(New York) Les cours de la variété de référence du pétrole américain, le West Texas Intermediate (WTI), ont baissé mardi, dans le sillage du gaz naturel aux États-Unis, en raison de l’arrêt prolongé d’un terminal, dont le gaz non exporté inondera le marché américain.

Le prix du baril de WTI pour livraison en juillet a cédé 1,97 %, pour clôturer à 118,93 dollars. Quant au baril de Brent de la mer du Nord, avec échéance en août, il a lui limité ses pertes à 0,89 %, pour finir à 121,97 dollars.

« Traditionnellement, les matières premières souffrent quand le dollar se renforce et que la Fed (banque centrale américaine) remonte ses taux », a rappelé Bill O’Grady, de Confluence Investment Management, « mais le pétrole avait ignoré ça pour l’essentiel jusqu’ici. »

Mais avec la perspective, anticipée par le marché, d’une hausse, plus vue depuis près de 30 ans, de 0,75 point de pourcentage du taux de la Fed mercredi, qui a envoyé le dollar et les rendements obligataires en orbite, l’or noir a fini par être rattrapé par la crispation généralisée.

« On s’inquiète que cela n’affecte l’économie », a expliqué l’analyste, « ce qui serait mauvais pour les matières premières. »

Les opérateurs ont aussi répercuté l’annonce de l’arrêt prolongé du terminal gazier de la société Freeport LNG, à Quintana Island, non loin de Houston.

Frappé par une explosion, puis un incendie, ce terminal qui est aussi une usine de liquéfaction du gaz naturel, sera finalement à l’arrêt durant 90 jours, soit beaucoup plus que les trois semaines annoncées initialement par Freeport LNG.

En outre, le site, qui assure en temps normal l’exportation de près de 60 millions de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL) par jour, ne retrouvera sa pleine capacité qu’en fin d’année.

La nouvelle a provoqué l’effondrement des cours du gaz naturel aux États-Unis, qui ont perdu jusqu’à 18,5 % mardi. Le marché a ainsi encaissé le fait que les volumes non exportés allaient être disponibles pour le marché américain.

En Europe, c’est le phénomène inverse qui s’est produit. Le TTF néerlandais, référence du marché européen du gaz naturel, a ainsi bondi jusqu’à 100 euros le mégawattheure (MWh), pour la première fois depuis trois semaines, et fini en hausse de 13 %.

Les cours européens étaient déjà sous pression, car l’Europe cherche, depuis plusieurs mois, à réduire ses importations de gaz russe pour sanctionner l’invasion de l’Ukraine.

La situation explique que, côté pétrole, le Brent, variété européenne, ait accusé un repli bien moindre que le WTI.

« C’est une très mauvaise nouvelle pour l’Europe », a lancé Bill O’Grady.

Ces facteurs ont fait passer au second plan le rapport mensuel de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui a, pour la première fois, acté la perspective d’une baisse de production de la Russie sur l’année 2022, de 250 000 barils par jour.