(New York) La Bourse de New York a terminé en hausse vendredi, de plus en plus convaincue par les indicateurs qu’un refroidissement contenu de l’économie américaine est possible, avec un arrêt du resserrement monétaire en vue.

Le Dow Jones est monté de 0,08 %, l’indice NASDAQ a pris 0,95 %, et l’indice élargi S&P 500 a gagné 0,25 %.

Le ton de la séance a été donné par la publication de l’indice des prix PCE, qui a montré que l’inflation avait ralenti en décembre, à 5 % sur un an, contre 5,5 % le mois précédent.

Les économistes préviennent que « si l’inflation ralentit, elle demeure bien trop haute pour satisfaire la Fed (banque centrale américaine) », a expliqué Oren Klachkin, d’Oxford Economics, ce qui devrait inciter l’institution à relever encore ses taux.

Mais le marché, lui, voit l’économie américaine éviter une récession trop marquée, que lui avait fait craindre le resserrement monétaire de la Fed depuis le printemps dernier.

« Il y a certainement la place pour un atterrissage en douceur », a expliqué Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.

Les opérateurs ont également relevé, vendredi, la contraction de 0,2 % de la consommation sur un mois, soit plus que les 0,1 % anticipés.

« Nous nous attendons à ce que la consommation soit molle au premier trimestre, mais pas à un retournement », a expliqué Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics, un scénario qui satisferait la Bourse mais aussi la Fed, qui cherche à freiner la consommation.

Le comité de politique monétaire de l’institution se réunit mardi et mercredi prochain et Wall Street s’attend à ce qu’elle relève son taux directeur d’un quart de point à l’issue de ses échanges.

Le fléchissement de la consommation a été relativisé par l’indice de confiance des consommateurs, publié par l’université du Michigan, qui est ressorti au-dessus des projections, à 64,9 points contre 64,6.

« Les données économiques de cette semaine ont été bonnes, les résultats sont meilleurs qu’on ne le craignait et les taux obligataires se calment », a relevé Art Hogan.

Après des mois de montagnes russes, les taux obligataires semblent effectivement se stabiliser. Vendredi, le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans ressortait à 3,51 %, contre 3,49 % la veille en clôture.

Côté actions, la place new-yorkaise a connu quelques déconvenues avec les entreprises cette semaine, chez Intel, Microsoft, Dow ou Hasbro, elle a aussi eu droit à quelques satisfactions, notamment Tesla, AT & T ou Texas Instruments.

Vendredi, Wall Street a bien accueilli les résultats de Visa et American Express, qui ont tous deux indiqué ne pas observer d’affaiblissement de la consommation.

AmEx (+10,54 % à 172,31 dollars), a annoncé tabler sur une croissance de son chiffre d’affaires comprise entre 15 et 17 % en 2023 et prévoir un bénéfice net supérieur aux prévisions des analystes jusqu’ici.

Il a été recherché vendredi, malgré un résultat et un bénéfice trimestriels en deçà des anticipations.

Les investisseurs ont salué aussi les résultats de Visa (+2,99 % à 231,44 dollars), supérieurs à leurs attentes, qui ont été tirés par l’accélération du tourisme et des voyages à l’étranger.

Dans une séance favorable aux valeurs technologiques, Intel a fait figure de mauvais élève (-6,41 % à 28,16 dollars), lesté par une perte nette de 700 millions de dollars au quatrième trimestre, bien supérieure aux 80 millions attendus par les analystes.

Le groupe de Santa Clara (Californie) a subi un nouveau coup de frein de ses ventes dans les deux activités les plus importantes de l’entreprise, à savoir les composants destinés aux ordinateurs fixes et portables, ainsi que ceux fournis aux centres de stockage de données (data centers).

Le pétrolier Chevron a été sanctionné (-4,44 % à 179,45 dollars) pour son bénéfice net trimestriel sensiblement inférieur aux attentes, impacté par des dépréciations d’actifs de 1,1 milliard de dollars.

Le fabricant de jouets Hasbro (-8,11 % à 58,61 dollars) a payé l’annonce d’un chiffre d’affaires trimestriel en baisse de 17 %, selon des données préliminaires. Pour faire face au ralentissement de ses ventes, le groupe va supprimer 1000 postes, soit environ 15 % de ses effectifs.

Le groupe de produits d’hygiène et de nettoyage Colgate-Palmolive a reculé (-5,22 % à 71,59 dollars) malgré des résultats au-dessus des prévisions.

La Bourse de Toronto

La Bourse de Toronto est restée pratiquement inchangée pendant la dernière séance de la semaine, les gains et les pertes des différents secteurs s’étant essentiellement équilibrés, pendant que les grands indices américains ont avancé.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a gagné 13,98 points pour terminer la journée avec 20 714,48 points.

Un grand moteur du marché cette année est la question de savoir si les banques centrales peuvent maîtriser l’inflation tout en réalisant un atterrissage en douceur et jusqu’à présent, les marchés semblent, dans une certaine mesure, assez optimistes à ce sujet, a observé Steve Locke, directeur des investissements pour les stratégies à revenu fixe et multiactifs chez Placements Mackenzie.

De nouvelles données publiées vendredi aux États-Unis ont montré que l’inflation continuait de ralentir en décembre, tandis que les dépenses de consommation ont diminué, alimentant le sentiment croissant que les hausses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale seront bientôt interrompues, a poursuivi M. Locke.

« En regardant la courbe des rendements et les valorisations au cours des prochaines réunions de la Fed, on voit que ces valeurs qui tiennent compte des hausses de taux ont un peu baissé. Le marché pense donc de nouveau que la Fed pourrait prendre une pause », a-t-il estimé.

En fait, les attentes semblent favoriser une baisse des taux d’intérêt d’ici l’automne, bien que M. Locke juge que cela est un peu trop optimiste à ce stade.

Néanmoins, cet optimisme vis-à-vis des taux est une bonne nouvelle pour les actions de croissance, a estimé l’analyste, ce qui contribue probablement aux gains démesurés du NASDAQ par rapport aux autres indices vendredi.

« De toute évidence, les actions de croissance ont connu une période assez difficile par rapport à la valeur (des actions) en 2022, et en particulier pour certains grands noms technologiques, a-t-il déclaré. Il y a donc probablement un petit effet de rebond. »

Alors que les résultats trimestriels continuent d’être dévoilés au sud de la frontière, M. Locke a dit s’attendre à une pression sur les marges des entreprises cette année. Les résultats resteront stables, espère-t-il, et ils ne montreront probablement pas de croissance au cours des deux prochains trimestres.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 75,11 cents US, en hausse par rapport à celui de 74,91 cents US de jeudi.

La Presse Canadienne