(New York) La Bourse de New York a signé jeudi sa pire séance depuis 2020, les investisseurs prenant le contre-pied du rebond de la veille après une seconde lecture des annonces de la Fed mercredi. De son côté, la Bourse de Toronto a connu sa pire séance en plus de cinq mois.

Le NASDAQ a enregistré la troisième perte en points en importance de son histoire, après les deux séances noires des 12 et 16 mars 2020, au début de la pandémie de coronavirus.

L’indice à forte tonalité technologique a dévissé de 5 %, tandis que le Dow Jones a abandonné 3,1 % et l’indice élargi S&P 500, 3,6 %.

« On a eu une des meilleures séances hier, et l’une des pires aujourd’hui », a relevé Angelo Kourkafas, d’Edward Jones.

La Bourse de Toronto a quant à elle connu sa pire séance en plus de cinq mois. L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a effacé 488,78 points, soit 2,3 %, pour terminer la journée avec 20 696,17 points.

Après s’être enthousiasmé, mercredi, pour les commentaires du président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, qui avait écarté un durcissement encore plus marqué de la politique monétaire et une hausse de 0,75 point de pourcentage lors de sa prochaine réunion, le marché a retrouvé ses esprits jeudi.

« Le fait [que la banque centrale américaine] ait écarté une hausse de 0,75 point de pourcentage n’a pas vraiment changé le fait que l’économie ralentit et que la Fed va durcir sa politique monétaire à un rythme élevé », a expliqué Angelo Kourkafas.

« Les gens ont commencé à réfléchir un peu plus à la Fed et à sa communication et ont réalisé que les choses n’allaient pas s’améliorer », a abondé Maris Ogg, de Tower Bridge Advisors.

Pour elle, le mouvement de jeudi s’explique également par des prises de bénéfices, qui ont suivi le bond de la veille, ainsi que par la flambée des taux obligataires.

« C’est ça qui a fait peur au marché actions », selon elle.

Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans s’est envolé au-dessus de 3,10 % pour la première fois depuis novembre 2018.

Comme à l’accoutumée, les premiers à tomber sous le feu des investisseurs ont été les valeurs technologiques et de croissance, qui pèsent désormais le plus lourd à Wall Street.

La place new-yorkaise a aussi été prise à rebrousse-poil par quelques résultats d’entreprises mitigés, assortis de prévisions très mesurées, voire pessimistes.

« Les sociétés qui ont les meilleurs chiffres publient généralement les premières » durant la saison des résultats, affirme Maris Ogg. « Les mauvais viennent plus tard », c’est-à-dire en ce moment, selon elle.

Wall Street a notamment tiqué sur une série de publications de sites de cybercommerce jugées sans panache, voire préoccupantes.

Le site de vente en ligne eBay a pâti de projections inférieures à celles des analystes pour le deuxième trimestre (-11,72 % à 48,04 dollars), malgré un chiffre d’affaires et un bénéfice supérieurs au consensus de Wall Street.

« Le marché va continuer à être volatil et en dents de scie jusqu’à ce que nous ayons confirmation que les pressions inflationnistes se calment et les taux obligataires avec eux », a estimé Angelo Kourkafas.

Le NASDAQ cumule une baisse de 21,3 % jusqu’à présent en 2022, tandis que le S&P 500 est en baisse de 13 % et le Dow Jones, en baisse de 9,2 %.

Le TSX n’a retraité que de 2,5 % depuis le début de l’année, en grande partie grâce à la hausse des prix des produits de base, en particulier celui du pétrole brut, qui a augmenté de 44 % depuis le début de l’année. Le cours du gaz naturel a atteint un nouveau sommet pluriannuel.

Les 11 secteurs du TSX étaient en baisse, menés par une baisse de 6,5 % dans les technologies de l’information.

avec La Presse Canadienne