(New York) Les marchés boursiers européens ont choisi la prudence jeudi, alors que les négociations en vue d’arrêter l’invasion de l’Ukraine par la Russie avancent peu, mais Wall Street a tiré son épingle du jeu, confiante dans la santé de l’économie américaine.

L’Europe a clôturé en ordre dispersé : après les forts gains de la veille, Londres a pris 1,28 %, aidée par ses pétrolières, et Paris 0,36 %. Mais la baisse des valeurs bancaires et automobiles a plombé Francfort (-0,36 %) et Milan (-0,66 %).

À New York, le Dow Jones a avancé de 1,23 %, l’indice NASDAQ, à majorité technologique, a pris 1,33 %, et l’indice élargi S&P 500 a gagné 1,23 %.

Alors que mercredi les marchés espéraient un compromis prochain entre les négociateurs russes et ukrainiens, « le ton monte entre les États-Unis et la Russie » ce jeudi, a commenté Andreas Lipkow, analyste pour Comdirect. Ce qui rend « les acteurs du marché […] très tendus et nerveux ».

Le président américain Joe Biden a accusé mercredi son homologue russe Vladimir Poutine d’être « un criminel de guerre », des propos jugés « inacceptables et impardonnables » par le Kremlin.

En outre, le porte-parole du Kremlin a affirmé que la délégation russe « faisait de grands efforts », et a accusé les Ukrainiens de « ne pas montrer le même zèle ».

« Un cessez-le-feu nécessiterait un rétropédalage conséquent d’une partie ou de l’autre » et, étant donné les positions de chacun et les attaques de l’armée russe, « une désescalade imminente ne semble pas probable pour l’instant », a estimé Michael Hewson, analyste chez CMC Martkets.

La situation a provoqué une brutale remontée des prix du pétrole brut et fait craindre un contexte de stagflation (un ralentissement de la croissance économique couplé à une inflation élevée).

Au lendemain de l’annonce d’une hausse de taux par la Banque centrale américaine (Fed), Wall Street est parvenu à conserver son élan.

« La Fed s’est probablement montrée un peu plus agressive qu’attendu, mais pas suffisamment pour faire dévier les marchés de leur trajectoire », a expliqué Ross Mayfield, analyste chez Baird.

« L’économie américaine est très solide », a-t-il martelé. Même en tenant compte de l’incertitude sur l’Ukraine et de la flambée des prix des matières premières, « avec six ou sept hausses, vous êtes encore relativement accommodant » sur le plan monétaire, selon lui.

Remontée du pétrole au-dessus des 100 dollars

Les deux références du pétrole ont bondi de plus de 8 % jeudi, pour remonter largement au-dessus des 100 dollars le baril, poussées par la guerre en Ukraine, le Kremlin ayant refusé de suspendre son offensive et l’AIE craignant un choc sur l’offre pétrolière.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a terminé sur une hausse de 8,79 % à 106,64 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en avril a gagné 8,35 % à 102,98 dollars.

Sur les marchés actions, les pétrolières Shell (+3,25 %) et BP (+2,05 %) à Londres, Eni (+2,66 %) à Milan, ou ExxonMobil (+2,66 %) à New York profitaient de la tendance.

L’exposition à la Russie fragilise

Le conglomérat allemand Thyssenkrupp a chuté de 9,34 % après avoir prévenu que les conséquences de la guerre en Ukraine ont rendu « impossible une déclaration sur la faisabilité » de son projet de rendre sa division acier indépendante.

Les valeurs les plus exposées à la Russie souffraient.  

En France, Renault (-5,25 %) a fini en queue de peloton, pénalisé comme d’autres valeurs automobiles par les craintes de perturbations des chaînes de production. BMW a perdu 2,21 % à Francfort.

Les banques européennes ont également reculé : Commerzbank a cédé 1,90 %, Unicredit 4,48 % et Raiffeisen 4,24 %.

Du côté des devises

Sur le marché des devises, l’euro montait de 0,53 % face au billet vert, à 1,1094 dollar, tandis que la livre était stable à 1,3147 dollar après une baisse à la suite de la décision de la Banque d’Angleterre (BoE) de relever son taux d’intérêt à 0,75 %.

Le bitcoin perdait 1,29 % à 40 719 dollars.