(New York) Les cours du pétrole ont connu jeudi leur cinquième séance de baisse consécutive, restant indifférents à l’assouplissement des restrictions en Chine, au blocage de pétroliers en mer Noire et à l’arrêt d’un oléoduc américain.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a abandonné 1,32 %, pour clôturer à 76,15 dollars. Il a établi, en séance, un nouveau plancher sur l’année, à 75,74 dollars.

Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en janvier, il a reculé de 0,76 %, à 71,46 dollars. La variété de référence aux États-Unis était tombée, plus tôt, à 71,12 dollars, un plus bas depuis fin décembre 2021.

Les prix ont brièvement grimpé après l’annonce de l’arrêt de l’oléoduc Keystone, qui achemine du brut canadien vers les États-Unis, à cause d’une fuite dans le Kansas.

Mais le marché a fini par repartir dans le rouge, le WTI s’approchant du seuil symbolique des 70 dollars, qu’il n’a plus franchi depuis près d’un an.

L’assouplissement du dispositif sanitaire anti-COVID-19 en Chine, initialement présenté comme positif pour les cours, car il doit permettre la reprise de l’activité économique, est finalement accueilli avec circonspection par les opérateurs.

« Quand vous rouvrez » les villes sujettes, jusqu’ici, à des mesures drastiques, « cela signifie simplement que le virus va se propager plus rapidement au sein de la population », a argué Eli Rubin, d’EBW Analytics Group, « pas que le coronavirus a disparu ».

Avec une large partie de la population non vaccinée et des vaccins à l’efficacité sensiblement moindre que leurs équivalents occidentaux, « il y a un risque vraiment important que le premier importateur mondial de pétrole voit son système de santé débordé » par une recrudescence des nouveaux cas, prévient l’analyste.

À cela s’ajoute la relative déception qu’a provoqué la décision, dimanche, de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de ses alliés de l’accord OPEP+ de maintenir inchangée leur production.

Quant à l’entrée en vigueur du mécanisme de plafonnement des prix du pétrole russe exporté vers d’autres destinations que l’Europe, « c’est un élément d’affaiblissement des cours » et non de soutien, comme imaginé avant coup, selon M. Rubin.

Ce système a permis, selon la volonté des États-Unis, de ne pas bloquer les exportations russes, alors que le train de sanctions adopté initialement par l’Union européenne prévoyait d’interdire aux assureurs et transporteurs européens de participer à cette activité.

Le marché semble, pour l’instant, faire peu de cas du blocage de pétroliers chargés de pétrole russe aux abords du Bosphore.

Les autorités turques réclament aux armateurs un certificat d’assurance utilisable même en cas de violation du mécanisme de plafonnement, ce que les assureurs refusent de fournir.

Selon le site Marine Vessel Traffic, une dizaine de navires étaient encore stationnés en mer Noire jeudi, avec l’équivalent de plusieurs millions de barils à bord.

Pour Edward Moya, d’Oanda, il ne s’agit que d’une perturbation transitoire, « qui ne change rien au fait que les perspectives de demande de brut continuent à se détériorer ».