(New York) La Bourse de New York a terminé en nette hausse vendredi prévoyant un accord très proche sur le plafond de la dette aux États-Unis et ignorant pour l’instant les mauvaises nouvelles du côté de l’inflation.

Le NASDAQ, où se concentrent les valeurs technologiques, a mené la hausse, gagnant 2,19 % à 12 975,69 points pour atteindre son plus haut niveau de l’année. Le Dow Jones a pris 1,00 % à 33 093,34 points et le S&P 500 a avancé de 1,31 % à 4205,45 points.

Alors que la fenêtre de tir se rétrécit pour éviter un défaut de paiement américain, la Maison-Blanche et l’opposition républicaine ont continué vendredi à échafauder un compromis.

« Nous sommes plus proches (d’un accord), mais ce n’est pas encore fait », a confié une source proche des discussions, sceptique sur la possibilité d’une annonce dès vendredi.

L’accord gèlerait certaines dépenses, mais sans toucher aux budgets consacrés à la défense et aux anciens combattants, ont notamment rapporté le New York Times ou le Washington Post.

« Le marché a grimpé sur l’espoir » que républicains et démocrates « vont annoncer un accord très prochainement qui va permettre d’éviter le défaut de paiement », a commenté Peter Cardillo, de Spartan Capital.

Les marchés ont surfé sur cet optimisme et continué aussi d’être portés par l’enthousiasme que fait naître le développement de l’intelligence artificielle pour les actions technologiques et celles des fabricants de semi-conducteurs.

Toutefois un indicateur d’inflation aux États-Unis a créé la surprise en accélérant plus fortement que prévu en avril. L’indice PCE, la mesure préférée de la Fed pour mesurer la hausse des prix, a augmenté de 4,4 % sur un an, contre 4,2 % le mois précédent.  

Plus inquiétant, l’indice sous-jacent, qui exclut les secteurs aux prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, a accéléré à 4,7 %.

La pause s’éloigne

Ces forts chiffres d’inflation atténuent considérablement la possibilité d’une pause durable dans les hausses de taux d’intérêt, comme l’escomptaient les marchés, mais les indices n’ont guère bronché, restant focalisés sur la perspective d’un accord politique sur la dette.

Les données sur l’inflation « étaient très décevantes », a estimé Peter Cardillo. « De toute évidence, la hausse des prix reste tenace et une fois qu’on aura applaudi à un accord sur le relèvement du plafond de la dette, il faudra regarder en face ces données macro-économiques et s’intéresser à ce que va faire la Fed », a ajouté l’analyste.

« Le chiffre d’inflation d’aujourd’hui déroute les idées d’une pause dans les hausses de taux », a encore estimé Peter Cardillo alors que la Fed se réunit les 13 et 14 juin. « Ce n’est pas complètement exclu, mais ce sera une courte pause et la Fed va revisiter la question en juillet », a-t-il indiqué.

Pour en rajouter sur la persistance de l’inflation, le FMI qui a relevé légèrement sa prévision de croissance des États-Unis vendredi à 1,7 % en 2023, a aussi prévenu que l’inflation sous-jacente « restera sensiblement supérieure à la cible de 2 % (de la Fed) en 2023 et 2024 ». L’institution invite ainsi à conserver les taux d’intérêt à un haut niveau entre 5,25 % et 5,5 % « jusqu’à la fin de l’année 2024 ».

À la cote, le fabricant de puces Marvell Technology s’est envolé de 32,42 % à 65,51 dollars après des commentaires positifs sur l’élan porteur de l’intelligence artificielle. Nvidia, un des leaders du secteur, dans les processeurs consacrés à l’IA, a encore gagné 2,54 % après avoir engrangé plus de 24 % la veille grâce à des projections ambitieuses pour le 2e trimestre.

Dans un mouvement de sympathie avec le secteur des semi-conducteurs, le fabricant Broadcom a grimpé de 11,52 %. Un contrat de plusieurs milliards de dollars avait été annoncé mercredi entre Apple et Broadcom pour la commande de composants servant à capter la 5G, la cinquième génération de téléphone mobile. Apple a gagné 1,41 %.

La marque de prêt-à-porter en difficulté Gap s’est envolée de 12,33 % à 8,34 dollars après un bénéfice surprise au premier trimestre au prix de restructurations tous azimuts.

La Bourse de Toronto

La Bourse de Toronto a clôturé vendredi sur un gain de près de 150 points, soutenue par une vigueur généralisée, pendant que les grands indices américains ont avancé, eux aussi, stimulés par les titres technologiques.

Les marchés ont clôturé la journée dans le vert alors que les négociateurs des pourparlers sur le plafond de la dette aux États-Unis semblaient plus proches d’un accord, alors que le gouvernement américain se rapproche de la date à laquelle il pourrait se retrouver à court de liquidités. Les pourparlers ont ajouté de l’incertitude au marché à l’approche d’une échéance, car la nation pourrait tomber dans un défaut potentiellement catastrophique si un accord n’est pas conclu.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a pris 146,23 points pour terminer la séance avec 19 920,31 points.

« En ce moment, le marché cherche n’importe quelle excuse pour monter », a observé Pierre-Benoît Gauthier, vice-président adjoint à la stratégie de placement chez IG Gestion de patrimoine.

Cependant, même si les marchés ont terminé la semaine sur une note positive, de nouvelles données publiées vendredi indiquent que la lutte contre l’inflation des banques centrales n’est peut-être pas terminée, a prévenu M. Gauthier.

Il a souligné qu’un indice clé des prix américains avait augmenté en avril, les dépenses de consommation se montrant résilientes.

Alors que la prochaine réunion de la Réserve fédérale approche, l’optimisme des investisseurs vis-à-vis d’une pause dans les hausses de taux diminue, a-t-il ajouté.

« Il y a quelques semaines, nous étions certains que juin serait une pause », a affirmé M. Gauthier, mais maintenant, le marché évalue à 40 % la probabilité d’une hausse en juin, car les données économiques brossent de plus en plus le tableau d’une inflation persistante.

« Chaque donnée est plus élevée que nous ne le pensions, a-t-il souligné. Le combat n’est peut-être pas terminé. »

Si la Fed augmente ses taux d’intérêt de nouveau, la Banque du Canada sera dans une situation difficile puisque l’écart entre les politiques monétaires des deux banques s’élargira, a observé M. Gauthier.

Pendant ce temps, l’Allemagne est entrée en récession, donnant un aperçu de ce que les investisseurs croient en grande partie être l’avenir des États-Unis, a poursuivi M. Gauthier, la qualifiant de « récession la plus prévisible que nous ayons vue ».

Les actions technologiques ont continué d’offrir une performance supérieure à celle du marché vendredi, le NASDAQ progressant de plus de 2 %.

« Le marché est à la recherche de toute croissance qu’il peut trouver », a noté M. Gauthier.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 73,41 cents US, en hausse par rapport à celui de 73,38 cents US de jeudi.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a gagné 84 cents US à 72,67 $ US le baril, pendant que celui du gaz naturel a reculé de 6 cents US à 2,42 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or a grimpé de 60 cents US à 1944,30 $ US l’once et celui du cuivre s’est apprécié de 9 cents US à 3,68 $ US la livre.

La Presse Canadienne