(New York) Les cours du pétrole ont fini en ordre dispersé vendredi, le WTI américain reprenant son souffle après une nouvelle semaine mouvementée, sur un marché qui reste très ferme.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c’était le dernier jour d’utilisation comme contrat de référence, a gagné 1,62 % pour clôturer à 109,34 dollars.

Il a ainsi enchaîné une quatrième séance de hausse consécutive pour finir à son plus haut niveau depuis le 18 avril.

Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, également pour livraison en juin, il a lui cédé 0,63 % et terminé à 104,69 dollars.

Le WTI a été victime d’un coup de pompe dans les dernières minutes à l’approche du week-end, après avoir passé toute la séance dans le vert.

Les cours ont de nouveau été tirés par le revirement de l’Allemagne sur la question des importations de pétrole russe et la perspective d’un accord prochain sur un embargo de l’Union européenne.

Pour autant, pour Bill O’Grady, responsable de la recherche à Confluence Investment Management, les opérateurs « n’ont pas encore vraiment intégré » les conséquences d’une telle mesure dans les cours.

« On pourrait voir des prix beaucoup plus élevés » si l’UE s’entendait pour couper le robinet russe.

Selon des chiffres établis par l’agence Bloomberg, la Russie est parvenue à exporter, en moyenne, 4,66 millions de barils de brut par jour (mb/j) en avril, non loin du niveau affiché en décembre (5 mb/j), avant le début de la guerre.

« Ils vont être capables de réorienter une partie de leur pétrole vers l’Asie, mais ils n’ont pas les infrastructures pour en transporter autant dans cette direction », estime Bill O’Grady.

Pour Edward Moya, analyste d’Oanda, si la situation sanitaire finit par s’améliorer en Chine, les cours du brut pourraient encore progresser de 5 %, s’approchant de 115 dollars pour le Brent.

Le marché n’attend pas de surprise de la réunion mensuelle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de ses alliés de l’accord OPEP+, jeudi prochain.

Pour Bill O’Grady, les ministres devraient s’en tenir à un nouveau relèvement modeste d’environ 400 000 barils par jour pour le mois de juin, conformément au calendrier adopté en juillet dernier.

Des relèvements jugés insuffisants pour soulager le marché, d’autant que l’OPEP+ a été loin de tenir ses objectifs, avec des niveaux de production effectifs bien moindres qu’annoncés.

Plus encore que sur le marché du brut, les tensions liées au possible embargo européen se ressentent sur celui des produits raffinés, en particulier le diesel, dont la Russie était jusqu’ici un exportateur majeur.

La crainte d’une pénurie a fait bondir jeudi son prix à 5,13 dollars le gallon (3,78 litres) aux États-Unis, un record historique, en hausse de 83 % depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.

Utilisé par les trains, les camions ou les bateaux, le diesel « est le carburant qui met l’économie (américaine) en mouvement », a prévenu Patrick de Haan, du site GasBuddy.