(Monde) Les Bourses mondiales ont évolué en ordre dispersé jeudi, freinées par des indicateurs macroéconomiques mitigés et un marché obligataire tendu en raison des commentaires de membres de la Banque centrale américaine ne laissant pas présager un changement de braquet de sitôt sur les hausses des taux.

Les Bourses européennes ont clôturé en ordre dispersé après avoir passé une journée orientées à la baisse. Francfort a terminé dans le vert à +0,23 %, mais Paris a perdu 0,47 % et Londres 0,06 %.

Le président de la Fed de Saint Louis (Missouri), James Bullard, a jeté un pavé dans la mare jeudi dans un discours doutant que les relèvements des taux d’intérêt jusqu’ici les aient menés dans « une zone suffisamment restrictive ».

Mary Daly, de la Fed de San Francisco, a quant à elle averti qu’une hausse des taux au jour le jour d’un autre point entier de pourcentage sera sans doute nécessaire, alors qu’ils se situent actuellement entre 3,75 % et 4 %, excluant aussi clairement pour l’instant une pause dans les relèvements de taux.

« Autant de signaux indiquant que le pivot de la Fed pourrait attendre », a commenté Grégory Bailly, expert en investissements financiers de Milleis Banque.

Sur le marché obligataire, les rendements sur les bons du Trésor à 10 ans grimpaient à 3,77 % à 17 h, contre 3,69 % la veille, ce qui a déprimé les cambistes.

L’actualité macroéconomique a été particulièrement riche et a rythmé les marchés : aux États-Unis, les constructions de logements neufs en octobre ont chuté de 4,2 % et les dépôts de permis de construire sont aussi en recul de 2,4 %. De quoi exclure une amélioration du marché dans l’immédiat, alors que la hausse des crédits immobiliers, dans le sillage de celle des taux de la Fed, effraie les acheteurs.

En Europe, la publication du budget britannique « dans un contexte où l’inflation est au plus haut depuis 1981 » n’a pas aidé à rassurer les investisseurs, estime Grégory Bailly.

Le Royaume-Uni est désormais entré « en récession » et son produit intérieur brut (PIB) va baisser de 1,4 % en 2023, a annoncé le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt, en même temps que 55 milliards de livres (87 milliards de dollars CAN) de baisses de dépenses et de hausses d’impôts.

Montagnes russes sur l’énergie

« Les actions les plus performantes ont été, de manière quelque peu contre-intuitive, SSE (1,52 %) et Centrica (5,43 %) à Londres, malgré l’annonce d’un prélèvement de 45 % sur les “bénéfices excédentaires” des producteurs d’énergie à faible émission de carbone à partir du 1er janvier, appliqué aux bénéfices dépassant 75 pence par MWh », a expliqué Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

À Paris cependant, TotalEnergies a perdu 1,39 % et Engie 0,10 %. À Milan, le géant italien des hydrocarbures Eni a reculé de 2,05 %, mais à Madrid, Iberdrola a réussi à grappiller 0,10 % à la clôture, après avoir été en baisse.

Burberry sur le podium 

Le groupe de luxe britannique Burberry a gagné 2 % à la clôture de la place londonienne, après la publication de résultats en nette hausse pour son premier semestre décalé, grâce à la reprise post-pandémie en Europe et malgré les difficultés liées à la COVID-19 en Chine.

Dans le sillage des résultats du Britannique, les valeurs françaises du luxe ont monté : Kering a gagné 0,45 % et Hermès 0,76. LVMH en revanche a terminé en baisse de 0,26 %.

Du côté des devises et du pétrole

Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI), variété de référence américaine, a chuté de près de 5 % pour descendre à son plus bas niveau depuis un mois et demi, sur un marché de plus en plus préoccupé par l’affaiblissement de la demande.

Le baril de WTI pour livraison en décembre a lâché 4,61 %, pour clôturer à 81,64 dollars, son plus bas niveau en clôture depuis fin septembre.

Le baril de Brent de la mer du Nord, avec échéance en janvier, a lui abandonné 3,31 % et terminé à 89,78 dollars, sous les 90 dollars pour la première fois depuis début octobre.

L’euro se repliait de 0,27 % face au dollar américain, à 1,0367 dollar.