(New York) Les cours du pétrole ont rebondi mardi, portés par la nouvelle de fuites sur les deux gazoducs européens Nord Stream, dues à un sabotage selon le Danemark, qui fait craindre que la crise énergétique n’entre dans une nouvelle phase.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a gagné 2,62 %, pour clôturer à 86,27 dollars.

Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, également pour échéance en novembre, il a pris 2,33 %, à 78,50 dollars. Il avait fini lundi à son plus bas prix en clôture depuis la première séance de l’année, le 3 janvier.

Les deux gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 qui vont de Russie en Allemagne sous la mer Baltique ont été touchés par trois fuites majeures au total, précédées d’explosions, près d’une île danoise.

La première ministre danoise a affirmé mardi que ces fuites étaient liées à « des actes délibérés » et non à un « accident ».

« C’est encore un échelon supplémentaire en matière d’intrigue géopolitique », a commenté Stephen Schork, analyste et auteur du Schork Report, « et c’est la panique. »

Même si les deux gazoducs étaient déjà arrêtés avant l’incident, « cela préoccupe beaucoup le marché », selon l’analyste. Nord Stream 2 n’a jamais été mis en service, et Nord Stream 1, qui assurait l’essentiel des approvisionnements de l’Europe en gaz russe, n’est plus alimenté depuis le début des travaux de maintenance en fin août, qui ont été prolongés.

Ce coup de théâtre a fait bondir le TTF néerlandais, référence du marché européen du gaz naturel, de plus de 19 %, à 208 euros le mégawattheure (MWh).

Quant au pétrole, les cours ont été également soutenus par une information de l’agence Reuters selon laquelle la Russie devrait proposer au groupe OPEP+, dont elle est membre, d’abaisser sa production globale d’un million de barils par jour.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés de l’accord OPEP+ doivent se réunir le 5 octobre prochain pour déterminer un niveau de production pour le mois de novembre.

« Vu sa situation, la Russie peut bien dire ce qu’elle veut, mais il faut le prendre avec prudence », a mis en garde Stephen Schork.

Après la réduction de 100 000 barils par jour en octobre, le marché s’attend à voir le cartel aller plus loin pour éviter aux cours de chuter davantage sous l’effet de l’angoisse d’une récession, qui asphyxierait la demande d’or noir.

« Une diminution de production serait justifiée, compte tenu de la faiblesse (de la demande) en Europe et en Asie », a expliqué, dans une note, Edward Moya, d’Oanda.

Pour l’analyste, les fondamentaux vont finir par reprendre le dessus sur la ritournelle de la récession, « ce qui signifie que le brut devrait être proche d’un plancher », qui lui permettrait de reprendre de la hauteur.