Conséquence de la chute des marchés boursiers et immobiliers : l’avoir net, ou « richesse nette », des Canadiens subit un recul d’une ampleur sans précédent, de l’ordre de 900 milliards de dollars en trois mois, selon les calculs d’économistes de la Banque Royale (RBC).

Dans une note d’analyse publiée mercredi, ces économistes avertissent aussi qu’un recul d’une telle ampleur dans la « richesse nette » des particuliers et des ménages pourrait accélérer le resserrement des dépenses de consommation qui est déjà en réaction à l’inflation élevée.

« La richesse nette des Canadiens chute au rythme le plus rapide depuis des décennies. Déjà, ils se sentent moins riches et moins confiants, et ils dépensent beaucoup moins », signalent les économistes de RBC.

Selon leurs calculs, l’essor des marchés immobiliers et boursiers durant et après la crise de pandémie a créé pour 3900 milliards de dollars en « nouvelle richesse nette » dans le patrimoine personnel des Canadiens.

Mais avec la baisse de prix des propriétés résidentielles et l’affaiblissement des marchés financiers, cet « effet d’enrichissement » s’est vite inversé en quelques mois à peine.

La chute de 900 milliards de dollars – soit près de 6 % de la richesse nette totale – qui a été mesurée durant le deuxième trimestre de juillet à septembre est la plus forte baisse jamais enregistrée.

« Avec les hausses agressives des taux d’intérêt de la Banque du Canada qui continuent de faire baisser les prix de l’immobilier, d’autres baisses de la richesse nette des Canadiens sont à venir », avertissent les économistes de RBC.

« Nous nous attendons à ce que la chute dépasse les 1100 milliards d’ici la fin de l’année par rapport aux niveaux de pointe atteints lors de la pandémie. »

Impact sur l’économie ?

En dépit de cette grosse rechute depuis juillet, la richesse nette des Canadiens devrait se stabiliser à un niveau « encore bien au-dessus des niveaux d’avant la pandémie », selon les économistes de RBC.

N’empêche. Cette rechute risque de susciter un « effet de richesse négatif » parmi les Canadiens qui pèsera rapidement sur leurs dépenses de consommation, avant même que le marché du travail se détende.

« Les consommateurs réduisent leurs dépenses, ce qui freine l’économie. Et à mesure que les taux d’intérêt augmentent et que les pressions sur les prix persistent, les Canadiens accordent de plus en plus la priorité à des biens et services de première nécessité comme l’épicerie et l’essence, ainsi qu’à l’endettement », signalent les économistes de RBC.

« Nous estimons que les ménages canadiens devront bientôt consacrer 15 % de leur revenu net uniquement au service de leur dette, dont la moitié pour les frais d’emprunts hypothécaires. Entre-temps, les dépenses discrétionnaires ou non essentielles comme l’ameublement et les rénovations, qui avaient propulsé la flambée des dépenses durant la pandémie, ont déjà commencé à baisser avec le repli du marché de l’immobilier résidentiel. »

Par ailleurs, les économistes de RBC anticipent que ce recul marqué de la richesse nette des Canadiens engendre un regain de certaines tensions socio-économiques.

Cette baisse de la richesse nette des Canadiens survient à un moment où ils ressentent déjà la pression d’une inflation plus élevée et des taux d’intérêt en hausse.

Économistes de la RBC

C’est particulièrement le cas des Canadiens au bas de l’échelle des revenus, qui consacrent une plus grande part de leurs revenus à des achats essentiels comme l’essence, la nourriture et le logement, signalent les économistes de RBC.

« En revanche, les ménages canadiens à revenu élevé, qui cherchent encore à combler leur demande de biens et services refoulée durant les fermetures de la pandémie, continuent à dépenser pour des services non essentiels comme les voyages et la restauration. Cela a maintenu les dépenses globales à un niveau élevé jusqu’à récemment, en plus d’accentuer les pressions inflationnistes dans l’économie. »