Dans une publication-fleuve publiée sur sa page Facebook dimanche matin, Pierre Karl Péladeau a invectivé François Legault et Pierre Fitzgibbon pour que le gouvernement cesse « d’intimider » Desjardins et qu’il revoie sa position sur le plan de sauvetage du Groupe Capitales Médias.

« Laissez de côté votre orgueil et vos parties de bras de fer, monsieur le premier ministre, et prenez plutôt les justes mesures pour protéger l’information régionale comme nationale », a écrit M. Péladeau.

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Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon

La semaine dernière a été marquée par des échanges musclés, par médias interposés, entre le gouvernement du Québec et M. Péladeau, alors que Desjardins avait initialement annoncé qu’il ne voudrait pas s’investir dans le modèle coopératif pour la restructuration du Groupe Capitales Médias, aux prises à de graves difficultés financières.

Mardi dernier, le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, avait remis en doute l’indépendance de Sylvie Lalande, vice-présidente du conseil de Québecor et administratrice en chef et présidente du conseil de Groupe TVA, qui, parallèlement, préside le conseil d’administration de Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD).

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Sylvie Lalande

M. Fitzgibbon avait avancé qu’il y avait « apparence de conflit d’intérêts », mais soulignait qu’il n’avait « aucune preuve » allant dans ce sens. Piqué au vif, Pierre Karl Péladeau avait envoyé une lettre à l’intention de M. Legault mercredi dernier où il qualifiait ces déclarations d’« intempestives », « faites sans réflexion et pleines de préjugés ». Mme Lalande avait mis en demeure M. Fitzgibbon, qui a refusé de s’excuser.

Mercredi, Desjardins a affirmé vouloir se pencher une nouvelle fois sur son implication dans le redressement financier de Groupe Capitales Médias, sans toutefois faire de promesses. François Legault et Pierre Fitzgibbon sont d’avis que le caractère coopératif de Desjardins met le groupe financier dans une position de choix dans le dossier.

Un plaidoyer pour le rachat de GCM

« J’interpelle le premier ministre et le ministre de l’Économie et de l’Innovation à l’effet qu’il serait plus utile pour le Québec et ses médias qu’ils refassent leur travail et leur analyse, a écrit M. Péladeau sa page Facebook plus tôt aujourd’hui. Il aurait lieu qu’ils reconsidèrent la proposition de Québecor présentée au début du processus. »

Le patron de Québecor y est allé d’une défense du modèle d’affaires de son entreprise, tout en dressant le portrait de la presse écrite au Québec et au Canada, dont l’écroulement a forcé la disparition de dizaines de milliers d’emplois ainsi qu’une perte marquée dans la couverture journalistique régionale, principalement à cause de Google et de Facebook.

Selon M. Péladeau, Québecor est mieux positionné que tout autre acteur corporatif pour la reprise de Groupe Capitales Médias. « Ainsi, Québecor ferait de cette activité un projet rentable plutôt qu’un canard boiteux nécessitant l’argent des contribuables que François Legault aura décidé de faire financer par l’ensemble des contribuables », a-t-il écrit.

Pour le patron de Québecor, « il en va de la démocratie saine et vivante ». « La précipitation improvisée du gouvernement compromet aussi l’indépendance des salles de rédaction puisque ces dernières seront les affidées du gouvernement pour assurer le financement des pertes d’exploitation qui ne manqueront pas d’être très importantes », ajoute le magnat de la presse au Québec.