(New York) Les cours du pétrole ont rebondi lundi, dans un marché rendu encore plus nerveux par la perspective de nouvelles sanctions européennes contre la Russie, qui pourraient affecter les exportations russes.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a gagné 3,00 %, pour clôturer à 107,53 dollars.

Celui du baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en mai, a lui progressé de 4,03 % à 103,28 dollars.

Les membres de l’Union européenne discutaient lundi en « urgence » de nouvelles sanctions contre Moscou, après la découverte de centaines de corps dans des zones récemment reprises par l’armée ukrainienne, notamment à Boutcha.

Dimanche, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, avait évoqué la possibilité d’un embargo sur le gaz russe, semblant rompre avec l’opposition ferme de l’Allemagne jusqu’ici.

Le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a cependant prévenu lundi que son pays ne pouvait se passer des importations russes « à court terme ».

Lundi toujours, le président français Emmanuel Macron a lui mentionné des mesures concernant « le charbon et le pétrole ».

« C’est ça qui tire le marché aujourd’hui », a affirmé Michael Lynch, président du cabinet Strategic Energy & Economic Research (SEER). « Ces réactions aux atrocités et le potentiel de sanctions encore plus dures et/ou les clients européens refusant de plus en plus le pétrole russe, ce qui tendrait encore davantage le marché ».

Les importations russes en Europe représentent environ 4,5 millions de barils par jour, dont 3,1 de brut et le reste de produits raffinés.

Ces tensions ont plus que compensé une série d’éléments qui auraient pu peser sensiblement sur les cours.

La Chine a enregistré dimanche le plus grand nombre de cas de COVID-19 depuis le pic de la première vague, début 2020, et plusieurs millions de personnes restaient confinées lundi, notamment la quasi-totalité de Shanghai.

À cela s’est ajouté l’accord sur une trêve de deux mois dans le conflit au Yémen, qui menaçait de déborder sur l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, deux grands producteurs de pétrole récemment visés par des attaques des rebelles houthis.

Dernier facteur susceptible de soulager les cours, l’annonce des États-Unis jeudi, suivie de celle des autres pays membres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), d’une utilisation exceptionnelle et massive de leurs réserves stratégiques.

« Il y a le sentiment que cette décision sera loin de suffire pour compenser la baisse des exportations russes », a estimé, dans une note, Susannah Streeter.