(New York) Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI), principale variété de référence américaine, a clôturé mercredi en baisse de 3,01 %, après être descendu, quelques minutes plus tôt, à son plus bas niveau de l’année.

Le WTI pour livraison en janvier, contrat le plus échangé à la Bourse de Chicago, s’est ainsi replié jusqu’à 71,75 dollars, avant de finir à 72,01 dollars.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a lui abandonné 2,74 %, à 77,17 dollars, après avoir enregistré un nouveau plancher depuis fin décembre 2021, à 76,91 dollars.

Déjà résolument orienté à la baisse depuis plusieurs jours, le marché a été encouragé à poursuivre dans cette direction par le rapport hebdomadaire sur les stocks américains.

Les opérateurs ont fait fi de la contraction significative, de 5,2 millions de barils, des réserves commerciales de brut, pour se concentrer sur les stocks de produits raffinés.

« Le marché se fait écraser à cause de ces stocks », a expliqué Robert Yawger, analyste du groupe financier Mizuho.  

Les stocks d’essence ont notamment bondi de 5,3 millions de barils, soit plus du double de ce qui était anticipé par le marché (2,4 millions), selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie.

Les réserves de produits distillés, qui comprennent surtout le gazole, se sont aussi nettement renforcées, de 6,2 millions de barils.

Ce mouvement est à rapprocher de la demande de produits raffinés aux États-Unis, qui est restée, la semaine dernière, en deçà de son niveau de 2021 à la même époque.

En moyenne sur les quatre dernières semaines, indicateur privilégié par les analystes, la demande d’essence est inférieure de plus de 7 % à celle d’il y a un an.

« On est en décembre et la demande de produits distillés reste sur cinq semaines consécutives de baisse », a souligné Robert Yawger.

Ce manque d’appétit pour les produits pétroliers alimente l’impression générale d’une demande anémique, étouffée par les hausses des taux directeurs des banques centrales dans le monde et le ralentissement de l’économie.

Mais pour Bart Melek, de TD Securities, « l’effondrement brutal des cours du pétrole tient (surtout) à une réévaluation du risque lié à l’offre », lequel « est en train de s’évaporer », selon lui.

« Les courtiers se désengagent après avoir parié sur un coup de chaud sur les prix consécutif à la mise en place du mécanisme de plafonnement du prix du pétrole russe », lundi, une accélération qui ne s’est finalement pas matérialisée.

« Il y a quelques semaines, on anticipait la fin du pétrole bon marché, un baril à 200 dollars », abonde Robert Yawger, « c’est le contraire qui s’est produit. »

À cela s’ajoute la relative déception de certains opérateurs après que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés de l’accord OPEP+ ont décidé, dimanche, de maintenir leur production inchangée et non de la réduire davantage.

« On n’a perdu aucun baril » du fait de l’OPEP+ ou de l’entrée en vigueur de l’embargo européen sur le brut russe, associée au plafonnement du prix pour les livraisons vers d’autres destinations que l’Europe, martèle l’analyste.

Selon lui, les opérateurs ne s’inquiètent pas, pour l’instant, du blocage, par les autorités turques, de plusieurs pétroliers chargés de pétrole russe à l’entrée du Bosphore.

La Turquie leur réclame un certificat d’assurance applicable même si l’armateur a violé le prix plafond, ce que refusent les groupes réunissant les principaux assureurs.