentiel ».

Twitter définit les médias « financés par le gouvernement » comme des organes de presse qui pourraient être l’objet d’une ingérence du gouvernement dans le contenu éditorial, à un degré ou un autre. Le diffuseur public a réitéré que cela n’est « clairement pas le cas pour CBC/Radio-Canada ».

Il soulignait la semaine dernière que tous les Canadiens savent pertinemment que CBC/Radio-Canada est financé par les contribuables et il assure que son indépendance éditoriale est garantie par la Loi sur la radiodiffusion.

Le média a fait valoir dans un gazouillis dimanche soir que « CBC/Radio-Canada est financée par des fonds publics au moyen d’un crédit parlementaire voté par tous les députés ».

« De plus, notre journalisme est indépendant et soumis à nos Normes et pratiques journalistiques, ainsi qu’à un processus de plainte indépendant par l’intermédiaire des ombudsmans de Radio-Canada et de la CBC », a-t-il déclaré.

Pierre Poilievre contredit le média canadien. Il a écrit sur Twitter le 13 avril : « L’indépendance éditoriale de la CBC est un mensonge. »

En 2021-2022, CBC/Radio-Canada a reçu 1,2 milliard du gouvernement fédéral, contre 1,4 milliard l’exercice précédent. Le diffuseur public tire également des revenus de la publicité et des abonnements.

La Presse Canadienne a envoyé un courriel à Twitter pour demander une explication sur l’ajout de l’étiquette, et l’entreprise a répondu avec un émoji de caca.

Le directeur des relations avec les médias chez CBC/Radio-Canada, Leon Mar, a dit qu’il n’y avait eu aucune discussion entre Twitter et CBC/Radio-Canada

Twitter a déjà apposé l’étiquette controversée sur les comptes de la BBC, le diffuseur public britannique, et ceux de la National Public Radio, la radio publique américaine. Celle-ci a d’ailleurs dénoncé cette mesure comme une atteinte à son intégrité en matière d’indépendance éditoriale et a décidé de ne plus être active sur le réseau social.

Twitter avait utilisé pour ces médias l’identification « affilié à l’État », un terme généralement attribué aux médias d’État qui relaient la propagande d’un régime autoritaire – comme la Russie et la Chine.

Le géant des médias sociaux a changé une nouvelle fois l’étiquette en optant pour le terme « média financé par le public ».