(New York) Les Bourses de New York et Toronto ont terminé en baisse vendredi, échaudées par quelques résultats de sociétés décevants et de mauvais indicateurs, deux rappels que l’économie décélère.

Le Dow Jones a abandonné 0,43 %, à 31 899,29 points, l’indice NASDAQ, 1,87 %, à 11 834,11 points, et l’indice élargi S&P 500, 0,93 %, à 3961,63 points.  

La Bourse de Toronto a quant à elle mis fin vendredi à une séquence de cinq séances consécutives de hausse, en raison d’un large déclin qui a touché ses plus grands secteurs, mais elle a malgré tout connu sa meilleure semaine en plus d’un an.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a reculé de 79,93 points à 18 982,92 points. Il termine malgré tout sa semaine sur un gain de 3,2 %, enregistrant sa meilleure performance hebdomadaire depuis février 2021. L’indice phare a avancé de 0,6 % depuis le début du mois de juillet, mais cumule un recul de 10,6 % jusqu’à maintenant en 2022.

« Ça a été une excellente semaine et nous avons vu un bon rebond, et je pense que ce qui a vraiment alimenté les marchés cette semaine a été le début de la saison des résultats financiers », a souligné Lesley Marks, directrice des investissements chez Placements Mackenzie.

Même si les résultats proviennent en grande partie d’entreprises américaines, ils ont un impact sur le sentiment envers les actions canadiennes par association, a-t-elle expliqué.

« Et je pense qu’en réalité, nous avons vu des données sur les bénéfices d’entreprises qui n’étaient pas aussi mauvaises que prévu. »

Vendredi, le secteur canadien des technologies de l’information a retraité de 2,5 % sous l’influence de la faiblesse au sud de la frontière. Le titre de Shopify a terminé une bonne semaine sur le marché canadien en perdant vendredi 7,3 %.

Le secteur torontois de l’énergie a retraité vendredi avec le cours du pétrole, qui a touché son plus faible niveau en plus de trois mois.

« Le secteur de l’énergie, comme la plupart des groupes liés aux ressources naturelles, jongle avec un ralentissement économique potentiel ou une récession, alors les gros noms des matières premières se trouvent largement en deçà de leurs sommets », a observé Mme Marks lors d’une entrevue.

Le secteur des matériaux a reculé, malgré une hausse des cours de certains métaux.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 77,66 cents US, en hausse par rapport à celui de 77,55 cents US de la veille.

Au sud de la frontière

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a reculé de 1,65 $ US à 94,70 $ US le baril, pendant que celui du gaz naturel a pris 38 cents US à 8,20 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or s’est apprécié de 14,00 $ US à 1727,40 $ US l’once et celui du cuivre a progressé de 5,1 cents US à 3,35 $ US la livre.

« Le marché digère les résultats d’entreprises de la semaine », a expliqué Angelo Kourkafas, d’Edward Jones.

Durant la semaine, « on a eu Netflix et Tesla qui étaient moins mauvais qu’attendu, mais on a ensuite eu des déceptions du côté de la technologie », a-t-il ajouté.

Snap (-39,08 % à 9,96 dollars), maison mère du réseau social Snapchat, a ainsi fait une sortie du route, avec une perte quasiment triplée et un discours morose sur la publicité.

La firme au petit fantôme a entraîné avec elle d’autres réseaux sociaux, de Meta (-7,59 %) à Pinterest (-13,51 %), en passant par le futur véhicule coté de la plateforme Truth Social de Donald Trump (-3,04 %).

Par extension, les sociétés également dépendantes de la publicité, comme Alphabet (-5,81 %) ou la plateforme de marketing digital The Trade Desk (-7,30 %), ont aussi souffert.

Même s’il a également manqué les prévisions des analystes, Twitter a été épargné (+0,81 % à 39,84 dollars). Le marché a préféré retenir la progression du nombre d’utilisateurs actifs, jugée encourageante compte tenu du contexte et du contentieux avec Elon Musk.

Jusqu’ici, « même si les résultats n’étaient pas faramineux, ils étaient suffisamment bons » pour soutenir les indices, selon Angelo Kourkafas.

Pour Nick Reece, de Merk Investments, les résultats de Snap ont été « un rappel » des difficultés qui attendent le secteur de la technologie, entre renchérissement du coût du crédit, problèmes d’approvisionnement persistants et ralentissement économique.

Dès lors, « l’inquiétude pour les résultats de la technologie la semaine prochaine », avec Amazon, Apple, Microsoft et Meta, « pèse sur le marché ».

Parmi les quelques autres ratés, l’aciériste Cleveland-Cliffs (-8,87 %), dont le bénéfice est ressorti en dessous des prévisions, ou l’opérateur téléphonique Verizon (-6,74 %), qui a révisé à la baisse ses objectifs.

Dans un contexte défavorable aux valeurs technologiques et de croissance, les valeurs dites défensives, moins sensibles à la conjoncture, ont eu la faveur des investisseurs, que ce soit McDonald’s (+0,21 %), Johnson & Johnson (+0,47 %) ou Procter & Gamble (+1,60 %).

Le marché a aussi été « lesté par les indicateurs macroéconomiques », selon Nick Reece, principalement une série d’indices d’activité PMI, notamment sa version composite pour les États-Unis. Cette dernière est ressortie à son plus bas niveau depuis juin 2020.

« Le discours sur la récession est de retour », a expliqué l’analyste.

De ce fait, les opérateurs voient la Banque centrale américaine (Fed) faire une pause dans son cycle de hausse de taux en décembre, après un relèvement de 0,75 point en juillet, puis deux hausses d’un demi-point chacune en septembre et novembre.

« On voit de plus en plus de signaux montrant que le sommet de l’inflation est derrière nous », a estimé Angelo Kourkafas.

Ce sentiment explique la nette contraction des taux obligataires vendredi, les investisseurs voyant une Fed moins agressive que prévu dans son resserrement monétaire.

Le rendement des emprunts d’État à 10 ans est tombé à 2,75 %, son plus bas niveau depuis près de deux mois, contre 2,87 % la veille.

Outre la suite des résultats et la réunion de la Fed, Wall Street suivra, la semaine prochaine, la première estimation du Produit intérieur brut (PIB) américain, qui pourrait afficher une contraction au deuxième trimestre.

Une baisse ferait techniquement entrer les États-Unis en récession, après un premier recul au premier trimestre.

À la cote, le fabricant de jouets Mattel a reculé (-7,12 % à 22,45 dollars) malgré des résultats meilleurs qu’attendu. Le secteur des poupées a connu un ralentissement, en particulier les Barbies.

American Express a été recherché (+1,88 % à 153,01 dollars) après la publication de résultats meilleurs qu’attendu, soutenus par la reprise du tourisme, mais aussi des voyages d’affaires. Le spécialiste des cartes de crédit a également relevé ses objectifs de croissance pour l’ensemble de l’exercice.

Avec La Presse Canadienne