(New York) Les prix du pétrole se sont repliés jeudi alors qu’une série de sommets internationaux n’a pas débouché pour le moment sur des sanctions européennes contre les hydrocarbures russes tandis que des mesures sont envisagées pour augmenter l’offre de pétrole.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a cédé 2,11 % à 119,03 dollars et le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois a perdu 2,26 % à 112,34 dollars.

Plus tôt, le Brent avait dépassé les 123 dollars le baril et le WTI américain touchait les 116 dollars.

La série de grands rendez-vous internationaux – un sommet de l’OTAN, un Sommet du G7 et le sommet de l’Union européenne – où les différents chefs d’État et de gouvernement ont décidé jeudi de nouvelles salves de sanctions contre Moscou n’a pas alarmé les marchés de l’or noir.

Washington a visé le monde politique russe, des oligarques et l’industrie de défense, en réponse à l’invasion de l’Ukraine, avec notamment un gel des avoirs aux États-Unis qui concerne 328 députés de la Douma et l’institution elle-même ainsi que 48 « grandes entreprises publiques » du secteur de la défense.

Les dirigeants des pays du G7 et de l’Union européenne veulent également continuer à empêcher la banque centrale russe d’utiliser les réserves internationales, y compris en or, afin de bloquer le financement de la guerre.

Mais les sanctions ne comprennent pour le moment « pas d’embargo pétrolier de la part de l’UE, car un certain nombre de pays fortement dépendants du pétrole russe, comme l’Allemagne, s’y sont opposés », explique Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank.

Les importations russes assurent à l’Europe 40 % de ses besoins en gaz naturel et 30 % pour le pétrole.

Par ailleurs, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui regroupe une trentaine de pays pour la plupart importateurs de pétrole, envisage, selon son directeur Fatih Birol, de libérer une nouvelle tranche de ses réserves d’urgence afin d’être moins dépendante du pétrole russe.

Cette perspective a fait baisser les cours : « le marché anticipait qu’il y aurait un second tirage sur ces réserves », a indiqué Andrew Lebow de Commodity Research Groupe. « Ils n’ont pas encore cité de volume, on ne sait pas si ce sera à nouveau 60 millions de barils, mais ce qui sera clé pour l’Europe qui a notamment besoin de diesel », a indiqué l’analyste.

Les membres de l’AIE avaient déjà relâché début mars quelque 60 millions de barils, soit 4 % de ces stocks.

Autre nouvelle de nature à tempérer la hausse des cours, Le Canada, quatrième producteur mondial de pétrole, a annoncé jeudi une augmentation d’environ 5 % de ses exportations de pétrole pour répondre « aux demandes d’aide » de ses « alliés, aux prises avec des pénuries » en raison du conflit en Ukraine.

Enfin, en parallèle, « des nouvelles contradictoires sur la perspective d’un accord sur le nucléaire iranien ont perturbé les marchés », a indiqué Michael Hewson, analyste pour CMC Markets.

Les États-Unis avaient affirmé lundi être « prêts à prendre des décisions difficiles » pour sauver l’accord visant à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.

Mais cet optimisme semble s’être dissipé : Washington évoque à nouveau ouvertement la possibilité d’un échec des négociations, menaçant l’Iran de recourir à un plan B aux contours encore vagues.

« Un accord de ce genre n’est ni imminent ni certain », a toutefois estimé mardi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.

Une issue positive des négociations entraînerait la levée des sanctions contre l’Iran et permettrait son retour à pleine capacité d’exportation sur le marché du pétrole.