(Québec) Les stations de radio sont aussi touchées par la crise des médias, où une part croissante des revenus publicitaires quitte le Québec pour migrer vers les géants américains du web.

« Plusieurs journaux quotidiens aux prises avec une érosion de leurs revenus publicitaires ont lancé un cri d’alarme et sollicité l’aide des gouvernements pour leur venir en aide. Mais la crise des médias d’information n’affecte pas que les journaux. À Montréal et à Québec, les stations […] sont confrontées, elles aussi, à une baisse préoccupante des revenus publicitaires », a expliqué mercredi Cogeco dans un mémoire déposé à l’Assemblée nationale en ce troisième jour de commission parlementaire sur l’avenir des médias.

Au Canada, cite Cogeco, « les revenus de la radio sont en baisse constante depuis 2013. En effet, les revenus des stations de radio commerciales ont chuté de 1,627 millions en 2013 à 1,520 millions en 2017 ».

Selon l’entreprise, qui est notamment propriétaire du 98,5 FM à Montréal, le « modèle d’affaires [de la radio] se fragilise de manière croissante et encore plus criante dans les marchés régionaux ». Cogeco est notamment propriétaire entre autres de stations à Gatineau, Sherbrooke, Québec et Trois-Rivières.

« À défaut de mesures appropriées de soutien, ces stations devront revoir leur modèle d’affaires pour réduire leurs frais d’exploitation, ce qui entraînera nécessairement une baisse du volume et de la qualité de l’information locale », écrit Cogeco dans son mémoire.

Exode publicitaire vers l’étranger

Cogeco déplore également que le gouvernement du Québec investisse une part croissante de la publicité gouvernementale dans les géants numériques étrangers.

« En 2017-2018, [Québec] a investi 6,1 millions en placements publicitaires sur Google, Facebook, Twitter et LinkedIn. Il s’agissait d’une hausse de 61 % de ses placements publicitaires sur ces plateformes étrangères par rapport à l’année précédente », déplore l’entreprise fondée à Trois-Rivières dont le siège social est aujourd’hui basé à Montréal.

Pour aider les médias à poursuivre leur mission, Cogeco demande entre autres au gouvernement Legault de taxer les entreprises numériques étrangères de la même façon que sont taxées les entreprises québécoises.

L’entreprise souhaite aussi que Québec instaure un crédit d’impôt remboursable sur le coût de la main-d’œuvre lié à la production de contenus de nouvelles et d’information locale et nationale. Ce crédit d’impôt devrait aussi être ouvert aux chroniqueurs et à certains animateurs comme Paul Arcand, a soutenu mercredi Michel Lorrain, président de Cogeco Média. Des animateurs comme le Doc Mailloux, en ondes à Québec sur le FM93 de Cogeco, ne devraient toutefois pas être admis au crédit d’impôt, car ils font « du divertissement », a-t-il ensuite précisé.

En matinée, mercredi, des maires des municipalités où sont publiés les journaux de Groupe Capitales Médias (GCM) ont également fait la route vers l’Assemblée nationale pour lancer un message aux politiciens : « portez vos culottes » et taxer les géants du web.

En plus de Cogeco, mercredi après-midi, Télé-Québec, La Presse et Québecor viendront notamment témoigner à l’Assemblée nationale.