(New York) Les Bourses mondiales ont perdu du terrain mardi avec la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi à Taïwan, qui tend encore plus les relations entre les États-Unis et la Chine.

Les places européennes ont terminé en baisse, Paris a perdu 0,42 %, Francfort 0,23 % et Milan 0,35 %. Seul Londres est restée à l’équilibre, à -0,06 %.  

À Wall Street, au terme d’une séance fluctuante, l’indice Dow Jones a chuté de 1,23 %, le NASDAQ s’est replié de 0,16 % et le S&P 500 de 0,67 %.

Le mouvement de baisse avait été initié dans la matinée par les Bourses asiatiques, qui ont chuté franchement, face à la possible visite de la présidente de la Chambre des représentants américains.

Toute la journée, les yeux des marchés sont restés rivés sur l’avion de Mme Pelosi. Sur FlightRadar24, plus de 300 000 personnes ont par moment surveillé le vol en même temps, provoquant un bogue informatique du site.

Rapidement après son arrivée, Nancy Pelosi a insisté sur le « soutien inconditionnel » des États-Unis à Taïwan, tandis que Pékin, qui revendique la propriété du territoire, a qualifié son attitude « d’extrêmement dangereuse ».

« Toute perturbation du commerce taïwanais à la suite de ces tensions peut aggraver les difficultés déjà ressenties dans les chaînes d’approvisionnement mondiales », en particulier au niveau des semi-conducteurs dont Taïwan est un important exportateur, a assuré Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

L’actualité géopolitique est venue se greffer sur un contexte incertain pour les marchés, alors que la saison de publication des résultats semestriels des entreprises se termine et que les investisseurs se tournent à nouveau vers les indicateurs macroéconomiques, peu réjouissants.  

« L’économie américaine ralentit et on essaie de voir si la récession sera seulement technique ou s’il s’agira d’une véritable récession », a commenté Alexandre Baradez, analyste d’IG France, auprès de l’AFP.

Le durcissement des politiques monétaires des banques centrales a été aussi scruté. La banque centrale d’Australie a notamment relevé mardi son principal taux directeur d’un demi-point de pourcentage.

De nouveaux commentaires de membres de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont aussi infléchi les interprétations que les investisseurs avaient faites de la conférence de presse de son président Jerome Powell la semaine dernière.

Alors que Wall Street avait fêté l’idée que la Fed pourrait bientôt affaiblir ses tours de vis monétaires, plusieurs membres du Comité monétaire ont fait valoir mardi qu’on en était « loin » ce qui a soudainement fait grimper les taux obligataires. Ceux à dix ans sont remontés à 2,75 % au lieu de 2,57 % la veille.

BP flambe

Le géant britannique BP a grimpé de 2,80 %, après avoir publié un bénéfice net multiplié par trois sur un an au deuxième trimestre, à 9,26 milliards de dollars, et une hausse de 10 % du dividende pour la période, tirés par la flambée des hydrocarbures.

Les cours du pétrole ont légèrement progressé mardi à quelques jours de la réunion de l’alliance OPEP+, après une importante baisse la veille.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a grappillé 0,50 % à 100,54 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en septembre a avancé de 0,59 % à 94,42 dollars.

Uber et l’automobile dans le vert

Uber a fait part mardi d’un chiffre d’affaires de 8,1 milliards de dollars, dépassant largement les prévisions du marché, malgré une perte nette de 2,6 milliards au deuxième trimestre. Le titre a gagné 18,90 % à 29,25 dollars.

Les valeurs des constructeurs automobiles ont elles aussi terminé la journée de manière positive : à Francfort, BMW a pris 0,98 %, Volkswagen 1,56 % et Mercedes 0,08 %, tandis qu’à Paris, Stellantis a gagné 1,62 %.

Le luxe inquiet de la situation en Chine

Le regain de tensions en Chine a fait baisser mardi les valeurs du luxe, qui réalisent une grande partie de leur chiffre d’affaires dans le pays.  

Le groupe de mode italien Tod’s a perdu 2,44 % à Milan, Burberry 2,41 % à Londres et les français LVMH et Kering ont reculé respectivement de 1,35 % et 1,70 %.

Adler continue de s’effriter

Le géant de l’immobilier allemand Adler a continué de chuter mardi et a terminé la journée à -4,29 %, après avoir déjà perdu 4,40 % la veille.  

Le superviseur du secteur financier Bafin a déclaré lundi que le bilan 2019 du groupe, dans la tourmente après des accusations de fraude, était surévalué d’au moins 170 millions d’euros.

Du côté des devises et du bitcoin

Le dollar a quant à lui remonté mardi, après avoir atteint son plus bas depuis quatre semaines mardi face aux principales monnaies, le risque géopolitique créé par les tensions entre Washington et Pékin poussant les investisseurs vers les valeurs refuges.

Vers 19 h GMT (15 h, heure de Montréal), le dollar index qui compare la devise américaine à un panier de grandes monnaies, gagnait 0,69 % à 106,17 points. Le billet vert prenait 0,86 % face à l’euro à 1,0174 dollar pour un euro.

L’euro redescendait ainsi de ses sommets en quatre semaines face au billet vert.

Celui-ci reprenait aussi de la vigueur face à la devise japonaise (+ 0,99 % à 132,93 yens pour un dollar).

Dédaignant des données américaines peu enthousiasmantes, « ce sont des informations ailleurs qui ont poussé le marché vers la sécurité » des actifs refuges, ont indiqué les analystes de OFX.

« Le dollar a saisi le courant en faveur des valeurs sûres alors que les tensions entre les États-Unis et la Chine montent » avec la visite de la présidente de la Chambre américaine des représentants sur l’île que Pékin considère comme une province, soulignaient les analystes de Western Union dans une note.

En outre, « la volatilité de la paire dollar-yuan montre l’incertitude qui règne sur le marché », a noté Joshua Mahony, analyste chez IG.

La devise chinoise a clôturé à 6,7544 yuans pour un dollar, après avoir reculé à 6,7825 yuans, un plus bas depuis mi-mai.

Le dollar taïwanais a lui reculé à un plus bas depuis mi-2020 face au billet vert avant de se ressaisir.

Le bitcoin perdait 0,63 % à 22 983 dollars vers 16 h GMT.