(New York) Les cours du pétrole ont reculé mardi, entraînés par un courant général d’aversion pour le risque lié à la banque centrale américaine (Réserve fédérale, Fed), qui a plus que compensé la perspective de nouvelles sanctions contre la Russie.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s’est effrité de 0,82 %, pour finir à 106,64 dollars.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en mai, a lui lâché 1,27 %, à 101,96 dollars.

« Le marché est assez inquiet d’une baisse des liquidités » disponibles dans l’économie, a expliqué Bart Melek, de TD Securities, une crispation consécutive aux déclarations, mardi, de Lael Brainard, gouverneure de la Fed.

Considérée comme faisant partie, au sein de la Fed, des tenants d’une ligne plus accommodante, elle n’en a pas moins présenté comme possible le début de la réduction du bilan de la Réserve fédérale dès la prochaine réunion du comité de politique monétaire, les 3 et 4 mai.

Avec les hausses de taux, entamées le mois dernier, la réduction du bilan est l’autre outil majeur de resserrement monétaire à la disposition de la Fed.

À la crainte de voir l’économie ralentir, voire se contracter du fait de ce virage de plus en plus serré de la Fed, s’est ajoutée, selon Bart Melek, la perspective de voir les États-Unis puiser massivement dans leurs réserves de brut et l’extension des confinements anti-COVID-19 en Chine.

Ces facteurs ont davantage pesé que la proposition, mardi, de la Commission européenne d’arrêter les achats de charbon russe, qui représentent 45 % des importations de l’Union européenne. Le sujet doit être discuté mercredi par les représentants des 27 pays membres de l’UE, avant une réunion lundi prochain des ministres européens des Affaires étrangères. Les sanctions requièrent l’unanimité.

Mardi, la principale référence des cours du charbon en Europe, l’API2 de Rotterdam (Pays-Bas) pour échéance en mai, a bondi de 16,7 %, à 300 dollars la tonne. Il reste cependant loin du niveau atteint début mars, à plus de 440 dollars.

« À la marge, ça fait une différence » pour le pétrole et les prix de l’or noir, a estimé Bart Melek, car « il faudrait trouver des substituts » au charbon russe, « ce qui serait positif pour les prix » du pétrole.

Mais, selon lui, cette hypothèse a été largement ignorée par le marché du brut mardi. « Aujourd’hui, nous ne sommes pas sur une problématique d’offre, mais plus sur un mouvement d’aversion au risque », nourrie par une crainte d’une baisse de la demande, a-t-il expliqué.

Pour Craig Erlam, analyste d’Oanda, « la tendance ces derniers temps » pour le pétrole « est à la consolidation », à des niveaux très élevés.