(New York) La semaine s’est terminée dans le vert pour les Bourses mondiales vendredi, malgré la fermeté affichée par les banques centrales, tandis que les prix du pétrole ont chuté face aux perspectives économiques moroses et au regain d’épidémie de COVID-19 en Chine.  

L’Europe boursière a bouclé la semaine en hausse : Paris a pris 1,04 %, Londres 0,53 %, Francfort 1,16 % et Milan 1,38 %.  

L’Eurostoxx 50, qui regroupe 50 grosses entreprises européennes, a lui progressé de 1,20 % et se situe à un niveau de 20 % au-dessus de son dernier point bas de fin septembre, une situation appelée « bull market » dans le jargon boursier.  

La Bourse de New York a été plus indécise et timide, perturbée par une journée d’expiration d’options. Le Dow Jones a progressé de 0,59 %, le S&P 500 de 0,48 % et le NASDAQ, dans le rouge la majeure partie de la séance, a terminé sur le fil dans le vert grappillant 0,01 %.

Cette semaine, les indices ont évolué « dans une fourchette de prix assez modérée, ce qui ressemble de plus en plus à une période de consolidation », estime Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Pour Alexandre Baradez, analyste d’IG France, il y a un décalage entre « des indices d’activité qui ralentissent » et « le positionnement des marchés ». Selon lui, les Bourses pourraient repartir à la baisse la semaine prochaine pour mieux coller à un contexte macroéconomique morose.

Aux États-Unis, deux indicateurs ont montré un ralentissement de l’activité : les reventes de logements en vif recul pour le neuvième mois d’affilée, et l’indice économique avancé du Conference Board, en contraction, pour le huitième mois consécutif.

Sur le marché du pétrole, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en janvier, a lâché 2,40 %, pour clôturer à 87,62 dollars. En dix jours, le Brent a perdu plus de 11 %.

Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en décembre, il a cédé 1,91 %, à 80,08 dollars, après être passé en séance sous la barre des 80 dollars pour la première fois depuis fin septembre.

Les investisseurs ont été principalement focalisés sur l’analyse des déclarations des banquiers centraux sur leurs prochaines décisions de politiques monétaires, avec des discours encore assez durs des deux côtés de l’Atlantique.  

« La Réserve fédérale est clairement préoccupée par le fait que la spéculation sur le “pivot dovish” », l’hypothèse que la banque centrale américaine ralentisse prochainement ses relèvements de taux, « pourrait saper ses efforts de resserrement », explique Craig Erlam, analyste d’Oanda, pour expliquer la fermeté des dernières déclarations.  

En zone euro, les hausses de taux directeurs vont se poursuivre, a réaffirmé Christine Lagarde vendredi dans un discours à Francfort. La présidente de la BCE a estimé que la récession qui menaçait la zone euro ne serait pas suffisante pour endiguer les hausses de prix.

Sur le marché obligataire, les taux d’intérêt des emprunts des États en Europe et aux États-Unis variaient modérément. Celui de la dette américaine à 10 ans valait 3,82 % contre 3,76 % la veille.

Par ailleurs, l’arrivée à échéance des options sur actions et indices, ainsi que des contrats dits futurs sur indices — différents contrats à terme qui pèsent plusieurs milliards de dollars (dit « séance des trois sorcières ») — a provoqué un surcroît de volatilité.

Les investisseurs ont salué les résultats meilleurs que prévu des enseignes d’habillement GAP (+7,40 %), Ross Stores (+9,86 %) ou Foot Locker (+8,64 %) à Wall Street.

À Londres, Next a gagné 2,85 % et à Madrid Inditex, maison mère de Zara, a pris 1,30 %.  

Du côté des devises

Le dollar a de nouveau grapillé un peu de terrain sur la plupart des principales devises, appuyé par la nouvelle sortie au ton ferme d’un membre de la banque centrale américaine (Fed), qui reste offensive quand d’autres commencent à lever le pied.

Vers 15 h 30, le billet vert avançait de 0,41 % face à l’euro, à 1,0321 dollar pour un euro. Il progressait aussi face au franc suisse, au dollar canadien ou au yen.

La devise japonaise n’a pas profité de l’accélération de l’inflation, ressortie à 3,6 % sur un an en octobre (hors produits frais), supérieure aux prévisions des économistes et au plus haut depuis 40 ans.

« La Banque du Japon devrait rester indifférente » à cette accélération de l’inflation et « s’en tenir à sa politique monétaire » ultra-accommodante, au motif que cette flambée des prix est notamment due à la faiblesse du yen et à la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, mais pas à la demande, a prédit Pantheon Macroeconomics, dans une note.

Pour le cabinet, le récent recul surprise du PIB au troisième trimestre confirme que l’économie japonaise est affaiblie et que l’inflation ne devrait être que transitoire, ce qui sape le yen.

Rare exception face au dollar, la livre sterling était combative (+0,16 %), soutenue par des chiffres de ventes de détail au Royaume-Uni supérieurs aux attentes en octobre, ainsi que par la légère amélioration du moral des consommateurs en novembre (indice GfK).

Globalement, le « greenback », l’un des surnoms du dollar, a bénéficié, ces derniers jours, de propos volontaristes de plusieurs membres de la Fed.

Dernière en date, la présidente de l’antenne de Boston, Susan Collins, qui a estimé vendredi qu’il y avait « encore du travail » pour juguler l’inflation, laissant entendre que le resserrement monétaire allait se poursuivre.

La responsable a déclaré que les récents indicateurs macroéconomiques « ont remonté » le niveau de taux d’intérêt auquel la Fed pourra arrêter son resserrement par rapport aux projections des banquiers centraux en septembre, qui tablaient sur un pic à 4,6 % en 2023.

Les opérateurs attribuent désormais une probabilité de plus de 70 % à l’hypothèse d’un taux grimpant au-delà de 5 % d’ici juin.

Dans le même temps, « hors des États-Unis, les banquiers centraux continuent à calmer les attentes en matière de taux, ce qui offre du soutien au dollar », a expliqué Adam Button, de ForexLive.

Pour l’analyste, « le reste du monde attend désormais de la Réserve fédérale qu’elle fasse le gros du travail contre l’inflation, ce qui constitue un changement », car « il y a un mois, ils y allaient tous ensemble ».