(New York) Les prix du pétrole ont accéléré leur ascension vendredi s’acheminant encore plus près d’un baril à 100 dollars, pour le Brent, après une semaine de hausses consécutives provoquées par les baisses de production volontaires de l’OPEP+.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a gagné 3,49 % à 97,92 dollars, un plus haut depuis fin août.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en novembre a bondi de 4,73 % à 92,64 dollars.

« Il se pourrait que le baril atteigne bientôt la barre des 100 dollars, en réaction aux coupes dans l’offre de l’OPEP “ », a résumé Andrew Lebow de Commodity Research Group.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+) a décidé mercredi d’une baisse drastique de ses quotas, ce qui pourrait « être un tournant pour le marché », ont prévenu les analystes de ANZ.

« La production était déjà limitée par plusieurs perturbations, avec notamment les sanctions européennes sur le pétrole russe qui devraient prendre effet en décembre », ajoutent-ils.

La montée des cours s’est accélérée en séance vendredi après la publication du rapport américain sur l’emploi qui montre un marché du travail encore très dynamique même si les créations d’emplois ont ralenti un peu.

Le taux de chômage a reculé en septembre à 3,5 %, son niveau d’avant la pandémie et le plus bas depuis 50 ans tandis que les créations d’emplois se sont montées à 263 000, plus que les 250 000 anticipées.

« Le marché de l’emploi est resté solide […] » impliquant une demande encore forte en énergie « et le risque d’un baril à 100 dollars est très facilement sur la table », a résumé Edward Moya d’Oanda. « Et si on a un hiver dur, on pourrait le voir à 110 dollars avant la fin de l’année », a-t-il prédit.

Au fil de l’été, les cours du brut ont dégringolé avec la perspective d’une activité économique mondiale moins soutenue et donc une croissance de la demande d’or noir moins marquée.

Andrew Lebow de Commodity Research Group pour sa part ne croit guère à une croissance de la demande de pétrole vu le ralentissement global de l’activité, même « si certains courtiers ou banques y croient », a-t-il indiqué.  

Selon lui, d’autres facteurs potentiels contribuent à la hausse des cours comme l’idée de plafonner le prix du pétrole russe, un mécanisme voulu par les pays du G7 pour limiter les revenus de Moscou.  

« Cela pourrait conduire à un déclin de la production de pétrole russe », et donc encore tendre les prix, a-t-il suggéré.

L’analyste pointait par ailleurs un autre facteur de progression des cours avec la baisse des stocks de diesel aux États-Unis, « les laissant dans une situation précaire, inférieure de 50 % à ce qu’elle devrait être à cette époque dans le nord-est du pays ».  

En France, une grève des raffineries pourrait pousser le gouvernement à puiser dans ses réserves de carburant, selon des informations de presse.

Aux États-Unis, la décision de l’OPEP+ constituait un casse-tête politique doublé d’un camouflet diplomatique pour le président américain Joe Biden, qui tente d’endiguer l’inflation et les prix à la pompe aux États-Unis avant les élections de mi-mandat en novembre.

« Il y a peu de marges de manœuvre sur le marché mondial du pétrole, avec peu de capacités d’extractions non utilisées et des réserves qui s’épuisent », prévient M. Haefele.