(New York) Le rapport sur l’emploi américain mitigé n’a pas changé l’humeur maussade des investisseurs vendredi, les craintes sur l’inflation et la croissance économique continuant de peser sur les indices et de faire grimper les taux.

Après avoir enregistré une des pertes en points les plus importantes de son histoire jeudi, Wall Street a encore reculé, mais limité son repli grâce à un rebond technique.

Le Dow Jones a perdu 0,30 %, l’indice NASDAQ a cédé 1,40 %, et l’indice élargi S&P 500 a lui concédé 0,57 %.

En Europe, les marchés ont conclu largement dans le rouge la semaine : Paris a perdu 1,73 %, Londres 1,54 % et Francfort 1,64 %.  

Le marché de l’emploi américain a confirmé sa solidité en avril, avec un taux de chômage stable à 3,6 % et surtout des créations d’emplois plus fortes que prévu, selon les données du département du Travail publiées vendredi.

Mais la révision en baisse des créations d’emploi en mars a tempéré le chiffre d’avril.

Par ailleurs, les économistes se sont inquiétés d’un léger tassement du taux de participation de la population active (rapport entre personnes employées ou en recherche d’emploi et population en âge de travailler), ce qui renforce la tension sur le marché du travail.  

Pas de quoi changer radicalement le dilemme auquel fait face la Réserve fédérale américaine, entre la lutte contre l’inflation et le risque d’entraîner les États-Unis en récession.

Mercredi, l’institution a relevé ses taux directeurs d’un demi-point de pourcentage, du jamais vu depuis 20 ans.

« Les débats sur les hausses de taux ont dominé cette semaine », aux États-Unis, mais aussi en Angleterre et en zone euro. Dans l’ensemble, « les commentaires semblent avoir accéléré la faiblesse des marchés alors que les perspectives économiques commencent à s’assombrir », résume Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

La publication n’a pas non plus stoppé la frénésie haussière sur le marché obligataire. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans est monté jusqu’à 3,14 %, non loin des 3,26 % qui constituent le plus haut niveau de ses 11 dernières années.

Les taux de même échéance en Europe suivaient le rythme, avec le taux à dix ans allemand à 1,13 % et celui français à 1,66 %, tous deux au plus haut depuis 2014.

Mauvais résultats pour les équipementiers sportifs 

À Wall Street, Under Armour a été taclé par les investisseurs (-25,88 % à 9,85 dollars) après des résultats et des prévisions jugés décevants. L’équipementier sportif anticipe une baisse de ses marges ainsi qu’une perte de croissance d’environ 3 points de pourcentage due aux problèmes d’approvisionnements.

La publication est intervenue conjointement à celle de l’allemand Adidas (-3,64 %), qui a aussi souffert des confinements en Chine et abaissé ses objectifs de marge sur l’année.

Ces mauvais chiffres ont enfoncé tout le secteur de l’habillement sportif, de Nike (-3,49 %) à Lululemon (-7,73 %), en passant par Puma (-1,48 %).

IAG en plein trou d’air

Le groupe de transport aérien IAG, maison mère des compagnies British Airways et Iberia, perdait 6,87 % après avoir annoncé une perte réduite — mais encore très importante — de 787 millions de livres au premier trimestre, et ce malgré une prévision de retour aux bénéfices dès le deuxième trimestre.

Du côté du pétrole et des devises

Le pétrole a poursuivi sa hausse, toujours porté par le projet d’embargo européen sur le pétrole russe, l’OPEP+ maintenant sa stratégie d’ouverture seulement marginale de ses robinets de brut.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet est monté de 1,34 % à 112,39 dollars.

Le baril de WTI américain pour livraison en juin a pris quant à lui 1,40 % à 109,77 dollars.

L’euro se reprenait légèrement face au billet vert, quasiment stable par rapport à la veille à 1,0545 dollar, après des propos du gouverneur de la Banque de France qui entrevoit la fin des taux négatifs de la Banque centrale européenne pour fin 2022.

Le bitcoin, chahuté lors de la séance précédente, poursuivait sa baisse, (-0,78 %) à 36 086 dollars.