(New York) La Bourse de New York a conclu légèrement dans le rouge mercredi une nouvelle séance volatile pour débuter le mois, après une série de nouvelles données sur l’économie américaine.

Selon des résultats définitifs, l’indice Dow Jones a lâché 0,54 % à 32 813,23 points. Le NASDAQ, à forte coloration technologique, a perdu 0,72 % à 11 994,46 points. Le S&P 500 a cédé 0,75 % à 4101,23 points.

Les indices avaient démarré nettement en territoire positif jusqu’à la parution en milieu de matinée d’un indice d’activité manufacturière ISM aux États-Unis qui a créé la surprise en étant meilleur que prévu au mois de mai.

Cette accélération inattendue de l’activité manufacturière a fait grimper les rendements obligataires et le dollar, tandis que les actions ont reculé. Les taux sur les bons du Trésor à 10 ans s’inscrivaient à 2,92 % après la clôture contre 2,84 % la veille.

« L’indice ISM […] et sa composante sur l’indice des prix également plus forte qu’attendu ont été les catalyseurs » qui ont propulsé le dollar à la hausse, a indiqué Brad Bechtel, directeur pour le marché des changes chez Jefferies.

« Nous allons avoir dans les mois qui viennent des périodes où le marché pense qu’il faut faire plus contre l’inflation et des périodes où au contraire l’on pense qu’il faut en faire moins et où les craintes de récession prennent le dessus », a expliqué l’analyste.

Il a promis une poursuite de la volatilité, « alors qu’on va avoir des va-et-vient au cours des prochains mois jusqu’à ce qu’on ait des signes fermes que l’inflation ralentit ».

Pour Peter Cardillo de Spartan Capital Securities, le verre était plutôt à moitié plein : « le dollar très fort, la tension des rendements obligataires ont provoqué la glissade des indices […], mais ils restent toutefois non loin des solides gains réalisés la semaine dernière ».

Après avoir glissé fortement, les indices ont un peu récupéré le terrain perdu après la publication du Livre beige de la Fed, dernier rapport sur l’état de l’économie des États-Unis avant la prochaine réunion monétaire de la Banque centrale prévue dans deux semaines.

Dans ce rapport, « certaines régions ont fait état d’une croissance modeste, le marché de l’emploi est resté étroit et l’inflation demeure forte », a souligné M. Cardillo. « Mais tout cela, le marché le savait déjà, c’est pourquoi les indices se sont stabilisés », a-t-il affirmé.

La Réserve fédérale pour sa part a commencé la réduction de son bilan, fort de presque 9000 milliards de dollars en bons du Trésor et autres titres obligataires, une autre façon de resserrer les conditions monétaires, notaient les analystes de Wells Fargo.

Jusqu’en septembre, la Fed va réduire ses actifs de quelque 47,5 milliards de dollars par mois pour passer à 90 milliards mensuels ensuite.

À la cote, tous les secteurs ont fini dans le rouge, sauf l’énergie (+1,76 %).

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a avancé de 59 cents US à 115,26 $ US le baril, pendant que celui du gaz naturel a pris 55,1 cents US à 8,70 $ US le million de BTU.

Les banques ont mené la baisse (-1,67 %) alors que Jamie Dimon, le dirigeant de JPMorgan, a jeté un pavé dans la marre lors d’une conférence, estimant que les investisseurs devraient se préparer « à un ouragan ». « L’ouragan est juste là venant vers nous », a-t-il affirmé évoquant les défis combinés de l’inflation, des resserrements monétaires et de la guerre en Ukraine.

Levi Strauss (+1,16 % à 18,37 dollars) a été brièvement suspendu de cotation avant d’annoncer une hausse de ses objectifs commerciaux pour les cinq prochaines années.

La plateforme de gestion des relations clients Salesforce a engrangé 9,88 % à 176,07 dollars alors que le groupe a relevé ses prévisions pour l’ensemble de l’année.

Le groupe de lingerie Victoria’s Secret s’est envolé de 9,93 % à 44,89 dollars, après des résultats en ligne avec les prévisions, malgré l’impact de l’inflation et les défis de la chaîne d’approvisionnement.

Meta (Facebook) a creusé ses pertes en fin de séance (-2,58 % à 188,64 dollars) avec l’annonce juste avant la clôture de la démission de Sheryl Sandberg, numéro deux et directrice des opérations du géant américain des réseaux sociaux.

Au Canada

L’indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto a cédé 15,62 points pour terminer la journée avec 20 713,72 points. Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 79,12 cents US, en hausse par rapport à son cours moyen de 79,06 cents US de la veille.

Le secteur des matériaux a reculé de 0,34 % malgré une hausse des cours des métaux de base.

La Banque du Canada a adopté un ton plus dynamique mercredi, alors qu’elle relevait son taux d’intérêt directeur de 50 points de base pour une deuxième fois en autant de mois et se disait « prête à agir avec plus de force », alors qu’elle notait que l’inflation serait plus forte qu’elle ne l’avait prévu jusqu’à la fin de l’année.

« L’inflation est toujours très élevée et, dans certains cas, pourrait commencer à s’enraciner un peu plus dans l’économie et il pourrait être plus difficile pour la banque de la combattre », a estimé Mike Archibald, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Placements AGF.

Le dollar canadien a réagi à la décision de la banque centrale et s’est envolé près d’un sommet de six semaines, même si le billet vert s’est raffermi par rapport aux autres devises mondiales. Le huard s’est négocié au cours moyen de 79,12 cents US, en hausse par rapport à son cours moyen de 79,06 cents US de la veille.

Les marchés ont également semblé réagir aux commentaires du chef de la direction de la banque d’affaires américaine JPMorgan, Jamie Dimon, qui a affirmé que l’économie américaine se dirigeait vers un « ouragan » avec le raffermissement de la politique monétaire.

Le marché boursier de Toronto a mieux fait mercredi que ses homologues américains, en raison de sa composition qui favorise les matières premières, incluant le pétrole, et parce qu’il est moins exposé aux technologies.

Le secteur de l’énergie a été le plus performant de la journée, gagnant 1,9 % grâce à la hausse des prix du pétrole brut et du gaz naturel. Les grands producteurs canadiens ont vu leur titre augmenter, en particulier Vermilion Energy, dont l’action a augmenté de 4,9 %.

La performance de l’énergie par rapport à l’ensemble du TSX a été un assez bon baromètre pour savoir quand l’inflation va culminer, a estimé M. Archibald. Lorsque les actions énergétiques commencent à afficher des performances inférieures à celles du TSX dans un cycle inflationniste à la hausse, cela tend à suggérer que l’inflation est à des niveaux maximaux ou près d’un sommet.

« Nous ne le voyons pas encore, donc cela me donnerait toujours l’impression que les pressions inflationnistes qui inquiètent les banques centrales sont ici pour probablement plus longtemps que les gens ne le pensent », a-t-il affirmé lors d’une entrevue.

M. Archibald s’attend à ce que les marchés soient agités en juin et au-delà jusqu’à la fin du resserrement des banques centrales.

« À ce moment-là, certains des noms technologiques et les secteurs les plus en croissance du marché pourraient commencer à reculer et offrir une bonne valeur aux investisseurs. »

Avec La Presse Canadienne