Michel Trudel, responsable d’attirer des tournages de films hollywoodiens dans les studios MELS à Montréal pendant trois décennies, terminera sa carrière chez MELS devant les tribunaux.

Dans une poursuite civile déposée en mars dernier, l’ancien président des studios MELS demande 308 100 $ à son ex-employeur. Il allègue que celui-ci n’a pas respecté leur entente de départ lui donnant droit à 450 000 $ sur 18 mois.

Les studios MELS, qui sont la propriété du Groupe TVA (Québecor), ont une autre version de l’histoire : ils allèguent que M. Trudel s’est placé en « situation flagrante de conflit d’intérêts » en faisant des « transactions financières personnelles » avec un fournisseur de MELS. En manquant à son obligation de loyauté envers l’entreprise, M. Trudel a ainsi annulé son contrat, estiment les studios MELS.

PHOTO RÉMI LEMÉE, ARCHIVES LA PRESSE

Michel Trudel en 2008

Les allégations de Michel Trudel et des studios MELS n’ont pas été prouvées devant les tribunaux, qui auront éventuellement à trancher le litige (à moins d’une entente à l’amiable).

Michel Trudel a été l’un des dirigeants des studios MELS pendant 32 ans, négociant avec les producteurs hollywoodiens et étrangers pour la venue de films et de séries télé dans les studios de Montréal et de Saint-Hubert. Quand le Groupe TVA a acheté les studios MELS pour 118 millions en 2014, il est resté en poste. En avril 2020, il a annoncé qu’il laisserait sa place à un nouveau président des studios MELS en décembre 2020.

Un départ inexpliqué

Ça ne s’est pas passé comme prévu.

En juin 2020, le Groupe TVA a annoncé que Michel Trudel laissait sa place immédiatement comme président des studios MELS, et qu’il resterait conseiller stratégique pour l’entreprise pendant 18 mois, jusqu’en décembre 2021.

Pourquoi Michel Trudel a-t-il quitté son poste en juin 2020 ? Dans sa poursuite civile, le principal intéressé évite le sujet. « Suite à une série d’évènements qui ne seront pas décrits dans la présente [poursuite] », il « donne sa démission » en juin 2020, écrit-il dans la poursuite.

M. Trudel et le Groupe TVA n’ont pas précisé mardi à La Presse les raisons de son départ en juin 2020.

M. Trudel conclut alors une entente de départ : il doit recevoir 458 100 $ pour 18 mois, à raison d’environ 25 000 $ par mois jusqu’en décembre 2021. Les paiements mensuels cessent en février 2021.

Les studios MELS expliquent alors avoir appris « récemment » que Michel Trudel avait fait « des transactions financières personnelles » avec le propriétaire d’un « important fournisseur de MELS », selon une lettre envoyée par les studios MELS à Michel Trudel en février. Cette lettre a été déposée en preuve.

Selon les studios MELS, ce comportement « inacceptable » ainsi que l’absence de divulgation de ces relations d’affaires font en sorte que M. Trudel s’est placé en situation de conflit d’intérêts et n’aurait pas respecté ses obligations contractuelles. Les studios MELS considèrent ainsi que le contrat n’est plus valide et qu’ils ne lui doivent plus rien.

De son côté, M. Trudel estime ne jamais avoir démontré « la moindre déloyauté » à l’égard de son ancien employeur. Selon lui, les studios MELS sont « de mauvaise foi » et veulent « se débarrasser de [lui] sans lui payer ce qui lui est dû ». Il demande le reste de la somme prévue au contrat (283 100 $) ainsi que des dommages punitifs de 25 000 $.

L’entreprise, qui conteste la poursuite civile, n’a pas encore répondu officiellement aux allégations de M. Trudel dans le cadre du litige. Elle doit le faire dans sa défense au cours des prochaines semaines, voire des prochains mois.

La lettre envoyée en février 2021 donne toutefois une idée de sa position. Elle y précise notamment que si elle apprend qu’il n’a pas respecté son contrat à partir de juin 2020, elle n’hésitera pas à entreprendre des recours judiciaires et à réclamer des dommages. Elle lui a versé 175 000 $ entre juillet 2020 et février 2021.