L’ajout de ressources pour le développement des services numériques à Radio-Canada ne doit pas se faire au détriment de ses services traditionnels. Sinon, c’est la qualité de la programmation télévisuelle traditionnelle qui diminuera.

C’est l’avertissement qu’a servi au CRTC, vendredi, le Syndicat des travailleurs et travailleuses de Radio-Canada. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes étudie présentement le renouvellement des licences de Radio-Canada, qui arriveront à échéance en août prochain.

Déshabiller Pierre pour habiller Paul

Le syndicat a fait valoir que Radio-Canada a alloué des ressources additionnelles à ses services numériques, ces dernières années, et il craint que la société d’État déshabille ainsi Pierre pour habiller Paul.

« Il existe un danger bien réel — et il se reflète dans les demandes faites par la SRC — que le virage numérique se fasse au détriment de l’accès universel à un contenu diversifié de qualité », a opiné Pierre Tousignant, président du syndicat.

Le syndicat a fait valoir qu’encore trop de régions n’ont pas accès à internet haute vitesse. Pour elles, l’importance des médias traditionnels demeure. La migration du public vers les services numériques se trouve encore dans une phase transitoire, a-t-il souligné.

« Virage commercial »

Devant le CRTC, le syndicat s’est aussi inquiété de ce qu’il a appelé le « virage commercial » de Radio-Canada, avec Tandem, son service de publireportages.

« Pour une bonne partie de nos membres, Tandem menace la crédibilité du diffuseur public », s’est plaint le président du syndicat.

« Par définition, les textes publicitaires souvent baptisés publireportages comptent sur la confusion des genres pour intéresser l’auditoire visé. Et c’est ce que fait Tandem. Les textes produits visent à vendre un service ou un produit, et non à informer, en le présentant dans une forme qui s’apparente aux produits du service de l’information », a-t-il affirmé.

Le syndicat des travailleurs de Radio-Canada a également invité le CRTC à ne pas réviser à la baisse les conditions de licence de Radio-Canada.

Langues officielles

De son côté, le Commissariat aux langues officielles a insisté sur le rôle crucial que joue Radio-Canada-CBC pour que les communautés de langue officielle en situation minoritaire puissent se voir, s’entendre et se reconnaître.

« Il s’agit d’un pilier institutionnel qui favorise le développement et le renouvellement d’un sentiment d’identité canadienne », a-t-il plaidé.

Il a souligné que Radio-Canada s’était dite prête à consacrer au moins 3 % de ses dépenses de programmation indépendante d’ICI télé à la production indépendante hors Québec. Mais il a objecté que 12 % des francophones au Canada vivent en dehors du Québec.

Une dépense de seulement 3 % ne lui paraît donc « pas proportionnelle à la taille de la population de la communauté francophone en situation minoritaire ». Il a donc appuyé la suggestion de l’Alliance des producteurs francophones du Canada et de la Fédération des communautés francophones et acadiennes d’y consacrer au moins 4,8 %.