Alors qu’Ottawa songe à forcer Facebook à rémunérer les médias canadiens pour leur contenu, Facebook continuera à dépenser sensiblement la même somme – soit 2,7 millions de dollars par an – pour appuyer le journalisme canadien.

Facebook a annoncé vendredi un « investissement » de 8 millions de dollars sur trois ans dans le journalisme au Canada, soit 2,7 millions par an en moyenne. Depuis quatre ans, Facebook a dépensé 2,5 millions par an, pour un total de 10 millions, pour financer le journalisme au pays. La Bourse Facebook–La Presse Canadienne (qui a financé le travail de 10 journalistes l’an dernier) sera prolongée jusqu’en 2024, et on lancera sous peu un « nouveau programme visant à renforcer les voix sous-représentées dans le journalisme » au Canada, dit l’entreprise.

Le réseau social fondé et dirigé par Mark Zuckerberg refuse de rémunérer les médias canadiens pour leur contenu journalistique diffusé sur ses plateformes. Il s’agit d’un enjeu politique puisque le gouvernement Trudeau a indiqué son intention de forcer Facebook et Google à négocier des redevances avec les médias canadiens. Le Canada imiterait ainsi l’Australie, qui a forcé Google et Facebook à s’entendre avec les médias australiens à la suite d’un projet de loi.

En Australie, Facebook a pris la décision, le mois dernier, de retirer temporairement le contenu journalistique de ses plateformes. Depuis, le réseau a fait volte-face et a signé des ententes de redevances avec plusieurs médias australiens, dont l’empire News Corp. de Rupert Murdoch, de loin le plus important conglomérat médiatique d’Australie. On ne sait toutefois pas combien Facebook a accepté de verser aux médias australiens.

Au Canada, Facebook fait valoir que ce sont les médias canadiens et les utilisateurs de Facebook qui diffusent le contenu journalistique sur Facebook, et que l’entreprise ne devrait pas avoir à rémunérer les médias d’information pour du contenu qu’elle n’a pas mis elle-même sur ses plateformes. Facebook estime qu’elle permet aux médias d’information d’avoir de la visibilité sur ses plateformes, ce qui a une valeur économique.

Le professeur de journalisme de l’UQAM Jean-Hugues Roy estime au contraire à 210 millions par an les revenus générés par Facebook grâce au contenu journalistique canadien. Facebook est en désaccord avec cette estimation.