(New York) Il n’y a pas eu de vague républicaine aux élections américaines de mi-mandat et c’est la faute de Donald Trump, ont étrillé les titres du puissant groupe de médias conservateurs de la famille Murdoch, un nouvel épisode d’une relation faite de hauts et de bas.

« Trump est le plus grand perdant du parti républicain », a titré jeudi dans les colonnes du Wall Street Journal le comité éditorial du quotidien économique appartenant à News Corp, le groupe du magnat des médias australo-américain Rupert Murdoch, 91 ans.

Le contenu n’est pas plus flatteur : « Depuis sa victoire inattendue en 2016 contre la très impopulaire Hillary Clinton, M. Trump a un bilan parfait de défaites électorales ».

« Il a entraîné les républicains de fiasco en fiasco », assène encore le « WSJ » en soulignant que plusieurs des candidats qu’il a appuyés « ont échoué dans les urnes dans des États qui étaient clairement gagnables », comme la Pennsylvanie ou le New Hampshire.

DeSantis

Ce n’est pas la première fois que les médias du groupe de la famille Murdoch prennent leurs distances avec l’ancien président et milliardaire républicain. Il avait déjà été très critiqué dans le Wall Street Journal après le violent assaut de ses partisans contre le Capitole à Washington, le 6 janvier 2021.

Mais cette fois, « il est temps pour Trump d’abandonner la politique », écrit un éditorialiste du New York Post, le tabloïd new-yorkais de News Corp, aussi sévère avec Donald Trump qu’avec les démocrates qu’il pilonne chaque jour.  

La une du Post caricature l’ancien président sur le point de tomber d’un mur en briques, une référence à ce mur qu’il avait promis de dresser à la frontière avec le Mexique pour empêcher l’immigration et « qu’il n’a pas construit ».

La veille, le journal avait mis à sa une le gouverneur de Floride Ron DeSantis, réélu mardi soir, avec ce titre : « DeFUTURE ». Un soutien éclatant pour le plus solide adversaire potentiel de Donald Trump dans la course à l’investiture républicaine pour 2024.

Sentiment plus mitigé sur Fox News, l’une des chaînes les plus regardées des États-Unis, également propriété de Rupert Murdoch.  

Pour l’une de ses figures, Tucker Carlson, « Trump a toujours eu ses bons et ses mauvais côtés politiquement […], mais dans ce cas, il n’est certainement pas le seul facteur de quoi que ce soit ». Une autre éditorialiste, Liz Peek, a clairement pris parti pour Ron DeSantis.

Les médias de la famille Murdoch, comme Fox News, ont une place prépondérante chez les conservateurs américains et pourraient compliquer la tâche de l’ancien président sur la route d’une nouvelle candidature en 2024.

« Intérêts » communs

Mais depuis sa défaite en 2020, Donald Trump, qui a promis une « très grande annonce » le 15 novembre, est resté une figure incontournable pour les militants républicains.

« Malgré mon choix de tant de vainqueurs, je dois supporter des “fake news”. Pour moi, Fox News a toujours été perdue », a-t-il écrit sur son réseau social, Truth Social.

« C’est comme en 2015 et 2016, une agression des médias (une collusion !) ; quand Fox News m’a combattu à mort jusqu’à ce que je gagne, ils sont alors devenus les plus gentils et le meilleur des soutiens », a ajouté furieux l’ancien président dans un long communiqué.

Donald Trump accuse aussi News Corp de rouler désormais pour Ron DeSantis, qu’il surnomme « Ron-la-Morale ».

De fait, pour Mark Feldstein, professeur de journalisme à l’université du Maryland, « les relations entre Trump et les médias conservateurs, en particulier ceux de l’empire Murdoch, ont connu beaucoup de hauts et de bas ».  

Il rappelle que le milliardaire est déjà parti en guerre contre la chaîne, en 2016 quand « des animateurs de Fox News ont posé des questions agressives lors du premier débat télévisé de la primaire républicaine », ou lors de la présidentielle 2020 quand « Fox News a attribué à raison la victoire à Joe Biden dans l’Arizona ».

« Dans les deux cas, les deux ont fini par se réconcilier parce que c’était dans leur intérêt », explique-t-il.  

À ses yeux, l’audience et le profit pèseront plus que l’idéologie pour la chaîne. Si Ron DeSantis « capte l’imagination des téléspectateurs de Fox (News), la chaîne le promouvra autant qu’elle le pourra », au détriment « d’un vieux cheval de guerre surexposé comme Trump qui répète ses vieux mantras fatigués ».  

Mais « bien sûr, si Trump revient en force, Fox [News] prendra le train en marche », prévient-il.