(New York) Le risque d’un arrêt des livraisons de gaz russe aux pays occidentaux inquiète les marchés boursiers, notamment en Europe où l’activité économique est largement dépendante de cette source d’énergie.  

La place de Paris a terminé en repli de 1,21 % à 6659,87 points, Francfort de 1,31 %, Londres de 0,83 % et Milan de 1,10 %.

Sur le trimestre, elles enregistrent leur plus fort recul, Londres exceptée, depuis l’arrivée de la COVID-19 début 2020, l’indice européen de référence l’Eurostoxx 50 ayant perdu 9,21 % depuis le 1er janvier. Londres a réussi à progresser de 1,78 % sur la même période.

À New York, le Dow Jones a cédé 1,56 %, l’indice NASDAQ, très influencé par les valeurs technologiques, a abandonné 1,54 %, et l’indice élargi S&P 500, 1,57 %.

« Le marché se focalise sur l’approvisionnement en gaz » qui, s’il est coupé, pourrait menacer l’activité économique et avoir un « aspect récessif en Europe », explique Alexandre Hezez, stratégiste de Banque Richelieu.  

Le gaz naturel européen a pris 2 % après la menace du président russe Vladimir Poutine de l’arrêt de livraison de gaz aux clients occidentaux qui refuseraient de payer en roubles.  

Les pays européens continueront de payer le gaz russe en euros et dollars comme cela est « écrit dans les contrats », lui a répondu jeudi le chancelier allemand Olaf Scholz. La France et l’Allemagne se préparent toutefois à un arrêt des livraisons de gaz russe, selon le ministre français de l’Économie.

Les prix du pétrole reculaient pour leur part, réagissant à la décision des États-Unis de puiser un million de barils par jour dans les réserves stratégiques d’or noir, et ce, pendant six mois.

« Cette mesure des États-Unis ne rassure pas le marché, car c’est une solution temporaire, une espèce de sparadrap, qui ne règle pas le problème de long terme et ne remplace pas les exportations russes », analyse Alexandre Hezez.

Wall Street était nettement moins préoccupée des livraisons de gaz russe que les places européennes, la baisse de jeudi étant attribuable, selon Karl Haeling de LBBW, à des rééquilibrages de portefeuilles, principalement des actions vers les obligations.

Légère hausse de l’offre de pétrole

En plus de l’annonce des États-Unis de puiser dans leurs réserves, les pays producteurs de pétrole de l’OPEP+ ont décidé d’ouvrir modestement leurs vannes d’or noir. La nouvelle a cependant permis de limiter un peu la chute des prix du pétrole.  

Le baril de WTI pour livraison en mai perdait ainsi 3,62 % à 103,96 dollars, après avoir cédé plus de 6 %. Le Brent de la mer du Nord à même échéance se repliait de 4,59 % à 108,24 dollars vers 15 h 55 GMT.  

Le mouvement a entraîné la plupart des compagnies comme TotalEnergies (-1,99 %), BP (-1,93 %), Eni (-0,69 %), Repsol (-0,82 %) ou encore ExxonMobil (-1,42 %), Chevron (-1,60 %) ou ConocoPhillips (-1,09 %).

Les énergies alternatives plébiscitées

Alors que les États souhaitent réduire leur dépendance au pétrole et au gaz russe, les investisseurs se sont tournés jeudi vers les valeurs liées aux énergies alternatives comme l’allemand RWE (+2,28 %), les français Neoen (+3,04 %) et Voltalia (+0,33 %), l’espagnol Endesa (+2,36 %), le portugais EDP (+1,25 %) ou l’américain AES (+1,10 %).

H & M bradé 

Le géant suédois du prêt-à-porter Hennes & Mauritz (H&M) a annoncé des résultats nettement inférieurs aux attentes pour son premier trimestre décalé. Il a perdu 12,91 % et a entraîné d’autres noms du secteur comme Inditex (-5 %), maison mère de Zara à Madrid, Next (-3,86 %) et Associated British Foods, maison mère de Primark (-3,96 %) à Londres.  

Du côté des devises

L’euro cédait 0,84 % à 1,1065 euro pour un dollar.  

Le bitcoin perdait 2,92 % à 45 797 dollars.