Le réseau télévisé CTV a annoncé des abolitions de postes dans son service de nouvelles à la grandeur du pays, ont appris les employés de la station montréalaise ce jeudi.

Dans la métropole, ce sont 15 postes qui passent à la trappe. Tous les caméramans et monteurs de la station ainsi que des postes « multitâches » et de coordination seraient touchés.

Le propriétaire du réseau, Bell Média, a annoncé la création de « postes en nouvelles numériques » qui pourraient échoir aux personnes dont le poste est aboli, a fait savoir l’entreprise dans un courriel à La Presse. Bell Média a du coup confirmé qu’elle procéderait à de « nouvelles embauches à l’échelle nationale ainsi [qu’à] des investissements importants en formation et en équipement ».

La nature de ces nouvelles tâches n’a toutefois pas été clairement définie, déplore John Caluori, adjoint au directeur québécois d’Unifor, syndicat qui représente les 85 employés de CTV-Montréal.

« On nous a parlé de postes axés sur le multimédia, le vidéojournalisme, la production numérique, mais on n’a vraiment pas eu beaucoup de détails », souligne M. Caluori, qui qualifie de « précipitée » l’annonce de Bell Média.

« On n’a pas eu le temps de poser des questions, on ne sait pas quoi dire à nos membres », dit-il.

Il n’est pas acquis, rappelle-t-il, que chaque employé pourra trouver son compte dans les nouvelles fonctions qui lui seront proposées. « L’employeur dit qu’il n’y aura pas de mises à pied, mais si les postes créés sont inatteignables, c’est un faux débat », prévient John Caluori.

« Ces changements pourraient avoir une incidence sur les rôles traditionnels, convient Bell Média. Nous ne pouvons préciser pour le moment le nombre de départs, si départs il y a. »

« Un caméraman qui compte 40 ans d’expérience pourra-t-il occuper un poste hautement technologique ?, se demande John Caluori. Ça reste à voir. »

« Le public pénalisé »

Conséquence directe de l’abolition des postes techniques : à compter du mois de septembre, les journalistes de la station devront s’occuper eux-mêmes de filmer et de monter leurs reportages.

Jean-Thomas Léveillé, vice-président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), et lui-même reporter au quotidien La Presse, déplore ces compressions et estime qu’« ultimement, c’est le public qui est pénalisé ».

« S’il y a moins de gens pour produire l’information, il y a moins d’information disponible », explique-t-il.

« Quand on demande à des journalistes de filmer et de faire du montage, ça leur laisse moins de temps pour collecter et vérifier l’information. Il y a des limites à ce qu’une personne peut accomplir dans une journée. »

CTV compte 27 stations à travers le Canada, dont une seule au Québec, selon le site web du réseau. Des abolitions de postes seront aussi effectives en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta.